Communiqué de presse
À Chalon, le 14 mars 2020
Fermeture des écoles : une mesure de bon sens, accompagnée d’une
communication trompeuse
Le SNUipp-FSU 71 (principal syndicat des professeurs des écoles) prend note de la suspension de l’accueil du public dans les écoles et établissements scolaires annoncée par le président. On sait que les enfants peuvent être propagateurs du virus en étant porteurs sains, on sait aussi que les plus jeunes sont moins capables d’appliquer les « gestes barrières ». La fermeture des écoles était donc une mesure attendue pour protéger la population, dont les élèves et les personnels des écoles.
Mais cette mesure de bon sens s’accompagne d’un leurre de communication du gouvernement car la « continuité pédagogique » est impossible :
• Comme tout travail scolaire réalisé à la maison, cela creuse les écarts liés aux inégalités économiques, éducatives et culturelles des familles. Le choix fait par beaucoup d’enseignants des écoles sera donc d’inciter les élèves à s’exercer sur des notions déjà travaillées, mais même là des obstacles subsisteront pour certains, tout particulièrement les élèves en difficulté scolaire, sociale, culturelle,…
• A l’école maternelle, c’est encore plus compliqué. Quand les programmes mettent en avant la nécessité d’apprendre par les jeux pédagogiques, la manipulation de matériel et les activités motrices, que vont bien pouvoir proposer à distance les enseignant.es de ces classes ?
• La communication autour de l’utilisation du numérique pose question : toutes les familles ne disposent pas d’un équipement informatique complet (PC + imprimante + connexion internet), ni d’un espace de travail propice à la concentration de l’enfant plusieurs heures par jour. Dans notre département, les « zones blanches » existent encore. D’ailleurs, beaucoup d’écoles n’ont pas de matériel informatique ou très peu, ni de connexion internet, ces annonces laissent donc songeur…
• Enseigner est un métier qui ne s’improvise pas, avec tout ce que cela suppose de préparation, de repérage des difficultés, d’adaptation aux besoins de chaque élève etc. L’expertise professionnelle des enseignant.es sera pas remplacée… Transmettre du matériel pédagogique aux familles ou suivre une « classe à la maison » ne suffira pas à faire avancer les élèves comme ils l’auraient fait en classe. Dans l’école primaire, la « continuité pédagogique » n’aura pas lieu. Tout au plus y aura-t-il une forme de « continuité scolaire ».
• A ce jour, les injonctions hiérarchiques des différents niveaux (ministère, rectorat, inspection académique, inspections de circonscription) sont discordantes. Seule la professionnalité des enseignant.es permettra de mettre en place au mieux des propositions d’outils adaptés au contexte local, mais elle est entravée par cette cacophonie.
Soulignons également que si tout s’arrête, le gouvernement doit aussi arrêter son projet de réforme des retraites. Dans un tel contexte, il serait totalement scandaleux qu’il passe en force alors que la population est « occupée » avec cette crise sanitaire.
Enfin, cette crise rappelle que les services publics sont un bien commun essentiel. Ils permettent à tout le monde et en particulier aux moins favorisés d’accéder aux soins, à l’éducation etc. Il faut les renforcer plutôt que les détruire, comme le fait ce gouvernement. C’est l’aspect hypocrite du discours de Macron, qui loue les services publics après avoir continué de les saccager depuis son élection… Les fortes mobilisations, notamment à l’Hôpital et dans l’Éducation Nationale, sont donc légitimées par la communication gouvernementale.
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