Agression fasciste : que sait-on des agresseurs ?



Dimanche 31 janvier, des manifestant·es pour la PMA ont été violemment attaquées par une quinzaine d’individus masqués. Que nous apprennent les images de la manifestation sur le déroulement des faits, l’identité des agresseurs, et leurs liens avec la manifestation « Marchons Enfants » ?

Dimanche 31 janvier, une manifestation était appelée à 14h par « Marchons Enfants », une coordination de tout ce que la France compte de grenouilles de bénitiers, menée par l’Alliance Vita, association fondée par l’inoubliable conspirationiste [1] Christine Boutin. Dans la droite ligne de la Manif pour Tous, qui fait d’ailleurs partie de la coordination, les manifestant·es s’opposaient à l’une des rares lois qui aille dans la bonne direction de tout ce quinquennat : l’ouverture de la PMA aux couples de femmes ou aux femmes seules.

Les collectifs féministes étaient donc logiquement mobilisés contre cette manifestation réactionnaire, et pour défendre le droit à la PMA pour toutes. Un contre rassemblement était donc appelé sur la place de la République à partir de 13h.
Alors qu’une poignée seulement de contre-manifestant·es étaient arrivé·es sur la place, un groupe d’une quinzaine d’hommes cagoulés s’est approché et s’est attaqué à elles et eux.

On voit ici leur arrivée (Vidéo 1) :

Ici une partie de l’agression (Vidéo 2) :

https://www.facebook.com/fabien.bauduin.967/videos/483466429320166/

Et ici l’agression sous un autre angle et leur départ (Vidéo 3) :

S’ils ne sont pas arrivés à voler la banderole - ce qui était probablement un de leurs objectifs, ils ont néanmoins tabassé plusieurs personnes. L’une d’elle a reçu 2 jours d’ITT.

Pour un récit plus détaillé, voir par ici.

Une attaque revendiquée sur une page facebook fasciste

Le soir même de l’agression, une revendication était postée sur « Ouest Casual », une page facebook populaire dans la fachosphère française.

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Sous le nom de « Dijon nationaliste » et « Vandal Besak » ils revendiquent avoir « chargé » et « dispersé » les « antifas ». On peut donc supposer qu’une bonne partie d’entre eux ne venait pas de Dijon mais de Franche-Comté et, on va le voir plus bas, du sud de la Bourgogne (Beaune, Saône-et-Loire).

Cette photo rappelle celle postée le soir du 10 octobre 2020, lors de la précédente manifestation organisée par l’Alliance Vita.

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On reconnait le drapeau, et comme on va le voir plus bas, plusieurs des personnes présentes.

Un ancien candidat du FN était présent parmi les agresseurs

Sur l’une d’elle, postée sur facebook par le Collectif 25 novembre (vidéo 3, voir plus haut), on reconnait clairement Benjamin Lematte, seul membre du groupe à ne pas être masqué.

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Montage France 3 Bourgogne

Celui-ci n’est pas vraiment un inconnu, puisqu’il a été un temps responsable du Front national de la jeunesse en Saône-et-Loire, puis candidat pour le FN à Chalon-sur-Saône lors des élections cantonales de 2011. En 2013 il a quitté le FN pour rejoindre le « Parti de la France » (PDF), un groupuscule fasciste qui a eu un petit noyau dur à Chalon-sur-Saône. Au sein du PDF il a gravi les échelon, jusqu’à occuper actuellement le poste de délégué départemental et de membre du bureau politique national.

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Capture d’écran du site du PDF, 31-12-2021
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Sur Twitter il reconnait d’ailleurs avoir été présent sur les lieux.

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Il a aussi publié la photo de renvendication de l’attaque en bannière de sa page facebook, photo où l’on reconnait sa présence aux baskets blanches, à la veste Lonsdale et aux mitaines coquées.

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Il était par ailleurs déjà présent sur la photo du 10 octobre 2020, où on distingue un de ses tatouages et où il tient un autocollant du PDF.

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Les agresseurs ont été contrôlés, puis relachés

Les vidéos montrent que cette agression a duré plusieurs minutes, pendant lesquelles la police, pourtant stationnée à l’entrée de la rue de la Préfecture, n’intervient pas.
Quand les policiers arrivent le groupe des agresseurs fuit, mais est rattrapé quelques dizaines de mètres plus loin, devant le batiment de la CAF. Ils sont alors contrôlés par des CRS et par la Compagnie d’Intervention de la police nationale.

On reconnait ici plusieurs des agresseurs.

