« Terre et capital, pour un communisme du vivant » de Paul Guillibert



L’humanité a basculé dans l’ère des catastrophes globales. L’urgence commande l’élaboration d’une politique qui conjurerait la destruction généralisée de la vie : un communisme du vivant.

Le 20 Janvier 2022, le café Librairie Michèle Firk, invitait à discuter le livre de Paul Guillibert "Terre et Capital", paru cet hiver aux éditions Amsterdam.

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L’humanité a basculé dans l’ère des catastrophes globales. Partout sur la planète les forêts brûlent, les océans s’asphyxient, les espèces disparaissent. La sixième extinction de masse est en marche. L’urgence commande l’élaboration d’une politique qui conjurerait la destruction généralisée de la vie : un communisme du vivant. Puisque la crise environnementale procède de la recherche effrénée du profit, toute écologie politique formulée en dehors de cet horizon est vouée à l’échec. S’appuyant sur une lecture conjointe du marxisme et des humanités environnementales, Paul Guillibert défend une philosophie sociale de la nature pour démontrer que la préservation de la biosphère est devenue une condition nécessaire à l’émancipation.

Ce livre défend donc une thèse contre-intuitive : la catastrophe écologique n’éloigne pas le spectre du communisme, elle appelle au contraire sa présence. Il est vrai que, pour devenir écologiste, le communisme doit se débarrasser de ses oripeaux productivistes, qu’il doit prendre pied dans un monde qui se réchauffe, faire sienne la dimension utopique des communes rurales. Mais si on accepte de réactualiser sa signification historique, le communisme apparaîtra comme la « poli- tique cosmique8 » de l’Anthropocène. On peut trouver risible l’idée d’une politique « cosmique ». Il est pourtant indéniable que l’écologie engage des êtres « autres qu’humains » ; tout un monde de réalités nouvelles pour la politique. Lutter contre la destruction de la biosphère, pour le maintien d’un certain état de la couche d’ozone, pour la préservation des espèces qui peuvent encore être sauvées, ou encore pour le contrôle de la circulation d’un virus, tout cela implique de prendre en compte des intérêts autres qu’humains en politique. Désormais, la politique doit aussi se mener en fonction de ces êtres qui se passent de mots pour agir. La prise en compte de leurs intérêts (l’intérêt des abeilles à la survie par exemple) est aussi un respect de nos intérêts (la possibilité de la pollinisation et donc de la production agraire). Comme le montre la crise sanitaire provoquée par l’intrusion du Covid-19 dans l’écosystème mondial, nous avons intérêt à ce que les milieux des chauves-souris, l’un des principaux réservoirs virologiques de la biodiversité, ne soient pas trop menacés par les activités humaines. Et il en va de même pour le permafrost, les forêts primaires, les milieux humides, etc. Mais leurs modes d’intervention sont très différents des nôtres. Seuls, ils n’orga- niseront pas de partis, de soviets ou de révolutions. Fonder un communisme écologique suppose de comprendre le type d’agen- tivité qui est propre au vivant.

Cette thèse – le communisme doit devenir écologiste – demeurerait incomplète si elle ne s’accompagnait pas de son corollaire : l’écologie politique ne pourra devenir véritablement révolutionnaire qu’à condition de devenir communiste. Cette proposition contre-intuitive mobilise le vocabulaire en appa- rence désuet du marxisme. La justifier implique de savoir ce que nous devons hériter du communisme.

Ici en deux parties la captation sonore de cette discussion

1. Présentation de Paul Guillibert

https://archive.org/details/terre-et-capital-firk

2. Discussion avec la salle

https://archive.org/details/terre-et-capital-firk-2



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