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Témoignage : « Da Vichy code » à Dijon



Témoignage pour répondre au livre de Nicolas S. et surtout à son Da Vichy code ou loi sur l’immigration, voici le témoignage d’ une personne qui a vécu dans sa chair cette loi raciste et inhumaine.

Peux tu nous raconter l’accueil que t’as réservé la préfecture de Dijon ?

J’ ai donné tous mes documents à la dame du guichet. Après elle m’a dit « attendez deux secondes, je vais examiner le dossier ». En fait elle a appellé la police. Ils ont vidé la salle d’attente, il restait quelques autres personnes. La police est arrivée et m’a menotté et emmené place Suquet.

S’ils ont fait vider la salle, c’est pour empêcher les manifestations de solidarité ?

Tout à fait. A part ça la dame qui a prévenu la police avait l’air super contente (NDA : possibilité d’ avancement ou simple sadisme ordinaire ?). Un policier a écrit son nom sur la feuille. Elle a hésité a donner son nom en disant « imagine qu’elle sorte après ! »

Ah ! Les petites joies de la délation anonyme... Après le détour par le commissariat, que s’est il passé ?

Une voiture m’a emmenée à Nice car le centre de rétention de Lyon affichait complet. Le trajet a duré sept heures.

Tu étais toujours menottée ?

Oui.

Comment se sont comportés les flics pendant le trajet ?

Je n’étais pas rassurée, ils disaient beaucoup de gros mots, des choses obscènes. Ils parlaient beaucoup de filles, et d’endroits sympas pour aller aux putes... Ils étaient 3 plus un ado dans la même situation que moi.

Tu as passé une semaine dans le centre de rétention à Nice. Comment as tu vécu cet enfermement ?

Tout était pourri là bas. Les toilettes étaient bouchées, pas d’eau chaude, l’evier était bouché, la nourriture n’en parlons pas, un chien n’en aurait pas voulu. J’étais avec d’autres personnes, il n’y avait pas d’intimité. Les flics pouvaient rentrer n’importe quand sans frapper. Par exemple je sors de ma douche, un policier est là. Il me demande de descendre pour aller manger, je lui demande si je peux m’habiller... Il m’a bien regardé, très bien même !

Par la suite, la décision du tribunal administratif t’as rendu ta liberté et a reconnu la bavure. pourtant l’administration du centre n’a pas fait beaucoup d’effort pour réparer l’injustice.

Ils m’ont mis à la porte sans se soucier du reste. Je me suis retrouvée sans ressources, sans toit sans rien. Heureusement un membre de RESF (réseau éducation sans frontières) m’a hébergée de vendredi soir à Dimanche. Je suis rentrée le lundi à Dijon avec mon copain.

Pourtant la pref’ a continué de s’acharner malgré la décision de justice...

Et ce n’est toujours pas fini ! Le lundi on se présente à la pref’ pour récupérer un dossier. J’en ai besoin pour m’inscrire pour le bac. Ils m’ont menaçée. Ils ont dit qu’il allait faire des vérifications auprès de l’ambassade de France du pays d’origine... Ils ont gardé mon passeport.

Trois jours plus tard, tu étais convoquée au commissariat, que tu avais découvert la semaine précédente. Un groupe de soutien d’une vingtaine de personnes attend à l’extérieur près des différentes sorties pour éviter une « disparition ». C’était bien à l’intérieur ?

Ils ont été odieux, ils ont même insulté des militants venus me soutenir ! (NDA : L’un d’eux s’est fait traiter de parasite social et de voleur de vélo !) Ils m’ont posé des questions par rapport à mon passeport, en affirmant qu’il était faux. Une dame, la capitaine m’ a dit qu’ils feraient tout pour que je n’ ai pas de titre de séjour, et que je ne passerai pas mon bac. La même personne m’a aussi dit « la prochaine fois que tu es convoquée, ne viens pas avec 50 000 personnes » .

Sage conseil, dernièrement un sénegalais a été embarqué de force dans une voiture de flic, après une convocation « sans motif ». On ne l’a jamais revu.

C’est la même situation. Quand ils m’ont arrêtée a la pref, j’étais seule donc vulnérable. Là, ils pouvaient moins m’attaquer. Peu de temps après, ils ont convoqué ton copain en utilisant les mêmes méthodes : pression et humiliation. Un policier lui a dit que les guinéens étaient des malins, des profiteurs... Ils lui ont dit qu’il ferait mieux de me quitter, où encore « tu crois qu’elle t’aime ? C’est juste pour se protéger de la loi Sarkozy ».

Sympa. Pour conclure, tu as vécu un véritable bizutage « républicain » avec un traitement de faveur réservé aux bons terroristes, peux tu nous dire ce que tu as ressenti ?

Il m’est arrivé de craquer. Aprés mon retour a Dijon. J’ai pris des médicaments. Je n’en pouvai plus (NDA : c’est son copain qui a prévenu les pompiers). On m’a traitée comme si je n’étais pas un être humain. J’ai beaucoup pleuré. C’était comme un mauvais rêve. Rien ne semblait réel. De plus c’est au moment où j’ai commençé à réviser mes cours que tout s’est enchainé, les menaces, les pressions... Je compte tout de même avoir mon exam’. Je vais continuer à me battre. Ce témoignage demeure anonyme pour ne pas mettre en danger la personne concernée plus qu’elle ne l’est actuellement.



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