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À eux de nous faire préférer l’avion



Le 18 mai le Grand Dijon a voté son adhésion au projet Renaissance visant à doter la capitale régionale d’un aéroport civil régional qui placerait Londres, Bordeaux ou les plages ensoleillées à deux heures de vol. Projet adopté dans la cohue générale en présence de 150 manifestants representant des associations de riverains réunies au sein du collectif Clapem21.

Petite Histoire de Renaissance

Ce projet est né dans la tête de quelques technocrates de la C.C.I.(Chambre du commerce et de l’industrie) en mal de profits voulant doter l’agglomération d’un aéroport digne de leurs noms. En effet, pour eux, le hangar nommé aujourd’hui aéroport de Dijon-Longvic était bien trop archaïque pour la Grande Capitale De Bourgogne. Heureusement nos joyeux experts avaient une solution. Ras le bol de jouer dans la cour des petits : « objectifs 250 000 passagers par an avec l’espoir d’enrichir le Grand Dijon de 40 millions d’euros par an de retombée ». Le tout pour la modique dette de 44 millions d’euros de soit disant investissements s’étalant de 2006 à 2013.

Alors là pour défendre une telle idée génialissime, armada de chiffres et d’experts : On voudrait nous faire gober qu’un aéroport génère 1000 emplois directs, 1000 emplois indirects (entretien et maintenance) et 1000 emplois induits (tourisme, locations de voitures et barraque à frites) pour chaque million de passagers. A bout de chiffres objectivement construits la CCI prétend répondre à une forte demande des chefs d’entreprises de l’agglomération (ah ben voilà enfin on y arrive...) et de nos amis anglo-saxons en mal de biture (pardon de dégustation...).

Pour faire face à la crise du tunnels sous la Manche des vols à bas coûts depuis Londres, mais aussi depuis Copenhague ou Berlin, nous relieraient à nos amis européens.

En parlant d’amis les défenseurs du projet en ont un nouveau : la compagnie Ryanair prête à réouvrir la ligne Dijon-Londres par pure philanthropie moyennant une subvention publique de 2,4 millions d’euros. Hors, Ryanair, comme beaucoup de compagnies Low Cost, préfère comprimer ses salariés plutôt que ses actionnaires dans la plus pure tradition libérale. En mal de justifications les instigateurs de ce beau projet nous présentent l’argumentaire, lui aussi à bas coûts intellectuels, de leurs amis dijonnais.

M. Renaud, president de la JDA : « Nous utilisons l’avion pour nous déplacer pour la moitié de nos matchs à l’exterieur tant en France qu’à l’étranger. Ca coûte cher mais c’est beaucoup plus intéressant en terme de fatigue des joueurs. Un aéroport plus développé serait pour nous une vraie bénédiction et j’imagine que c’est vrai aussi pour le DFCO ou pour l’équipe de Hand féminine. » Alors si c’est pour la fatigue des joueurs de la JDA polluons sans nous retenir ! Ou encore JC Fortier, president de l’Université de Bourgogne : « l’avion n’est pas seulement utilisé par les chercheurs mais aussi par les étudiants [...] Nous étions et nous serions des utilisateurs majeurs de l’aéroports ». Pour renvoyer les étudiants en situation irrégulière et en plus en low cost, c’est aussi tout bénéf ! Ne nous inquiétons pas, le directeur d’Ikéa Dijon pense aussi au prestige de notre ville : « Comme un zénith, comme un beau centre ville et comme un magasin Ikéa, un aéroport contribue à l’aura d’un agglomération » alors là tout est dit !

Malgré l’unanimité des amis de la CCI, il existe une poignée d’irréductibles écologistes associés aux riverains qui s’opposent au magnanime projet Renaissance. En effet, la première inquiétude concerne les nuisances sonores, ce n’est pas parce qu’on a pas fait Science-Po qu’on ne peut pas comprendre qu’un avion ça fait quand même du bruit et qu’en général avion et environnement ont du mal à cohabiter.

Il semble plutôt qu’il existe de véritables risques écologiques à l’installation de cet aéroport. En effet, les pistes d’atterissage se couvrent rapidement de résidus de kérozène et d’huile de vidange qui, lors d’un orage conséquant ou d’un nettoyage au karcher s’infiltrent dans les sols, les polluant, eux, durablement. Qui dit sols souillés dit nappe phréatique touchée. Il semble qu’une infiltration dans l’Ouche soit inévitable ce qui provoquerait des retombées d’agent toxiques dans les cultures de l’ensemble de la vallée qu’elle irrigue.

