Coup de force lancé par la RATP, la grève illimitée déclenchée le 5 décembre a pris la dimension d’un affrontement durable et généralisé contre la politique néolibérale à l’oeuvre en France depuis une trentaine d’années. Poussées par la base, les centrales syndicales ont rattrapé le mouvement comme elles pouvaient, au rythme d’une journée de mobilisation par semaine. Mais ce qui couve en-deça est d’un autre ordre. Chaque jour s’enchaînent rassemblements et manifestations, blocages en tous genres, des dépôts pétroliers aux lycées ; occupations de maisons du peuple, d’universités ; sabotages, coupures d’électricité, perturbations de réunions politiques ou d’événements où sont présents des membres du gouvernement,... Et à la fin du mois les payes ne sont pas bien grasses.
Pour une grande part du mouvement, il s’agit de mettre un grand coup d’arrêt à la destruction néolibérale ainsi qu’à l’autoritarisme qui l’accompagne inévitablement. La situation politique actuelle incarne mieux que jamais ce couple vicieux. La clique à Macron impose son programme contre l’avis général en agitant l’épouvantail du Rassemblement National comme seule alternative, alors qu’elle emploie déjà ses idées et ses méthodes. La répression policière et judiciaire et ses méthodes brutales et arbitraires est devenue systématique pour briser toute contestation : arrêter les délégués syndicaux, éclater tout ce qui se trouve sur sa route, encadrer le moindre rassemblement, empêcher toute tentative de blocage,... Le RN, lui, répand la confusion en s’érigeant comme l’opposant légitime au néolibéralisme qui s’impose.
De l’autre côté de la rue, la contestation s’enracine. 85% des lycées dans lesquels les Épreuves Communes de Contrôle Continu pour le bac devaient être passées ont été perturbés. Refus de participation des professeurs, grève du zèle, blocage, absence,... Il a fallu que ces chiens de flics interviennent brutalement pour que bon nombre d’épreuves puissent avoir lieu.
Ce matin, blocage du lycée Bourdonnieres à Nantes, les lycéens-nes bloquent aussi la circulation et le busway. Voir la vidéo.
Les forces de l’ordre éteignent un début de feu devant le lycée, quelques projectiles sont lancés. Voir la vidéo.
Du côté de l’énergie, les actions intermittentes des agents d’EDF s’intensifient et ils savent faire preuve de solidarité avec les autres composantes de la lutte.
60% des salariés des centrales nucléaires font grève. Le mouvement s’étend sur les 19 sites français. Des coupures de production ont lieu depuis fin janvier. Des barrages sont mis en place à Chooz, Cruas, Saint-Laurent-des-Eaux ou encore Saint-Alban. À Gravelines c’est une quasi ZAD qui s’est établie à l’entrée de la centrale, seul 10% du personnel travaille sur le site. Les flics, après avoir arrêté le délégué CGT de la centrale de Gardanne ont tenté de perquisitionner les locaux syndicaux mais ont échoué, repoussés par la détermination des grévistes et des personnes venues en soutien.
Les agents EDF considèrent prendre le relais des cheminots. EDF est obligé d’importer de l’électricté pour compenser les défauts de production. Cela coûte chaque jour entre 1 et 5 millions d’euros à l’État. Les électriciens seront-ils déters au point de bloquer les centrales nucléaires ?
Depuis le 23 janvier, les salariés des trois centres de déchets ménagers de la région parisienne sont en grève. Les ordures s’amoncellent sur les trottoirs parisiens.
Lundi 3 février, c’est 15.000 avocats qui manifestent à Paris. Vendredi dernier, le Conseil National des Barreaux rejette les propositions du gouvernement et vote à l’unanimité la poursuite du mouvement selon les modalités décidées par les barreaux. Depuis le 6 janvier s’enchaînent des renvois d’audience, grèves du zèle, demandes de mise en liberté,...
Jeudi dernier, c’est au moins 130.000 personnes qui manifestent à Paris. Le ministère de l’Intérieur annonce 121.000 manifestants dans toute la France.
Lundi, c’est l’Humanité qui publie une tribune de 140 personnalités qui demandent au gouvernement de soumettre sa réforme à un référendum.
Du côté des universités on se réveille doucement, de plus en plus de labos, umr et ufr votent des motions contre les réformes de l’enseignement et des retraites. Les étudiants prennent des amphis pour enraciner la lutte comme à Caen :
Ailleurs un amphi ne suffit pas et c’est toute la fac qui est occupée, comme à Paris VIII :
Ou Tolbiac :
Le 13 février les flics tentent d’empêcher un départ de manif de Tolbiac mais les étudiants de Paris 7 arrivent en soutien et cassent la nasse.
C’est tout un panel d’actions qui se déploient quotidiennement. Tout le monde peut y trouver un moyen de s’y raccrocher. Le 10 février acte l’entrée fracassante dans le mouvement de Youth for Climate avec l’occupation des bureaux de BlackRock. À Toulouse on occupe les Galleries Lafayette pour égayer les manifs.
Occupation massive des Galeries Lafayette de Toulouse où les manifestants ont décidé de tenir une AG dans le magasin. Voir la vidéo.
Plus classique, les traditionnels blocages pétroliers comme à la raffinerie de Feyzin.
Dans les actions possibles, ne pas oublier qu’on doit s’en prendre à la direction, ce que n’ont pas manqué de faire les ouvriers de la centrale thermique de Gardanne :
Et puis, parce qu’ils sont toujours entre nous et ceux qui nous imposent leur monde de merde, ça fait toujours plaisir de mettre la nique aux fils de chiens de flics :
Interpellation d’une personne qui venait de casser un abribus. Des manifestants viennent aider la personne, s’en suit une violente altercation. Voir la vidéo.
Pour ceux qui ne se seraient encore pas retrouvés dans un des modes d’actions proposées plus haut, peut-être est-ce cette super-mémé qui va vous éclairer.
Quelle que soit l’issue de la confrontation, le soulèvement a toujours-déjà disloqué le tissu bien serré des croyances qui permettent au gouvernement de s’exercer.
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