Tôt ce matin, au moins 18 personnes ont été arrêtées et mises en garde à vue dans une dizaine de lieux différents à travers la France, notamment à Notre-Dame-des-Landes. Cette opération policière de grande envergure - à la veille de la dissolution annoncée des Soulèvements de la terre - est avant tout une opération de communication et d’intimidation contre le mouvement social dans son ensemble.
Les motifs ne nous sont pas encore entièrement connus, mais ont été mentionnés par les forces de l’ordre durant leurs interventions notamment l’action contre l’usine Lafarge à Bouc-bel-air en décembre dernier et l’action de Ste Soline. Rien ne permet d’affirmer à ce stade sur quels éléments matériels se fonde la procédure.
Ces arrestations interviennent alors que Olivier Veran a annoncé la dissolution programmée des Soulèvements de la terre par décret en conseil des ministres ce mercredi 21 juin : une dissolution très politique et particulièrement inquiétante réclamée directement au chef de l’Etat par l’agro-industrie et la FNSEA. Car le gouvernement se plie ainsi aux pressions du syndicat qui menaçait, en l’absence de dissolution, de s’en prendre violemment aux individus de la Confédération Paysanne et des Soulèvements de la terre.
Ces arrestations s’inscrivent dans une répression continue, notamment après une vague qui s’est déroulée le 5 juin et a donné lieu à des gardes de vues allant parfois jusqu’à 82 heures.
Mais viser quelques personnes masque mal la réalité : c’est plus de 108 000 personnes qui ont signé l’appel « Nous sommes les Soulèvements de la Terre » début avril, et plus de 180 comités locaux à travers la Francequi en font partie et soutiennent le mouvement populaire de défense des terres et de l’eau.
Ces arrestations confirment la fébrilité du gouvernement et sa crainte d’un mouvement toujours plus populaire et légitime. À l’heure où le réchauffement climatique s’accélère, où l’agro-industrie et les lobbies s’approprient l’eau et les terres, l’urgence est à une réappropriation collective des biens communs et à un partage des ressources qui se raréfient.
Rien n’arrêtera celles et ceux qui se soulèvent contre cette injustice flagrante. Nous le savons, la véritable association de malfaiteurs, c’est celle entre le gouvernement, le lobby agro-industriel et le secteur du BTP qui est en passe de détruire la terre de manière irréversible.
Essayer de faire taire les Soulèvements de la terre est une vaine tentative de casser le thermomètre plutot que de s’inquiéter de la température.
Nous rappelons que nous soutenons les actions passées comme futures pour le partage de l’eau et des terres, qu’elles sont fatalement amenées à s’amplifier tant que les responsables continueront leurs destructions et leurs accaparements.
De notre côté, nous préparons notre défense contre la dissolution, loin des épouvantails créés par la communication gouvernementale. Nous rappelons la présomption d’innocence des personnes arrêtées. Nous irons devant la justice et croyons dans la possibilité d’une victoire juridique pour casser cette décision inique, comme ce fut le cas pour d’autres dissolutions pour motif politique des dernières années.
Nous dénonçons notamment l’arrestation d’un des portes paroles des Soulèvements de la terre invité au même moment dans plusieurs médias. Cette arrestation vise directement à l’empêcher de s’exprimer publiquement sur la dissolution : une tentative inacceptable de museler la liberté d’expression.
Nous appelons à maintenir et amplifier les rassemblements prévus partout en France devant les préfectures dès demain soir, le 21 juin à 19h
Mais aussi le 28 juin au soir partout en France également.
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