Nous devisions tranquillement en buvant un café dans la boutique de la gare, lorsqu’un voyageur s’approcha de nous. Il avait l’air hésitant entre inquiétude et stupéfaction.
Il faut dire qu’il avait de quoi être apeuré. Il venait en effet de se frayer un chemin à travers un peloton de gendarmes mobiles armés et casqués, une équipe de la brigade anticriminalité, un groupe de policiers dont certains en civil, des agents des différents services de renseignement... Au total une cinquantaine de représentants des forces de l’ordre.
- Euh... vous savez ce qui se passe ? Nous demanda le voyageur.
Sans doute s’attendait-il à une réponse à la hauteur du dispositif guerrier qu’il avait réussi à franchir. Peut-être même qu’il avait échafaudé sa petite théorie qu’il pourrait raconter à sa voisine dans le train, et qu’il attendait juste une confirmation de notre part, du genre :
- Carlos Ghosn a été repéré dans une valise à roulettes sur le quai
ou encore
- Macron est en fuite, un contrôleur l’a reconnu dans le Chalon-Varennes grâce à sa ressemblance avec un billet de banque.
Au lieu de quoi sa curiosité dût se satisfaire de notre réponse, bien banale dans la période actuelle :
- Une quarantaine d’opposant-e-s au projet de loi sur les retraites ont voulu manifes...
Nous ne pûmes davantage satisfaire sa curiosité car, faisant partie des gens susmentionnés, et après ce court et illusoire répit au point relay, la réalité nous avait rattrappés : nous fûmes appréhendés et dûmes rejoindre nos camarades pour nous soumettre aux contrôles d’identité et autres fouilles corporelles.
Certain-e-s d’entre nous furent embarqué-e-s et questionné-e-s pendant plus de 6h avant qu’on leur signifie une convocation en justice.
Après ces péripéties, le gang de la Clémentine se réunit pour un petit débriefing. Face à cette surréaliste débauche de moyens du pouvoir macronien pour étouffer la contestation et le mouvement social, nous convînment qu’il fallait désormais agir dans la semi-clandestinité : il était plus que temps de crypter nos données : nous mîment donc les smartphones dans le micro-onde ainsi qu’un calepin qui contenait des données ultra-sensibles sur le slogan d’une prochaine banderole.
Si malgré ces mesures de précaution ce message vous parvient, débranchez immédiatement votre ordinateur et mettez-le au frigo.
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