Le grand chef blanc a parlé



Hugh grand chef blanc, tu as bien parlé et tu as restauré l’autorité du conseil des anciens, tous ces chauves à grandes bouches qui parlent, parlent et comprennent qu’un bon indien est un indien mort ou grabataire.

Le grand chef blanc a parlé treize minutes pour apaiser le ressentiment de millions d’indiens. Le grand chef blanc, au début de sa palabre, a prévenu que si les millions d’indiens continuaient de lui courir sur le calumet, il allait être intraitable pour rétablir l’ordre. Il en va de l’autorité du grand tipi de l’Élysée.

Le grand chef blanc accorde une part de bison fumé supplémentaire pour les fêtes et chaque mois, les vieux indiens recevront une galette de maïs et une bouteille d’eau de feu. Les jeunes indiens sont sommés de ranger leurs flèches dans leur carquois au plus vite sinon ils finiront empalés sur le totem de justice et le grand chef blanc les enduira de goudron et de plumes. Hugh grand chef blanc, tu as bien parlé et tu as restauré l’autorité du conseil des anciens, tous ces chauves à grandes bouches qui parlent, parlent et comprennent qu’un bon indien est un indien mort ou grabataire.

Qui a pu regarder sans hurler Emmanuel Macron hier soir à 20h sur toutes les chaînes comme au bon temps de l’ORTF ? Plus d’audience que pour la coupe du monde, nous dit-on. Nous sommes dans un monde où le football est une unité de mesure et où on pense qu’un élan collectif peut être acheté pour 100 euros. Un monde où un président de la république peut commencer une allocution sans présenter ses excuses à toutes les victimes des répressions policières, à celui qui n’a plus de main, à celui qui n’a plus d’œil, à celle qui s’est fait insulter et traiter de sale petite pute arabe. Un président qui ose jeter en pâture le mot fédérateur, le mot censé rassembler le peuple, le mot « immigration ». Rassemblons-nous pour bouffer de l’étranger, du mineur isolé, du jeune majeur aux poches vides, du vaurien métèque et profiteur.

Emmanuel Macron pendant treize minute a montré son vrai visage, mains sur la table, yeux rivés au prompteur avec l’empathie du dompteur pour le lion. Saute dans le cerceau, français en gilet jaune ou pas, et ferme ta gueule. A partir de janvier, tu l’auras ta friandise et toi le vieux encore vivant tu seras moins taxé et pourras donc souscrire une assurance obsèques avec option cercueil en mélaminé renforcé avec poignets en laiton. De nombreuses voix s’élèvent (dont celle de Laurent Berger, qui est au syndicalisme ce que Vivagel est à la gastronomie) pour enjoindre les gilets jaunes modérés à saisir la main tendue. Un peu la même sensation que si on serrait la pogne d’un alien gluant et hostile. « We are our friends » comme dans Mars Attacks !

Je suis professeure et je remercie tous les lycéens pour leur courage physique et moral. Sans eux, je serais désespérée dans mon lycée à écouter papoter celles et ceux qui ont des avis éclairés sur le monde, tendance lampe de chevet. Je remercie les gilets jaunes qui campent sur les ronds-points et qui m’ont aidé à comprendre que, non, derrière chaque français dans la débine, ne se cache pas l’ombre grimaçante de Marine Le Pen. Vive la lutte, la rage joyeuse, l’union des contraires. Quelle que soit l’issue de ce mouvement, la France y aura gagné en dignité et en intelligence collective.

Emmanuel Macron est terne, Emmanuel Macron est vieux, Emmanuel Macron n’est pas un président. Emmanuel Macron est un commercial arrivé au pouvoir par le pouvoir des urnes funéraires. Ton bulletin de vote signe ta perte camarade.

Sophie Carrouge (professeure lycée Le Castel)


Notre collègue et amie Sophie Carrouge a été convoquée jeudi à 15H30 au Rectorat pour répondre de cette tribune.

Nous ne comprenons pas que notre liberté d’expression, pourtant garantie par la constitution, soit remise en cause. Cette convocation est particulièrement inquiétante quand on sait que Sophie est en pointe dans la lutte contre la réforme du Bac et Parcours Sup, ainsi que dans la lutte quotidienne pour nos élèves étrangers en situation irrégulière.
En solidarité, nous avons décidé de signer cette tribune en la faisant nôtre.

Bruno Haberkorn
Victor Diaferia
Christine Mehdaoui
Florian Boucault
Marine Bignon
Jean Clerc
Solange Féchard
Sophie Perard
Rémi Fonvieille
Samy Bani
Jean Charles Ouazana
Stéphane Doméraki
Gabrielle Navarès
Xavier Variot
Sarah Abou
Raphaël Jouffroy
Anne Vernaton
Cécile Joly
Elise Robert
Aurélien Requena
Emmanuelle Frenot
Valérie Haberkorn
Laurence Bevilacqua
Didier Porthault
Catherine Finet
Asma Addou
Nenad Babic
Christophe Courtois
Maud Vu Van Kha
Tristan Deray
Catherine Lestrade
Sandrine Bernard
Antonio Maguno
Philippe Duchatel
Grégoire Demougeot
Émancipation - tendance intersyndicale
Pascal Meunier
Luigi Tarantino
Louise Alessandri
Béatrice Henriot
Lili Morena
Christelle Clément
Collectif contre les réformes Blanquer et contre Parcoursup d’Île-de-France
Anne Texier
Gabriel ALBAN ZAPATA
Héloïse Facon
Michèle Codjo
Isabelle Petit
Bastien Deschamps
Benjamin Thieffry
Gérard Cothenet
Nadia Chikh
Dominique Demartini
Pauline Hierle
Michaël Merrien
Olivier Thiébaut
Alain Leveneur
Julien Le Gallo
Anne-Laure Saulnier

Lisez aussi : Le communiqué de soutien de collègues et de parents d’élèves du Castel qui appelle à aller soutenir Sophie Carrouge devant le rectorat jeudi 20 décembre à partir de 15h15.



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