Dans la zone inondable du Suzon, Nathalie Koenders affirme que “le risque de crue est inexistant”



Dans la zone inondable du Suzon, Nathalie Koenders affirme que “le risque de crue est inexistant”. L’ancienne championne de kayak va devoir ramer pour expliquer cet étrange paradoxe.

Lors de la réunion publique du mercredi 24 janvier, les habitant.e.s du quartier de la Charmette ont interpellé la première adjointe du Maire de Dijon, sur le risque d’inondation aggravé par le projet immobilier Venise-2 qui viendrait bétonner une “zone naturelle d’expansion des crues” du Suzon. Mme Koenders a nié l’existence d’un risque de crue sur le terrain de Venise-2, aléa qui figure pourtant clairement sur la carte des risques d’inondation du PPRN de Dijon !

Bonsoir Mme Koenders,

Permettez-moi d’intervenir en tant qu’habitante du quartier de la Charmette. Lors de la réunion publique à la Maladière la semaine dernière, vous avez été interpellée sur la nécessité d’abandonner les projets immobiliers le long des cours d’eau à Dijon afin de limiter les risques d’inondation.

J’ai découvert, grâce au collectif “Sauvez Suzon”, que ma maison se trouve dans la zone inondable du Plan de Prévention des Risques d’Inondation, qui date de 2015. Merci à ces lanceurs d’alerte, mais je suis très inquiète de vos réponses.

J’ai lu qu’avec votre collègue Antoine Hoareau, vous aviez reconnu un risque d’aggravation des crues à l’avenir, du fait du changement climatique et de pluies beaucoup plus intenses ; mais en même temps vous avez contesté que le terrain du projet immobilier Venise 2, peut constituer une zone d’expansion des crues du Suzon.

Si on regarde bien le plan, ce terrain est déjà situé en zone inondable ! Le projet Venise 2 porte bien son nom ! Il me paraît donc essentiel de considérer dès maintenant ces 3 hectares des berges du Suzon comme une zone d’expansion des crues. C’est-à-dire un bassin de rétention où l’eau viendra se stocker pour limiter la crue et éviter l’inondation du quartier Charmette situé en aval. Il ne faut pas artificialiser ces terres ! Sinon, en cas de pluie diluvienne, c’est bien plus de maisons que sur cette zone bleue qui seront inondées, et plus fortement. Vous avez en tant qu’élue la responsabilité d’assurer la sécurité des Dijonnais et Dijonnaises.

Mme Koenders, allez-vous enfin vous décider à abandonner le projet Venise 2 ?

La première adjointe, qui devait s’attendre à être interpellée sur ce sujet d’inquiétude pour de nombreux riverains du quartier Charmette, a répondu en lisant un texte (fourni par ses services ?). Elle a terminé en affirmant :

“Pour le projet Venise 2, le terrain n’est pas une zone d’expansion de crue car le lit du Suzon est bien plus bas [...] et le risque de crue est inexistant à cet endroit.” - écouter

Gros problème : le terrain du projet Venise 2 est bien situé en zone inondable, selon la carte du Plan de Prévention des Risques Naturels (PPRN) de la Ville de Dijon, reprise dans le PLUi-HD et superposée ici au plan masse du programme immobilier :

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Dans son arrêté de non-opposition au projet Venise 2, le Préfet de Côte d’Or reconnaît également que le terrain est situé en zone inondable :

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D’autre part, ce n’est pas pour rien que le promoteur prévoit de construire ses maisons sur PILOTIS !

Des riverains ont aussi rappelé à Mme Koenders que des crues du Suzon ont déjà entraîné des inondations du quartier Charmette, notamment en 1967 où toutes les rues adjacentes avaient été inondées, jusqu’au milieu du terrain de foot.

Une habitante dépitée, a finalement rappelé cette évidence à Mme Koenders :

“Le principe d’une crue, c’est que l’eau monte… parfois jusqu’à sortir de son lit !”

La première adjointe au Maire de Dijon va devoir ramer très fort pour expliquer aux Dijonnais.es cet étrange paradoxe d’un “risque de crue inexistant”... en zone inondable. Heureusement, comme ancienne championne de kayak, en pagaie elle s’y connait !

On a bien rigolé, soyons maintenant un peu sérieux :

Rappelons que le Plan de Prévention des Risques Naturels(PPRN) de la Ville de Dijon date de 2015, qu’il se base sur une étude hydrologique partielle de 2009 et sur des coefficients que Météo France a déclaré obsolètes en 2017, du fait de la modification des précipitations liées au changement climatique.

Concrètement, aujourd’hui une large partie du quartier Charmette se situe déjà en zone d’aléas faible et moyen pour le risque inondation.

Or le PPRN souligne (p. 8-9) l’importance de « préserver au mieux les champs d’expansion des crues des cours d’eau », et précise que « pour cela les champs d’inondation des cours d’eau sont systématiquement traduits en zone Rouge, même en présence d’aléa faible d’inondation, dès lors qu’ils se situent en dehors d’un contexte urbain existant. »

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Un recours contentieux est d’ailleurs en cours contre le non-opposition du Préfet au Dossier Loi sur l’Eau de Venise-2.

Nous estimons que l’emprise très importante, 3 hectares, que constitue le site naturel de la plaine et des berges du Suzon, et le fait qu’il soit situé à proximité immédiate - 900 mètres - du début de la zone agricole (au nord) aurait dû amener le préfet à appliquer un principe de précaution en considérant que ce champ d’expansion naturel des crues du Suzon est de fait situé en zone non urbanisée, puisque n’étant lui-même pas urbanisé, et ainsi le considérer comme ayant un statut de zone Rouge, ce qui aurait eu pour effet de rendre inconstructible cet espace.

Par ailleurs, dans son Dossier Loi sur l’Eau, le promoteur de Venise-2 calcule lui-même que du fait de l’artificialisation du terrain, le coefficient de ruissellement va augmenter de 50 %, et prévoit le rejet des surplus de ruissellement directement dans le Suzon comme solution de traitement des eaux pluviales.

Il est clair que la bétonisation des 3 hectares des berges du Suzon va avoir un impact sur le débit du cours d’eau, qui plus est en cas de forte pluie.

Au mépris des arguments avancés tant dans les recours judiciaires par les associations qui ont requis contre les différents actes de Venise-2, que lors des réunions publiques par des habitants, et en ignorant les avertissements de la vice-présidente du groupe 3 du GIEC, Valérie MASSON-DELMOTTE, pourtant venue à Dijon leur expliquer l’importance de réviser leur Plan de Prévention des Risques Naturels, les élu.e.s Dijonnais regardent dans le passé !

Interrogés par les riverain.e.s du quartier Charmette dans deux réunions publiques, les élu.e.s de la Ville de Dijon maintiennent que le terrain n’est pas une zone d’expansion des crues, et affirment même que le risque de crue est inexistant.

Comment est-il possible d’être si catégorique en 2024, face au changement climatique ?

Entendra-t-on un jour le (la ?) Maire de Dijon, après une inondation catastrophique, nous faire cette macronade : “Mais enfin qui aurait pu prédire que le Suzon sortirait de son lit ?”


La réponse est simple : abandon du projet immobilier Venise 2 et reconnaissance complète de la Réserve Urbaine de Biodiversité du Suzon !

Collectif Sauvons les berges du Suzon

alerte-beton@riseup.net



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