Nous, le collectif AntiCRA de Dijon, souhaitons affirmer publiquement notre opposition à un nouveau projet de construction de Centre de Rétention Administrative à Longvic. Nous sommes révoltés par l’existence et inquiet de la multiplication de tel lieux. Dans ces prisons qui ne disent pas leur nom, alors qu’elles n’ont commis ni crimes, ni délits, des personnes sont privées de liberté dans des conditions indignes et dégradantes, uniquement pour des raisons administratives (à savoir pas de papiers ou pas de renouvellement de titre de séjour).
Il est de notre responsabilité, nous qui n’avons pas à subir la politique raciste de la France, de lutter coûte que coûte contre le traitement injuste et la réalité inhumaine que subissent les personnes qui sont enfermées en CRA.
Si les CRA ne sont pas officiellement des prisons, pourtant tout y ressemble, les hauts grillages, les doubles enceintes, les barbelés, les chemins de ronde, l’interdiction de sortir, la surveillance permanente de la police. Les personnes privées de liberté vivent dans des conditions inhumaines (mal alimentées, manque d’hygiène et d’accès aux soins, médicamentation forcée, violences policières multiples ...).
Sans compter que les personnes ne peuvent souvent pas exercer leurs droits aux recours administratifs et juridiques. Le désœuvrement des détenu.es est total, car aucune activité n’est possible à l’intérieur. Enfin et surtout, une incertitude permanente concernant la possibilité d’être déporté·es à tout moment entraîne un stress constant. La violence de cet enfermement pousse régulièrement les prisonnier·ères au suicide. Ainsi entre 2018 et 2023, six personnes sont décédées dans ces prisons.
Ces lieux de privations de liberté sont devenus les outils d’une politique de plus en plus répressive à des fins sécuritaires : « Des personnes font ainsi l’objet de décisions d’éloignement et sont enfermées en raison de suspicions ou de faits pour lesquels elles n’ont pas été condamnées. » L’utilisation accrue et le développement des CRA est un choix politique xénophobe, une stratégie raciste violente et humiliante envers les personnes migrantes. Ainsi, des personnes qui ne peuvent pas être expulsées sont enfermées en CRA, puis relâchées et ce à plusieurs reprises. « Des personnes, qui sont pour certaines depuis des années ou même des dizaines d’années sur le territoire français, qui y ont construit leurs vies, sont arrêtés du jour au lendemain, se voient soudain coupées de leurs proches et de leur activités, et menacés de perdre tout ce qu’elles ont. »
La loi Darmanin de 2023 implique le projet de construction d’une dizaine de nouveaux CRA, en plus des 26 existants en France, dont un de 140 places prévu à Longvic-Ouges sur le site de l’aéroport de l’ex BA102. Avec un budget prévisionnel de 30,3 millions d’euros d’argent public. Les travaux devaient débuter en avril 2025, mais finalement ne commenceront pas avant le mois de juin, pour se terminer a priori en décembre 2026. L’État ferme des places en CADA (centre d’accueil des demandeurs d’asiles) et construit des CRA à la place, à l’abri des regards, rendant invisibles les personnes séquestrées et leurs conditions de rétention.
Prendre place contre les CRA c’est prendre place contre les idées d’extrêmes droites qui ont envahies les discours et les mesures politiques dans de nombreux pays, en Europe et ailleurs. Entre 2012 et 2023 la Cour Européenne des droits de l’homme avait déjà condamnée 11 fois la France pour « manque flagrant d’humanité » pour avoir enfermée des enfants parfois âgées, de quelque mois seulement ou bien isolées. On dénombre plus 35000 enfants enfermés au cours de cette période.
La situation exige des prises de positions courageuses et d’user de toutes les voies possible pour nous lutter contre le projet de construction du CRA. Nous espérons que vous vous sentirez concerné et déterminé à y participer à votre échelle.
Personne n’est illégal
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