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Ici, derrière l’arbre, le crane-rasé portant un cache-col, un polo à col en liseré blanc et rouge, une doudoune sans manches, et un pantalon gris. On le voit attaquer une personne dans une des vidéos (0:10 dans la video 2, voir plus haut).

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Et pour fini Benjamin Lematte, reconnaissable à sa veste Lonsdale, ainsi qu’à son masque dont on aperçoit le liseré tricolore (voir photos et videos plus bas), et à ses côté l’agresseur en pantalon beige, que l’on voit frapper une des contre manifestant·es dans une des vidéos (0:19 dans la vidéo 2, voir plus haut).

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Malgré l’agression qui vient d’avoir lieu, les CRS et les policiers les laissent repartir sans encombres. Les agresseurs ont même pu garder leurs gants coqués, comme on le verra plus bas. Ceci leur a permi de tenter d’autres agressions en fin d’après-midi aux abords de la place du 30 Octobre.

Les agresseurs ont été accueillis par les organisateurs de la manifestation "Marchons enfants"

Interrogée par France 3 Bourgogne Franche-Comté, Marie-France Spillmann, la présidente de l’Alliance Vita en Bourgogne et organisatrice du rassemblement contre l’extension de la PMA, dément le fait que les agresseurs auraient rejoint le cortège. « Notre manifestation est pacifique. On n’accepte pas ce genre de comportement » explique-t-elle. Selon elle, le groupe n’a pas pris part au défilé. « J’ai effectivement vu ces gens en noir place de la République. Après, je ne les ai pas revus. [...] Ces gens là, on ne sait même pas qui c’est. » [2]

Autant d’affirmations démenties par la video et les photos qui suivent.
On voit ici le groupe des agresseurs être accueilli par des membres de la manifestation, ainsi que par un membre de la sécurité de la manifestation, reconnaissable à son t-shirt orange fluo.

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Quant à l’affirmation selon laquelle les membres du groupe n’auraient pas pris part au défilé, elle est elle aussi invalidée par la photo qui suit, où l’on reconnait Benjamin Lematte, au niveau de la place du 30 Octobre. On remarque que malgré le contrôle de police qu’il a subit quelques minutes plus tôt, il porte toujours ses gants coqués.

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Pour résumer
  • Le groupe des agresseurs était bien lié au milieu neo-fasciste Bourguignon et Franc-Comtois.
  • Le responsable du PDF Benjamin Lematte en faisait bien partie.
  • La police les a contrôlé mais les a laissé libres.
  • Contrairement aux dires des organisateurs de la manifestation anti-PMA, ils ont été accueillis par des membres de la sécurité place de la République, et ils ont participé au reste de cette manifestation parmi les autres manifestants.

D’autres membres de l’extrême-droite étaient présents dans le cortège

 
Outre la bande des agresseurs, d’autres groupes d’extrême-droite constitués étaient présents dans la manifestation, dont certains ont manifesté leur proximité avec les agresseurs.
 
Sur la précédente photo, publiée sur le compte facebook de la Cocarde, un groupuscule étudiant d’extrême-droite, on reconnait Iannis Moriaud (1) et Alexandre Hinger (2) deux membres de ce groupuscule, aux côtés de Benjamin Lematte qui est présenté comme un « ami de Bourgogne ».
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Iannis Moriaud est un militant d’extrême-droite actif depuis quelques années. Il était auparavant dirigeant de l’Action Française locale.
On le voit ici de présider une conférence organisée par l’AF en septembre 2019 à La Comédie.
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Dans les milieux d’extrême-droite de plusieurs villes de France, Moriaud cultive des amitiés, dont certaines laissent songeurs. En mars 2020 au « forum des nation » (organisé par les fascistes de Jeune Nation) il s’est ainsi affiché en compagnie de Maxime Brunerie, membre d’Unité Radicale (l’ancêtre de Génération Identitaire) et auteur d’une attaque terroriste contre Jacques Chirac pendant la cérémonie du 14 juillet 2002. [3]
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Iannis Moriaud et Alexandre Hinger étaient par ailleurs présents sur la photo de groupe du 10 octobre 2020, comme le laissent deviner leurs vêtements et l’autocollant de la Cocarde que porte Hinger.
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1 : Iannis Moriaud, 2 : Alexandre Hinger
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Hinger plus tôt dans la journée, même veste, même autocollant
Derrière la façade respectable que tente de cultiver la Cocarde, derrière les airs de fils-à-papa ringards de Moriaud et Hinger, ceux-ci fréquentent en réalité l’extrême-droite la plus radicale et violente. Leur présence à la fac de Dijon, où ils tentent de diffuser leur propagande, ne devrait pas être tolérée.


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