Presque une quinzaine de personnes ont été tuées lors d’« interventions policières » depuis le début du confinement. Une quinzaine de noms qui viennent s’ajouter à la liste interminable des victimes de crimes policiers, aux côtés de Zyed et Bouna en 2005, Wissam el Yamni et Amin Bentounsi en 2012, Rémi Fraisse en 2014, Adama Traoré et Mehdi (à Lyon) en 2016, Zineb Redouane en 2018, Steve Maia Caniço en 2019. Sans parler de tous ceux qui n’ont pas fait la une. Une vingtaine par an si on veut s’adonner à un décompte macabre.
Ces meurtres donnent lieu à une « affaire » lorsque les Comités Vérité et Justice, la famille, les ami·e·s, les proches, la rue se mobilisent et réclament justice. Et on rend hommage au disparu au gré de marches blanches ou d’émeutes contre la police. Mais le scénario est écrit d’avance : de la même manière que la police protège l’État, les juges protègent la police. Des « peines » ridicules et la majorité du temps, des classements sans suite, des non-lieux, des relaxes ou des acquittements ne font que rajouter une couche d’injustice au crime en lui-même.
Suite à la mise à mort de George Floyd aux États-Unis, c’est un mouvement sans précédent qui a poussé Donald Trump à se réfugier dans le bunker de la maison blanche et qui a conduit à l’arrestation et à l’inculpation des quatre policiers (et à la qualification des faits en homicide involontaire puis en meurtre). Un mouvement comme il n’y en avait pas eu depuis les émeutes de Los Angeles de 1992 [1].
Des métropoles qui s’embrasent, des manifestations monstres, rassemblant plusieurs dizaines de milliers de personnes, avec des moyens d’action multiples (du genou à terre à l’incendie du commissariat de Minneapolis en passant par l’émeute et le pillage/redistribution) et qui sont parvenues à instaurer un rapport de force historique. Cela se ressent jusqu’ici où l’espace médiatique est temporairement saturé de discours sur les violences policières et le racisme [2].
À Minneapolis, le conseil municipal envisage de dissoudre la police et de repenser un autre système pour « protéger la communauté ». À Seattle, une « zone autonome sans police » est décrétée par les manifestants, les flics ont évacué le commissariat local et des distributions gratuites de nourriture, de masques et de livres sont organisées. C’est bien le moins qu’on puisse faire : ces affaires ne sont pas des meurtres isolés commis par des policiers un peu plus racistes que les autres [3] et qui devraient se résoudre de manière individuelle. Ces assassinats sont l’expression de tout un système qu’il s’agit de mettre à bas. Et remplacer les clefs d’étranglement par des tasers (responsables de plus d’un millier de morts aux États-Unis depuis 2001), comme l’a proposé Christophe Castaner, ne suffira sans doute pas à réconcilier la police avec « sa » population.
Cet article est repris du site rebellyon.info, la suite est à lire ici.
Et ici un article qui recense quelques organisations qui luttent pour l’abolition de la police aux Etats Unis.
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