L’histoire est rapportée dans le Bien Public du mardi 24 septembre :
« Philippe, la soixantaine » est un bon citoyen et il est à bout. Le désordre règne dans son quartier, le bas de l’avenue Eiffel, presque le 9-3 comme chacun sait. « Philippe n’en peut plus de voir des véhicules stationner sur le passage piéton ou sur le trottoir, face à son domicile ». Comme tout bon voisin vigilant il commence donc à prendre les contrevenants en photos depuis sa fenêtre, dans l’optique sans doute d’aller les balancer aux premiers flics venus.
Quelle n’est pas sa déception en constatant au fil des jours que les flics font précisément partie des contrevenants les plus réguliers ! Sûr de son bon droit - la police est là pour nous protéger et faire régner l’ordre n’est-ce pas ? - Philippe décide, un beau jour de novembre 2022, alors qu’il rentre chez lui en voiture, d’aller faire remarquer aux agents qu’ils sont en faute. « Il s’arrête à hauteur de la voiture, retire sa ceinture pour descendre sa vitre passager avec la manivelle et proteste ». La suite va vous étonner (si vous croyez comme Philippe que la police est là pour faire respecter le bien commun).
Étonnés, sans doute, qu’un quidam ose les accuser de quoi que ce soit, eux qui sont habitués à être systématiquement blanchi [1] par leur hiérarchie et par la justice (sans parler de ce canular qu’est l’IGPN), les flics prennnent la mouche et ordonnent au pauvre Philippe de faire demi-tour et de se garer. Verdict : trois PV pour conduite sans ceinture, demi-tour dangereux, et un éclat sur le pare-brise, soit 4 points et 270€ d’amende.
L’histoire aurait pu en rester là si Philippe, décidemment dur à déciller, n’avait pas le sentiment du bon droit chevillé au corps. Résolu à réparer l’injustice subie il se rend à Suquet pour donner en main propre une lettre de contestation de ses PV et les photos des voitures de flics mal garées. À l’arrivée c’est une nouvelle déconvenue pour celui qui s’imaginait surement qu’en tant que « citoyen idéal, qui paie ses impôts, respecte la police » (c’est ainsi que son avocat le décrira) il serait accueilli avec les honneurs par le commissaire en personne - et pas par une jeune policière le renvoyant chez lui pour remplir un formulaire sur internet. La flic de l’acceuil, par esprit de corps, aurait-elle envoyé paître sèchement un présomptueux osant porter l’accusation contre ses collègues ? On n’oserait pas le croire. Quoi qu’il en soit pour Philippe ç’en est trop, la colère l’emporte et il pousse la jeune policière, qui a ensuite beau jeu de l’accuser de « violence sur représentant des forces de l’ordre » et de lui demander 500€ de dommages et intérêts. Devant le tribunal, le procureur demandera « une réponse forte » : 4 mois de prisons avec sursis. Philippe sera finalement condamné à 800€ d’amende avec sursis et à payer 150€ de dommages et intérêts à la flic de l’accueil, en plus de ses amendes.
D’un côté des flics qui se conduisent comme des petits caïds (mépris de la loi, extorsion en bande organisée), de l’autre un vigilante qu’on aurait pas aimé avoir comme voisin dans les années 30, et qui, abreuvé de propagande républicaine, refuse de les voir comme ce qu’ils sont : les hommes de main d’une mafia qui a réussi. À la fin c’est la balance du quartier qui trinque, tant pis pour lui. Il fallait ouvrir les yeux avant Philippe.
Un lecteur du BP
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