Ce 31 décembre, ce sont près de 2.500 personnes qui se sont réunies pour deux jours de fête dans un hangar en Ille-et-Vilaine. Ce réveillon marqua le départ d’une machine politico-médiatique toujours pas retombée : chroniqueurs et politiciens scandalisés, chasse au bouc-émissaire, surenchérissement des sanctions à appliquer. Aujourd’hui les organisateurs présumés risquent dix ans d’emprisonnement.
Est-il nécessaire de rappeler que les free-parties sont, Covid ou non, interdites et réprimées par les pouvoirs publics depuis bien longtemps ? En 2001, l’amendement Mariani s’attaquait déjà à ce mouvement en imposant, entre autres, la déclaration en préfecture et en instaurant la saisie du matériel ainsi qu’une pénalisation sévère des organisateurs. Les gouvernements successifs ont choisi l’interdit comme seule méthode de gestion de ces évènements. Dès lors, comment s’étonner que les rassemblements s’organisent sans eux ?
Bien que cette fête survienne dans un contexte de crise sanitaire présente, réelle et menaçante, liée à l’épidémie meurtrière de la Covid-19, on peut constater que des dispositions ont été prises pour réduire les risques.
Les organisateurs ont fait le choix d’un lieu, un grand hangar ouvert, permettant une aération en continue de l’espace.
L’association Techno+ était présente, conformément à ses missions, pour accompagner les personnes présentes. Des masques et du gel gratuits étaient à disposition et les consignes de l’ARS Bretagne ont été relayées : gestes barrières, se faire tester, se mettre en quarantaine à l’issue de la soirée. Des consignes spécifiques ont été communiquées comme ne pas partager les bouteilles d’eau
et des messages et outils de réduction des risques ont été diffusés comme l’y autorise le Décret n° 2005-347 du 14 avril 2005 approuvant le référentiel national des actions de réduction des risques en direction des usagers de drogue et complétant le code de la santé publique.
En dépit des accusations relayées par les médias, nous tenons à rappeler ici qu’en vertu de ce décret, de nombreux dispositifs sont financés sur tout le territoire français pour mener des actions de prévention et de réduction des risques sur une multitude de terrain d’intervention. Que ceux-ci soit jugés légaux ou illégaux (entre autres freeparties, squats et bidonvilles), nous continuerons d’y être présents pour accompagner les personnes concernées par les usages de substances psychoactives et les risques liés à la fête.
Nous ne le répéterons jamais assez, il faut être solidaire des personnels de santé, prendre soin de soi et des autres, réduire au maximum les risques de contaminations, en finir avec cette maladie, et pour cela, il faut savoir prendre des mesures responsables. C’est dans ce cadre que les intervenants de Techno+ ont assuré leurs missions et on ne peut que saluer leur travail.
Et n’oublions pas que, comme l’expriment parfaitement les organisateur.trices de la soirée dans leur tribune à Libération : « Ces fêtes sont un vecteur d’espoir et de cohésion sociale pour des centaines de milliers de jeunes, de toutes classes et de toutes origines. Elles sont ce qu’elles sont, mais elles sont surtout le reflet de toute une partie de notre société que nos gouvernant·e·s ne pourront éternellement continuer d’ignorer. »
La crise sanitaire liée à la Covid-19 agit en révélateur des limites et manquements du modèle sociétal dans lequel nous évoluons, basé sur la prohibition de certaines substances psychoactives et sur la répression des usager.ères plutôt que sur la promotion de la santé vu par le prisme de la santé publique.
Organisations signataires :
ASUD Mars Say Yeah, Marseille
Bus 31/32, Marseille
Conscience Nocturne, Dijon
Collectif Ensemble Limitons les risques, Besançon
Keep Smiling, Lyon
Proses, Montreuil
Spiritek, Lille
On retrouve ici en podcast une intervention du collectif Conscience Nocturne dans l’émission ElectroStory du 17 Octobre 2019 sur Radio Campus.
Culture Electro Et Répression
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