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Palestine ; quel plan pour le jour d’après ?



La guerre à Gaza. Et après ?

Nétanyahou est piégé entre deux perspectives :

- Perdre le soutien américain de Biden, après celui de L’UE qui a voté la résolution de Conseil de sécurité du 8 décembre pour un « Cessez le feu humanitaire immédiat ». Sauvé par le véto américain.

Le projet de résolution a recueilli 13 voix en faveur, une contre (États-Unis) et une abstention (Royaume-Uni). La résolution avait été préparée par les Émirats arabes unis.

  • ou affronter son extrême droite, c’est-à-dire risquer l’effondrement de sa coalition et se retrouver devant la justice...

Si le Hamas a perdu des combattants et des cadres, la direction conserve le contrôle de ses forces et elle est loin de montrer des dispositions à la capitulation, comme le réclame le premier ministre israélien, et il détient encore plusieurs dizaines d’otages, dont des soldats et des officiers israéliens.

L’immense réseau de tunnels n’est toujours que très partiellement reconnu et détruit, au prix d’un massacre épouvantable de la population palestinienne, dépassant les 18 000 morts et des centaines de milliers de blessés, dont une majorité de femmes et d’enfants.

A fur et à mesure de la progression des troupes israéliennes, la destruction des habitations et des structures de Gaza, y compris les hôpitaux, est quasi-totale. Les Palestiniens ne trouvent plus aucun refuge, de lieu sûr pour s’abriter, se soigner, se nourrir, se massant sur des plages désertes vers Rafah, le poste frontière avec l’Egypte. Une frontière qui reste fermée, ne laissant passer que quelques dizaines de camions humanitaires, la trêve ayant été interrompue au bout d’une semaine.

Deux scénarios pour l’après-guerre :

  • Le retour à Gaza d’une Autorité palestinienne renforcée, ce qui signifie aussi l’ouverture à terme d’une négociation sur la création d’un État palestinien réunissant Gaza et la Cisjordanie – solution proposée par Biden, rappelée à Dubaï, par la vice-présidente américaine Kamala Harris. La proposition des États-Unis prévoit le retour à Gaza de l’Autorité palestinienne, « renforcée et adossée à une force internationale, par exemple américano-arabe...

« Il est capital, affirme Blinken, le conseiller du Département d’État, que le retour de l’Autorité palestinienne soit légitimé par l’insertion de la bande de Gaza dans un futur État palestinien unifié avec la Cisjordanie et Jérusalem-Est ». C’est une perspective de la mise en œuvre de la solution à deux États. Encore faudrait-il évacuer les 750 000 colons qui occupent illégalement la Cisjordanie et Jérusalem-Est. Inimaginable pour Netanayahou et Israël, sans contrainte...

L’actuel premier ministre israélien a toujours refusé de négocier avec l’Autorité palestinienne ou l’OLP en affirmant qu’ils n’étaient pas des interlocuteurs crédibles, et a toujours refusé l’idée même d’un Etat palestinien. Pour perpétuer la division du pouvoir en Palestine, il a aidé le Hamas à conserver et renforcer son pouvoir dans l’enclave, permettant au Qatar de le financer directement. (30 millions de dollars apportés chaque mois par l’émissaire quatari via Tel Aviv !), et offrant jusqu’à 20 000 permis de travail en Israël pour des habitants de Gaza.

Lorsqu’un incident- une provocation des colons ou de ministres israéliens sur l’esplanade des mosquées, une destruction d’habitation, une expulsion - incite les Palestiniens à une éruption de colère, les islamistes du Hamas envoient des salves de roquettes sur le sud d’Israël, à la différence de l’autorité palestinienne qui proteste par des communiqués dont Netanyahou se fiche complètement. Et le pouvoir israélien envoie Tsahal bombarder Gaza. C’est une cible facile pour démontrer aux électeurs qu’il défend fermement l’Etat hébreu, en lançant des frappes aériennes brèves, ciblées et dévastatrices.

L’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre, a fait voler en éclats cette fiction de stratégie de dissuasion, sans inciter Nétanyahou à renoncer à sa théorie qui consiste à gérer les conflits plutôt qu’à les résoudre.

Cette politique a entrainé une explosion de violence incontrôlable, un geste calculé, destiné à semer l’horreur dans le cœur des survivants, de leurs proches et de leur entourage. Cette démarche a été couronnée d’un terrible succès. Israéliens et Palestiniens, devrons désormais vivre avec ses conséquences.

Les Gazaouis qui avaient protesté contre la dictature du Hamas, ont été durement réprimés – comme le sont d’ailleurs aujourd’hui les citoyens israéliens qui s’opposent à la politique de vengeance guerrière de Netanyahou et de son gouvernement fascisant.

