Jardins de l’Engrenage : destruction de la dernière maison des résistants !


Jardins de l’Engrenage

Ce mardi 22 février, la dernière maison encore debout des Jardins de l’Engrenage a été détruite. Un communiqué en hommage à Éliane, figure de la lutte de l’Engrenage qui vivait dans cette maison depuis 34 ans et qui nous a quitté en décembre dernier.

Communiqué des Jardins de l’Engrenage, 22 février 2022

Du 17 juin 2020 au 20 juillet 2021, les Jardins de l’Engrenage ont résisté à la destruction du dernier espace naturel de l’avenue de Langres à Dijon, en opposition à la construction d’un programme de 310 logements, dans un quartier déjà densément peuplé.

Durant 13 mois, c’est tout un quartier et ses habitants qui ont vécu au rythme des saisons de culture maraîchère, des fêtes et des animations organisées par les jardiniers occupant le terrain.

Cette aventure n’aurait jamais pu avoir lieu sans la résistance déterminée pendant les années précédentes de deux retraités, Eliane et son mari Pierre, qui avaient acheté à la fin des années 80 une maison au numéro 43 de l’avenue de Langres. Eliane et Pierre - décédé en 2019 - ont toujours refusé de vendre leur maison située sur l’emprise du site de projet que Dijon Métropole avait réservé au promoteur Ghitti immobilier.

Dès juin 2020, Eliane se lia d’amitié avec les occupants de la maison des Jardins de l’Engrenage, leur rendant visite tous les jours. Eux prenaient soin d’elle en s’assurant qu’elle s’alimentait suffisamment. Ils faisaient attention à son fragile équilibre lorsqu’elle traversait le terrain pour rentrer chez elle.

D’un caractère affirmé, Eliane disait et répétait à qui voulait l’entendre “Moi, je suis comme Mac Mahon : j’y suis, j’y reste”. A 85 ans, se languissant de son défunt époux, Eliane reprit goût à la vie à travers ces nombreux moments partagés dans une véritable spontanéité intergénérationnelle.

En avril 2021, elle fut aux premières loges et subit les assauts des forces de polices et de leurs quelque 2 000 palets de gaz lacrymogène envoyés sans cesse durant 3 jours et demi dans une tentative d’évacuation du terrain. Par ses attentions simples, telles un paquet de biscuits apporté aux résistants, Eliane a assuré un soutien moral indéniable aux jeunes gens.

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Juin 2021 - Eliane sur la barricade - photo Bruno Dancin - Jardins de l’Engrenage

En juillet 2021, Eliane subit pendant 3 semaines l’insupportable balai des camions de terre qui enlevaient toute vie au terrain jouxtant sa maison et son jardin, pour le transformer en un gouffre d’une platitude désertique. L’impact sur son moral fut brutal.

En août, Eliane chuta, fut hospitalisée, puis dû se résoudre à quitter sa maison pour rejoindre un établissement pour personnes âgées dépendantes. Elle est décédée le 8 décembre 2021.

Devenu propriétaire de la maison et du terrain en fin de semaine dernière, Ghitti est parvenu à ses fins en ce 22 février après-midi : en détruisant la maison, il s’assure la possibilité de bétonner tout le terrain, balayant par ses machines 34 années de souvenirs, comme un fétu de paille.

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La petite maison rose au milieu du chantier - 18 février 2022
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Un amas de gravats - 22 février 2022

Le quartier de l’avenue de Langres se souviendra pendant longtemps de cette vieille dame, qui vivait parmi les “jardiniers squatteurs”, dont les obsèques ont été célébrés un 13/12 - “ACAB”, comme un ultime pied de nez au pouvoir en place.

En hommage à Eliane et à son mari, nous invitons les Dijonnaises et les Dijonnais à venir déposer symboliquement une fleur devant la ruine de la maison.

Rebsamen et Ghitti peuvent détruire les maisons, enlever la terre, ils ne pourront pas effacer les souvenirs vécus aux Jardins de l’Engrenage !

Les Jardins de l’Engrenage



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