Chronique estivale de l’impunité policière



Alors qu’on vient de découvrir la responsabilité de l’État français dans le massacre de plus de 300 Algériens à Paris le 17 octobre 1961, celui-ci se révèle être toujours enclin à couvrir les méfaits de ceux qu’il nomme « forces de l’ordre ». La bonne blague.

La police humilie, agresse, mutile et tue. On le sait. Mais ça continue, ça fait partie de leurs fonctions, ça ne gène pas les bons citoyens qui leur trouvent des excuses valables. Heureusement, il reste quelques individus qui n’ont pas perdu toute leur dignité et ne tendent pas leur deuxième joue face au harcèlement policier. Petite chronique d’une période qui donne chaud à la tête.

Carcassonne, le 23 juin, un conducteur est grièvement blessé par des tirs de deux policiers de la BAC dans le quartier de la Bastide. Les decks justifient leurs actes en prétextant une tentative de fuite lors de laquelle l’un d’entre eux aurait été heurté par la voiture du "fuyard". À son réveil, après 40 jours de coma, le conducteur est mis en examen pour "tentative de meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique", les flics, eux, se la coulent douce. Le bâtard de la BAC qui a été ’heurté" n’a même pas passé un jour à l’hôpital. La famille du conducteur porte plainte pour coups et blessures volontaires avec une vidéo à l’appui : le conducteur tente de fuir en courant et est touché dans le dos par les balles des keufs. L’IGPN de Marseille est saisie pour « violences volontaires avec arme par personnes dépositaires de l’autorité publique ». Une justice, deux poids, deux mesures.

Le Bourget, le 15 juillet, un équipage de flics en voiture s’arrête à côté d’un SDF pour l’asperger à bout portant de gaz lacrymo, un passe-temps banal pour ces fumiers. Deux d’entre eux sont suspendus. Si t’es flic et que tu t’amuses à défoncer n’importe qui gratuitement on t’offre des vacances, super non ?

Talant, le 18 juillet, un enfoiré de la BAC fout la pression à un homme qu’il suspecte de vol. L’autre ne se laisse pas faire et avec quelques potes il défonce le flic.

Lyon, le 20 juillet, trois flics en civil agressent une personne qui sort d’une supérette de la Guillotière. Elle serait suspectée de vol. En réaction, les trois condés sont pris à parti par les personnes qui passent par là. Une première personne est interpellée, ce qui donne à Darmanin l’occasion d’exprimer librement tout son racisme : « Les délinquants étrangers n’ont pas leur place en France ». Le suspect mis hors de cause, Darmanin déclare finalement : « en lien avec les événements ou non (...) cet individu n’a rien à faire dans notre pays ». Le message est clair, si t’es étranger tu dégages, surtout si tu galère tellement que t’es obligé de voler. Le malchanceux est en CRA en attente de son expulsion. Plein soutien à lui. Deux autres personnes sont en détention en attente de leur procès. Plein soutien à eux.

Auxerre, le 21 juillet, le parquet vient d’ouvrir une information judiciaire pour "violences volontaires en réunion avec armes contre X" quatre mois après qu’un homme ai été blessé par balles à Saint-Florentin par des policiers l’ayant confondu avec un supect. Si c’est le flic qui avait pris une balle le tireur serait déjà mort...

Saint-Brieuc, le 22 juillet, des flics emmerdent un automobiliste. Un homme tire au paintball depuis son appartement sur un policier qui est très légèrement blessé à l’oeil gauche. Les quatre appartements de l’immeuble sont perquisitionnés et le suspect est incarcéré en attente d’un procès le 23 septembre.

Wattrelos, le 26 juillet, les flics croisent une voiture, font demi-tour et mettent leur gyro en la suivant. La voiture prend la fuite. Les schmits la poussent à la faute, la voiture se renverse et un passager est tué sur le coup.

Bourges, le 30 juillet, un homme essaie de fuir un contrôle policier. Un flic tire quatre fois sur le fuyard. Un autre aurait été percuté par l’automobile en fuite.

Face à la pression quotidienne de la flicaille en manque de sensations fortes, certain.es s’organisent et tentent de renverser le seum :

Vitry-sur-Seine, le 31 juillet, le commissariat de Vitry-sur-Seine est visé par des tirs de feux d’artifices et des cocktails molotov. Les flics qui sortent pour tenter d’interpeller les artificiers tombent dans des guets-apens dans les quartiers voisins. Une petite revanche pour une humiliation quotidienne. "94 banlieue sud Vitry, là où ça rôde tard le soir, Hein, hein, à l’heure où tout le monde se couche."

Molenbeek, le 1er août, un homme est interpellé pour rébellion par un flic qui avait envie d’arrondir ses fins de mois. Le détenu casse les toilettes de sa cellule, passe par le trou qui lui est offert pour accéder au couloir du sous-sol et s’évade par une fenêtre. Bien joué !

Limoges, le 1er août, une voiture crame dans le quartier du Val de l’Aurence. Les flics arrivent et sont reçus à coups de mortiers, pierres et cocktails molotov. S’en suit plus de 5 heures d’affrontements. La seule réponse de la préf est d’envoyer les zinzins de la CRS 8, la nouvelle unité déployable rapidement dans toute la France en cas de violences urbaines.

Sevran, le 2 août, des flics débarquent dans le quartier des Beaudottes parce que quelques poubelles brûlent. Ils sont pris à partie par des tirs de feux d’artifices et de jets de pavés. Il faut dire qu’ils ont assassiné un habitant du quartier en mars dernier. "C’est ni l’pieds ni la gloire quand tout crame. C’est même pas une réponse à la hauteur du drame. Mais c’est comme ça c’est tout, c’est tout s’qui reste. Quand l’quartier fait même peur a la peste."

"Honneur aux Ghettos, aux braves, aux parents, à ceux qu’on met de côté, ceux qui sont pas assez recompensés à la fin de la journée."



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