« Dans le cadre d’une sortie pédagogique, inscrite dans le cycle « Ma République et moi » suivi par plusieurs écoles élémentaires de Belfort, une classe a décidé d’assister au Conseil régional qui s’est tenu le vendredi 11 octobre à Dijon, afin de sensibiliser les jeunes élèves au débat républicain.
Parmi les accompagnateurs scolaires se trouvait une femme qui porte un foulard (Madame E.). Le président du groupe RN a pris la parole et a demandé à la présidente de demander à l’accompagnatrice « de bien vouloir retirer son voile ». Applaudi par certains, hué par d’autres, M. Odoul a violemment ciblé cette femme, brandissant un article sur le trouble à l’ordre public, et provoquant les pleurs de l’enfant de cette femme.
Toute personne qui connait un tant soit peu la loi devrait savoir qu’en tant qu’usager du service public, Mme E. n’est pas soumise à l’exigence de neutralité ; de même, son statut de maman accompagnatrice, même s’il a fait l’objet de vifs débats ces derniers mois, lui permet de porter un signe religieux (conformément au "Vademecum de la laïcité", édité par le Ministère de l’Éducation).
Odoul prétend inscrire sa provocation dans un acte de courage républicain tout en instrumentalisant de façon indigne la tuerie de la Préfecture de police de Paris pour justifier son attitude discriminatoire.
Or, en plus de méconnaître les règles de la laïcité, M. Odoul a gravement outrepassé sa posture d’élu : il s’est permis l’humiliation, en public, au sein d’une institution de la République, d’une femme devant son enfant.
Malheureusement la position très floue de notre ministre de l’Éducation sur les mamans accompagnatrices porteuses d’un foulard entretient l’ambiguité. Si l’on y ajoute à cela l’appartenance religieuse de nos concitoyen-ne-s musulman-es trop souvent associée au terrorisme que l’immense majorité d’entre eux condamne et dont il peuvent être victimes comme chacun d’entre nous, par certains médias ou partis, on obtient ce type de dérive qui a tout d’une logique de ségrégation.
Ce type d’acte n’est donc pas nouveau, et il existe malheureusement au quotidien, loin des caméras, loin des micros. Les associations qui luttent contre les discriminations connaissent cette difficulté à prouver les actes de discrimination. Aujourd’hui, la scène est emblématique, la photo qui circule énormément sur les réseaux sociaux dit quelque chose de notre République. Et s’il y a une leçon à tirer de cette sortie pédagogique, c’est la nécessité de beaucoup d’engagement et de travail pour que la laïcité soit comprise comme un espace d’épanouissement pour toutes et tous, et non un espace d’exclusion qui, pour le coup, trouble manifestement l’ordre public.
Mme E. et son fils ont aujourd’hui besoin d’un accompagnement et d’une attention particulière portée à leur foi en la justice de notre pays. Nous ferons ce travail ensemble. »
Communiqué de MRAP / SOS Racisme/ Ligue des Droits de l’Homme/ Collectif contre l’islamophobie en France/ Amnesty International Dijon/Union Juive Française pour la Paix/ Mouvement de la Paix
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