Antispéciste suisse emprisonné : la détention provisoire prolongée



Placé en détention depuis fin novembre 2018, Matthias*, activiste antispéciste soupçonné de dégradations matérielles, devait pouvoir sortir le 5 août 2019. Mais en date du 29 juillet, le Ministère public réclame une nouvelle prolongation de deux mois, invoquant un potentiel risque de récidive.

À Dijon un repas de soutien à Matthias aura lieu le mardi 17 septembre à 20h au Chez Nous

Prolongation de la détention

La décision du Tribunal des mesures de contrainte est tombée le 5 août : prolongation confirmée, sous prétexte que le prévenu fasse partie du mouvement antispéciste. Différents collectifs de soutien s’y opposeront fermement, notamment par le biais d’une mobilisation le 7 août devant le Palais de Justice de Genève.

Après avoir ordonné une troisième prolongation de la détention Matthias* (nom d’emprunt) en juin dernier, le Tribunal des mesures de contrainte sur demande du Procureur, Adrian Holloway, vient de statuer sur une nouvelle prolongation. Son motif ? Le fait qu’il fasse partie du mouvement antispéciste et présenterait par principe, un risque de récidive en cas de remise en liberté. À défaut de considérer une remise en liberté totale et alors que des mesures de substitution existantes (assignation à résidence ou bracelet électronique) devraient être considérées selon les principes de proportionnalité, les autorités ne daignent pas y penser, prétextant qu’elles seraient insuffisantes dans la prévention d’une récidive puisque le prévenu « adhère à priori avec toujours autant de conviction et d’engagement » à l’idéologie antispéciste. Le nouvel avocat du prévenu, Me Olivier Peter, s’est opposé à cette décision en contestant l’existence d’un risque de réitération. Il déposera un recours contre cette décision, qui justifie le maintien en détention en raison du positionnement politique du détenu, en violant gravement la liberté de conscience garantie par la Constitution fédérale et la Convention européenne des droits de l’homme. Rappelons que Matthias* n’est pour l’heure que soupçonné de bris de vitres, arrachage d’affiches et tags. Il paraît donc évident que la situation relève de la répression politique abusive d’un activiste retenu otage d’un système législatif qui protège des intérêts économiques au détriment de la dignité humaine et animale.

Plusieurs collectifs s’opposent fermement à cet acharnement judiciaire en encourageant les milieux militants à s’unir en menant des actions solidaires. Parmi eux : solidaritéS Vaud, CUAE, Groupe anti-répression Genève, Comité de soutien aux 3+4 de Briançon, Association Co&xister, COA - Coalition animaliste, 269 Libération Animale - Suisse et Deep Green Resistance France.

Ensemble, ils dénoncent l’enfermement comme étant le symbole d’une société profondément inégalitaire et injuste, qui trouve dans la privation de la liberté le moyen perfide de contraindre celles et ceux qui ne veulent pas correspondre aux normes sociétales attendues. Ainsi, militant-e-s radicales et radicaux contre les formes de domination (animale, écologique, raciale, patriarcale,...), solidaires des sacrifié-e-s du colonialisme et du capitalisme, personnes précarisées, sont toutes et tous plus ou moins violenté-e-s par ce système protégeant systématiquement les intérêts des catégories de populations privilégiées. Les derniers exemples de répression concernant les collectifs écologistes en sont une énième preuve. Une lecture alternative, hors des dogmes sociétaux, nous convainc sans fléchir que c’est bien le système dans son ensemble qui est créateur de violence institutionnalisée envers les populations vulnérabilisées, humaines et animales. Les rapports de pouvoir sur les humain-e-s et les animaux ont par ailleurs prouvé leurs impacts catastrophiques sur la situation climatique. Aujourd’hui enfin, de par les nombreuses mobilisations militantes à travers le monde, couplées des derniers rapports scientifiques, le débat public autour des conséquences de l’activité humaine capitaliste et inégalitaire sur la dérèglement climatique est en place. Ce ne sont donc pas les activistes qu’il faut incarcérer, mais le système qui est à changer si l’on veut préserver la possibilité de vivre sur cette terre.

Rappel des faits

Le 29 novembre 2018, Matthias et une autre activiste sont envoyés à Champ-Dollon, soupçonné-e-s de dégradations matérielles à l’encontre de restaurants, boucheries et affiches spécistes. La 2e activiste sera relâchée après une semaine de détention. Matthias* y croupira jusqu’à ce jour. Mirabelle*, une 3e activiste y sera incarcérée elle aussi durant un mois avant d’être libérée.

L’antispécisme est une lutte politique au même titre que le féminisme, la reconnaissance des droits pour les personnes LGBTIQ+ et l’antiracisme. Elle prône la nécessité de porter la voix des 77.5 millions d’animaux tués chaque année en Suisse, des 60 milliards tués dans le monde et des 1000 milliards d’animaux marins qui subissent les conséquences de la pêche. Ainsi, le droit à la vie et au respect des intérêts fondamentaux de ces individus doit primer sur la pérennité d’un système économique, d’une tradition ou d’un plaisir gustatif. L’activisme antispéciste oeuvre donc par différents moyens, légaux et dissidents, pour aboutir à un changement de système nécessaire à la survie des êtres sensibles dans un contexte d’urgence écologique.

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Voir en ligne : renverse.co

P.-S.

Ceci est un communiqué de presse repris de : https://www.facebook.com/solidariteavecnotrecamaradeantispeciste/


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