Nicaragua, les victimes de la répression sanglante appellent le monde à leur secours



Depuis le 18 avril, le gouvernement du Nicaragua mène une opération de répression brutale contre le mouvement qui exige le départ de son président. La résistance s’organise derrière les barricades autour des universités, de certains quartiers ou même de villes entières comme à Masaya.

Ils pleurent leurs jeunes, ceux qu’ils nomment affectueusement leurs chavalos. La grande majorité des disparus sont des hommes et des jeunes de moins de 30 ans. En effet, c’est dans différents campus universitaires qu’a éclaté le conflit : ceux de l’Universidad Politecnica de Nicaragua, de l’Universidad Nacional de Ingenieria (UNI) et de l’Universidad Centroamericana.

« "Nous avons cessé d’avoir peur", c’est ce qu’affirmaient les jeunes en dehors de l’université » : c’est ainsi que commence le témoignage d’Ivan Matus, un jeune homme qui a assisté à la première attaque armée, survenue à l’intérieur de l’enceinte de l’Universidad Politécnica de Nicaragua.

« Ce qui a mis le feu aux poudres c’est que la première mort est survenue à l’intérieur même de l’Université polytechnique du Nicaragua, ce qui n’a pas manqué de soulever l’indignation dans le pays et a contribué à ce que nous, et beaucoup d’autres encore, arrivions spontanément sur les lieux en masse. La manière dont cette personne a été assassinée était brutale. Ils l’ont poursuivi et lui ont tiré dessus à un mètre de distance. Les images étaient révoltantes. J’étais en rage. Cela faisait 11 ans que nous nous tenions à carreau face à un régime autoritaire qui pouvait à tout moment se convertir en dictature ; les gens étaient apathiques et craintifs, parce qu’on croyait qu’il y avait, dans une certaine mesure, de la stabilité économique, on croyait qu’il y avait de l’emploi, des prestations, la vieille rengaine : "Au moins on est mieux qu’avant". Mais en réalité, les gens étaient mécontents et lorsqu’on a appris la nouvelle des premiers morts, âgés de seulement 20, 18 et même 15 ans, qu’ils étaient en train de tuer des jeunes, sans scrupules ni remords, je pense que c’est ce qui a été le détonateur social le plus important », relate Ivan Matus.

Selon lui, c’est à la suite d’une répression brutale des autorités et de groupes des jeunesses sandinistes (proches du gouvernement) que les étudiants ont occupé le bâtiment de l’Université polytechnique, pour s’y retrancher. Ils n’étaient qu’une vingtaine d’étudiants au début mais leur nombre n’a pas tardé à dépasser les 300. Alors que la stratégie antiémeute s’était initialement limitée à des tirs de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogène, ceux-ci ont vite été suivis de tirs à balles réelles. Ces attaques visaient à tuer. Les jeunes étudiants, eux, étaient dépourvus de stratégie ; ils se sont retranchés mais ne disposaient pas d’armes réelles, seulement de cocktails molotov et de pierres. Peu après, ils ont commencé à faire des collectes de vivres : des médicaments, de l’eau et des aliments, et aussi à organiser des unités médicales avec le soutien des étudiants de médecine, dès lors que les hôpitaux publics n’admettaient pas les blessés et que la Croix Rouge n’était pas opérationnelle, et ce pour des motifs que les étudiants attribuent à un ordre de l’État.
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