Sans compter que la nappe phréatique dans laquelle nous nous abreuvons quotidiennement n’est pas si loin de la future installation. De plus, n’oublions pas que jusqu’ici les atterissages sont toujours retardés par les impératifs militaires de la base aérienne 102 accolée au futur aéroport. Ce qui signifie que les avions tourneront au dessus de l’agglomération le temps de pouvoir atterir. Ajoutons à cela que l’attente se fera à basse altitude, donc les rejets d’oxyde d’azote se mêleront à l’air que nous respirons. Hors, d’après une étude de l’IFEN (institut français de l’environnement) les vols courts courriers sont les plus polluants. En effet moins l’appareil est récent (ce qui est souvent le cas pour les compagnies low cost), plus les distances parcourues sont courtes et plus le trajet est polluant. Avec notre nouvel aéroport tous les critères sont réunis pour polluer un max !

Remercions donc en choeur le Grand Dijon, le Conseil Général et la Conseil Régional d’investir notre argent dans une technologie vouée à la disparition d’ici la fin de notre demi siècle. Remercions les encore de mettre en quarantaine sonore des terres prévues par le PLU (plan local d’urbanisme) pour une construction de logements sociaux. Merci encore d’investir pour l’avenir de nos enfants et de leurs cancers. Merci de financer des compagnies qui traitent leur personnel comme des mouchoirs jetables sur la piste d’atterissage de leurs profits. Et merci enfin de défendre une nouvelle fois avec l’argent de tous les intérêts de quelques uns au detriment d’une majorité.

Quelques données sur la pollution aérienne

Dans un monde en proie au réchauffement climatique et aux guerres, dictatures et destructions causées par l’exploitation pétrolière, le développement du traffic aérien est un des facteurs importants de gaspillage de pétrole. En raison du fort développement du trafic mondial (9% en moyenne annuelle depuis 1960 pour les passagers-kilomètres, soit plus de deux fois la croissance du PIB mondial), l’aviation est le mode de transport dont les émissions de Gaz à Effet de Serre croîtront le plus rapidement.

Les émisions polluantes des aéronefs (source STNA Juin 2003) Les moteurs d’avion émettent principalement les composants polluants suivants : oxydes d’azote (NOx), monoxyde de carbone (CO), hydrocarbures (HC) (ou composés organiques volatiles : COV), dioxyde de soufre (SO2) et particules solides (suies). Ils émettent aussi du dioxyde de carbone (CO2) et de la vapeur d’eau. Ce sont les émissions de NOx qui dominent relativement à régime élevé, donc au décollage et en montée. Environ 75 % des émissions se produisent à la vitesse de croisière dans la troposphère et la basse stratosphère (10-12 km). Au régime de ralenti et au roulage au sol, il se dégage peu de NOx mais relativement beaucoup de CO et de HC. Au décollage et en montée les émissions de NOx et de particules (SUIES) sont élevées, celles de CO et de HC relativement faibles.

Les effets sur la santé

Le monoxyde de carbone (CO) est un poison pour l’hemoglobine. Les oxydes d’azote NOx et de soufre SO2 sont des gaz tres irritants pour les voies respiratoires. En Suisse, pour le NO2 la valeur limite horaire et journaliere est de 80 µg / m3, pour le SO2 la valeur limite horaire et journaliere est de 100 µg / m3. Les oxydes d’azote NOx se transforment sous l’influence des rayons ultra-violets en Ozone (O3). L’ozone a un pouvoir oxydant et irrite les poumons. Lorsque l’atmosphere est stagnante et l’ensoleillement intense, la concentration d’ozone augmente fortement et cause des problemes respiratoires. Les hydrocarbures imbrules Hx Cy et les suies sont reputes cancérigènes. Il est evident que les émissions gazeuses toxiques auront un impact beaucoup plus inquietant dans le voisinage des pistes. Cependant, quand des phenomenes d’inversion de températures ou de brouillard surviennent, les zones affectees sont beaucoup plus étendues.



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