Récit de la journée d’action du 19 juillet contre les mégabassines



Ce 19 juillet, malgré un dispositif policier une nouvelle fois très agressif et l’interdiction de la manifestation, 600 cyclistes ont réussi à aller au pied des méga-bassines du géant de l’élevage industriel Pampr’oeuf pour les désarmer magiquement avec des lentilles d’eau. Pendant ce temps, 10 000 personnes ont marché en direction de Cérience, une filiale de la méga-coopérative Terrena, un des principaux promoteurs des méga-bassines dans le Poitou avant que la gendarmerie incendie volontairement des champs de blé.

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Depuis le début de la journee, les forces de l’ordre de la gendarmerie étaient très clair : empecher toute manifestation ou tout faire pour provoquer des debordements. Dès l’aube, par des blocages, des gazages et des contrôles systématiques, les forces de l’ordre ont cherché à empêcher les cortèges de partir du village, puis de converger. Mais la grande marche a bien eu lieu. Cet après-midi les gendarmes ont préféré tirer massivement des grandes lacrymogènes en plein champs blé secs... déclenchant ainsi un inévitable et dangereux incendie. Littéralement, c’est la politique de la terre brûlée qu’a choisie Gerald Darmanin ! Plutôt que de laisser passer des défenseur·euses de l’eau, manifestant dans la plaine agro-industrielle désertique.

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Résolument déterminé·es à ne pas laisser les gendarmes les blesser comme l’an dernier à Sainte-Soline, les manifestant·es ont usé de nombreux stratagèmes pour éviter l’escalade de l’affrontement, et tout de même atteindre leurs cibles. 10 000 personnes ont fini par se rassembler vers 14h au Pré sec sur la commune de Migné-Auxances, la où len août dernier le convoi de l’eau avait fait une etape. Après un pique-nique en fanfare et des prises de parole, la foule s’est élancée vers l’usine Cerience, la filiale semence de Terrena. Ce groupe agro industriel est en effet l’un des principaux promoteurs des méga-bassines du Poitou. C’est l’interlocuteur privilégé de la préfecture de la Vienne, au titre de représentant de l’usage agricole de l’eau.

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Nous souhaitions déposé un avis de dissolution de l’entreprise, en réponse au panneau de permis d’aménager posé récemment pour la Bassine de Saint-Sauvant. Le message est clair, dans la Vienne, en Deux-Sèvres et ailleurs, nous ne comptons laisser passer aucun chantier de méga-bassines sans encombre. Nous continuerons à cibler les grosses entreprises qui s’accaparent l’eau, spéculent sur les fruits de l’agriculture et sur le dos des paysan·nes. Face aux murs de feu déclenchés par les forces de l’ordre, il a alors été décidé de rebrousser chemin pour ne pas se mettre en danger et préserver les énergies résistantes. Une grande manifestation nous attend samedi 20 juillet, au terminal agroindustriel portuaire de La Pallice. Aujourd’hui, nous avons réussi à faire respecter notre liberté fondamentale de manifester, dans un contexte de répression massive. Cela nous donne de la force pour poursuivre la bataille pour l’eau à La Rochelle demain !

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En parallèle, un cortège vélo fort de 600 cyclistes est arrivé jusqu’au pied de deux méga-bassines dédiées au fermes-usines de volaille du groupe Pampr’oeuf. Ils ont planté 3 épouvantails pour repousser les menaces de nouvelles bassines. Pour désarmer la seconde bassine du groupe, les manifestant·e·s accompagné·e·s des Naturalistes des Terres ont utilisé des cerfs-volantts chargé d’un colis surprise. Ceux-ci ont volé au-dessus du cratère au nez et à la barbe des gendarmes gardant l’édifice pour y larguer des lentilles d’eau, une arme naturelle anti-bassine dans un moment de liesse. Ces lentilles se développent ensuite dans l’eau stagnante de la bassine et en bouchent les pompes et tuyaux, mettant ainsi l’ouvrage hors d’état d’accaparement ! En ayant atteint une bassine, les lentilles incarnent la possibilité d’une revanche des habitant·es des marais contre l’accaparement de l’eau.

Pampr’oeuf produit 850 millions d’œufs de batterie par an, c’est le plus gros industriel de France avec 15% du marché. Ce mastodonte a plusieurs fois défrayé la chronique ces dernières années à l’occasion d’une infiltration par drone de l’association L214 dans l’une de ses exploitations à Pamproux en décembre 2021, relevant d’actes de cruauté et de violence. Une plainte pour « mauvais traitements » et « actes de cruauté »a été déposée. Plus récemment, l’abattage de 285.000 poules pondeuses enfermées en bâtiment signait le macabre record français à la suite d’un cas de grippe aviaire de 2023.

lien vers l’enquête de L214

Les 2 méga-bassines que nous avons visé aujourd’hui appartiennent à la famille NERAULT, propriétaire de six entreprises de la fillière volaille et cumulant plus de 15 millions d’euros de chiffres d’affaires. La famille est actuellement en train de vendre Pampr’oeuf à la méga-coopérative Terrena. Cibler ce groupe, c’est donc s’attaquer à la grande bourgeoisie agricole qui s’accapare depuis trop longtemps l’eau dans ces méga-bassines privées. C’est aussi dévoiler que ces méga-bassines, en service depuis 16 ans, encouragent les pires modes de productions industriels, intensifs et nocifs, loin des promesses d’un soit disant changement de modèle agricole.

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Les manifestant·es vont se retrouver ce soir au village de l’eau où 8000 personnes étaient déjà présentes hier. Dès demain matin, nous serons toustes à la Rochelle pour la seconde grande journée de mobilisation, pour remonter la filière et bloquer le port de La Pallice. Rendez-vous à 10h Parc Charruyer. Ils y pointeront le lien entre l’aggrandissement du port de la Rochelle et la construction des méga-bassines, ainsi que le rôle des méga-coopératives dans l’asservissement des paysan.nes, la dégradation continue des terres et de l’eau et la main-mise spéculative sur les exportations agricoles.

Aujourd’hui encore, le mouvement anti-bassines se renforce en nombre et en ingeniosité, jusqu’au moratoire et la fin des méga-bassines.
No bassaran !



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