Macron renversé à Chalon : l’opération Trombines


Saône-et-Loire

Récit de la journée de mobilisation du 6 février 2020 à Chalon, contre la retraite par points, Macron, et son monde.

Les flash crépitèrent en ce jeudi 6 février à Chalon, à l’occasion de cette nouvelle journée de lutte contre la réforme des retraites, qui se trouvait être également le 200e anniversaire de la chambre noire de Nicéphore Niepce.

Quelques heures auparavant, la cellule de crise s’était réunie dans le QG de la sous-préfecture. Le responsable des renseignements territoriaux, celui de la brigade anticriminalité, le commissaire, le conseiller spécial à la sécurité et à la tranquillité publique... Ils étaient au complet et attendaient autour d’une table sur laquelle était disposé un plan de Chalon constellé de pastilles de couleur correspondant aux points névralgiques de la ville. La tension était palpable dans la pièce, chacun redoutant l’humeur du sous-préfet après l’échec cuisant de l’opération Clémentine.

Non-loin de là au même moment, le gang de la Clémentine s’affairait justement à faire de la pédagogie auprès du journal local, à la suite d’un article quelque peu tendancieux sur cette soirée mémorable. Une discussion intéressante s’était établie avec les journalistes sortis fumer une clope, qui permettait à chacun de partager ses points de vue sur le traitement de l’information. Cependant nous apprendrons par la suite que cet échange n’aura rien apporté à l’un des grands reporters du journal qui était resté à l’écart et n’avait pas pris part à la conversation. Celui-ci, par ailleurs probablement daltonien, en fit en effet un compte-rendu aussi succinct que fallacieux dans une émission de radio de grande écoute, ce qui lui vaudra probablement le prix Albert Londres. Du très grand journalisme.

Mais retournons à la sous-préfecture. Le responsable des renseignements était entrain de raconter une petite blague pour détendre l’atmosphère quand le sous-préfet fit son entrée.
"- Dîtes-moi, quand est-ce que le conflit social contre la retraite par point a commencé, au juste ? entama-t-il.
- On a fêté les 2 mois du mouvement hier, Monsieur le Sous-Préfet, répondit son conseiller.
- Fêté ? Vous vous foutez de ma gueule ?
Le conseiller baissa la tête, penaud, tandis que le commissaire ne put réprimer un rictus de satisfaction hargneuse.
- Et au bout de 2 mois de mouvement social, vous n’avez toujours pas été foutus de me faire un trombinoscope des meneurs du gang de la Clémentine ?! Comment vous m’expliquez-ça ?
Le commissaire, le chef de la BAC, et le conseiller se défaussèrent du regard sur le responsable des renseignements, qui, se sentant acculé, tenta de bredouiller :
- Monsieur le Sous-Préfet, nous manquons de pers...
- cette fois ça suffit,
coupa le sous-préfet en frappant du poing sur la table. Aujourd’hui ne revenez pas bredouilles, détronchez moi tout ça, sinon je vous fais remettre à la circulation vers le toboggan.
- mais le toboggan n’...
- Je sais qu’il n’existe plus, triple andouille ! Rompez."

Voilà comment fût déclenchée l’Opération Trombine.

Les diverses actions agrémentant la manifestation furent ainsi suivies de très près par les photographes de la police, qui réussirent - entre autres - à flasher en flagrant délit un dangereux radicalisé armé d’un marqueur alors qu’il venait d’écrire « la soupe aux sous » sur le portrait du député local dont la ressemblance avec Jacques Villeret n’avait échappé à personne.

Le gang de la Clémentine ne fût pas en reste pour cet journée hommage à l’invention de Nicéphore Niepce, puisque des photographies géantes des experts en casse sociale furent accrochées sur les grilles de la sous-préfecture. Belloubet, Buzin, Castaner, Berger, Blanquer, Philippe... tous flanqués de la mention « coupable » pour une exposition en plein air qui vaudra certainement un prix artistique à Monsieur le sous-préfet.

Évidemment comme dans tout mouvement social il y eût quelques débordements. Les renseignements territoriaux, omniprésents dans le cortège et régulièrement bien informés par certains manifestants depuis le début du mouvement, ne virent rien venir : le portrait officiel du Président de la République fût ainsi mis à l’envers par un camarade, qui en outre tenait son pouce tendu vers le bas.
Voyant Macron la tête en bas, le futur prix Albert Londres s’approcha de nous et dit, l’air visiblement outragé :
"- est-ce que ça ne va pas trop loin ? Est-ce que vous regrettez ces violences ?
Ce à quoi, fatigué.e.s, nous nous contentâmes de plagier la célèbre réplique de Xavier Mathieu.
- vous plaisantez j’espère ? on regrette rien !"

L’Histoire retiendra donc que Macron a été renversé le 6 février 2020 à Chalon, au cours de l’Opération Trombine.

JPEG - 4 Mo

P.-S.

La veille de l’opération clémentine, le 29 janvier, je n’ai pas fait de compte-rendu, mais il y a celui-ci, super : https://musique-journal.fr/2020/02/07/les-playlists-de-manifs-enfin-mises-a-jour/.


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