L’immense majorité des Israéliens ignorent tout du monde arabe et de Gaza, une ignorance cultivée et entretenue depuis des années. Personne ne sait qu’en 2017, des milliers de Gazaouis ont protesté contre le Hamas et ont été réprimés. Ils ignorent la responsabilité historique d’Israël dans la souffrance des réfugiés palestiniens à Gaza particulièrement dans les camps.

Ils semblent ignorer, à l’abri derrière leur honteux mur de séparation, la réalité de l’occupation et du régime d’apartheid que leur Etat impose à tout un peuple depuis 1948, les conséquences d’une colonisation et de ses exactions par les colons extrémistes.

La réponse brutale d’Israël qui prétend éradiquer le Hamas de Gaza, a et aura des implications multiples, aux conséquences encore inimaginables. Rien ne sera plus comme avant, comme l’imaginaient Israël, les gouvernements des pays occidentaux et des pays arabes.

Nétanyahou a informé ses voisins égyptiens et jordaniens, ainsi que les Émirats arabes unis, que son plan en trois phases pour l’avenir de l’enclave prévoit, sans indication de calendrier, la destruction du Hamas, la démilitarisation du territoire, puis sa déradicalisation.

Le vrai enjeu, dans les jours qui viennent, c’est de savoir si la situation humanitaire sera à ce point catastrophique qu’elle obligerait l’Égypte à ouvrir ses frontières, comme Israël en fait probablement le pari, en rendant la situation tellement effroyable pour les Gazaouis que cela force la main de l’Égypte sous la pression internationale.

Chasser les Palestiniens de Gaza

C’est le plan israélien d’une seconde « Nakba » explicitement exprimé à l’extrême droite du spectre politique, l’expulsion de 2,3 millions de Palestiniens, sans aucune perspective de retour. La majorité de la population gazaouie provenant déjà de la Nakba de 1948 et de la Naksa de 1967, elle ne souhaite pas revivre les catastrophes vécues par les parents et grands-parents.

Ce plan de l’extrême droite israélienne a peu de chances de se réaliser, car l’Égypte est le seul pays de la région à n’avoir jamais accepté de camps de réfugiés palestiniens sur son sol, contrairement à la Syrie, la Jordanie ou le Liban. Elle n’y est pas plus disposée aujourd’hui, d’abord sur le plan sécuritaire parce qu’elle ne veut pas abriter les futurs camps d’entraînement du Hamas, affilié aux Frères musulmans ennemis du régime égyptien actuel ; et puis, sur le plan politique et historique, parce qu’elle sait qu’aucun réfugié palestinien, après avoir été soi-disant provisoirement établi dans un camp, n’est jamais rentré en Palestine.

Cette idée est un rêve très dangereux et déjà ancien, qui s’est exprimé depuis les années 1950, et fut repris par Ariel Sharon dans les années 1970...

Une nouvelle Nakba pourrait déstabiliser les régimes arabes.

Un objectif plus achevable, déjà formulé par l’armée, est de réduire le ghetto de Gaza, de concentrer deux millions de personnes dans le sud de l’enclave après avoir réduit le nord à des ruines. Un immense camp de concentration ! Horrible perspective que l’on voit se mettre en œuvre sous nos yeux. Avec l’espérance non dites que lassés, exténués, ils finiront par partir vers l’Egypte, les pays arabes puisqu’ils sont arabes dans leur esprit, comme dans celui de beaucoup d’Occidentaux quand on parle des gens issus de pays de culture ou langue arabe. Mais, les Palestiniens sont Palestiniens et les Egyptiens des Egyptiens, pas des Arabes, même s’ils parlent arabes.

L’autre solution imaginée, de se tourner vers l’OLP et l’Autorité palestinienne, pour établir une gouvernance acceptable à Gaza. Imposer l’autorité palestinienne discréditée et corrompue d’Abbas ?

On va l’imposer ! Sans élection, sans choix démocratique des Gazaouis, des Palestiniens ?

Quand se décidera t-on à respecter le droit à l’autodétermination du peuple palestinien, droit reconnu par l’ONU ? Que ce soit dans le cadre d’un Etat palestinien - après une décolonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem - ou un Etat binational – ou un Etat unique laïc et démocratique où tous les citoyens auraient les mêmes droits.

Ne serait-ce pas là, respecter nos fameuses valeurs, couper la prolifération de l’extrémisme religieux juif comme musulman ?

Hélas, l’État israélien ne sait que faire la guerre…

Que va-t-il se passer quand Tsahal aura tout détruit ?

L’urgence est le cessez le feu immédiat, la libération des otages et des prisonniers, israéliens comme palestiniens.

Et puis, il faut faire prendre conscience des enjeux, renforcer les manifestations populaires en faveur d’une paix juste et durable, notamment par l’application d’un boycott impitoyable contre Israël, exiger des sanctions.

Allain Graux

le 11 décembre 2023



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