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Greenwashing de la centrale biomasse de Dijon



A Dijon, 4e ville la plus verte de France, les réseaux de chaleur biomasse « bas carbone » sont censés décarboner la chaleur, avec par exemple la centrale biomasse de Dalkia , la chaufferie des Péjoces. Cependant, de très nombreux éléments scientifiques démontrent que cette neutralité carbone du bois énergie est erronée et que la combustion du bois accélère de façon massive le changement climatique, contrairement au stock de carbone dans les forêts, dans le bois matériau et dans le biochar qui améliore les sols agricoles. Il est donc urgent de s’attaquer au greenwashing des réseaux de chaleur biomasse de Dijon.

Alors que l’urgence cimatique est de plus en plus inquiétante, les forestiers et de nombreux acteurs veulent bruler massivement du bois pour atténuer le changement climatique, malgré les alertes de scientifiques de plus en plus nombreux à l’international qui rappellent que le bilan carbone du bois énergie est complexe et que le temps de retour du carbone après la combustion du bois est trop important face aux objectifs de neutralité carbone.

La métropole de Dijon serait le 4e ville la plus verte de France selon l’Union Nationale des paysages et affiche une volonté forte « d’être une référence en matière d’écologie et de lutte contre la précarité énergétique ». "C’est ainsi que le 21 décembre 2011, le Grand Dijon a confié à Dalkia pour 25 ans la délégation de service public pour la construction et l’exploitation d’un réseau qui permettra d’alimenter en chaleur un large quart nord-est de la commune de Dijon.

Ce réseau de chaleur, coutant 50 millions d’euros, permet de créer 23 emplois, fonctionne à partir de 70% d’énergies renouvelables et avec 50 % de bois (plaquettes forestières) dans un rayon approvisionnement en bois de 150 km. La chaufferie des Péjoces délivre 250 GWh/an de chaleur livrés pour une capacité de 50 000 tonnes/an.

Nous analyserons ici le bilan carbone de la centrale. Les émissions évitées annoncées sont de 38 500 tonnes d’émissions de CO2 évitées par an.

Cependant après un calcul rapide, on obtient 83 250 tonnes de CO2 émis en plus par rapport à une pompe à chaleur ou alors 34 000 tonnes de CO2 en plus par rapport au gaz après la combustion sans prise en compte du recaptage ultérieur du C02 par la forêt.

Pourquoi une telle différence ? L’analyse de cycle de vie(ACV) utilisé communément pour le bilan carbone du bois énergie est de 30 gC02/kWh car la combustion n’est pas comptée. Cela peut sembler étonnant car c’est bien la combustion du bois qui est la source d’énergie du processus et ce ce processus émet du C02 comme coproduit.

Enfin, il faudra ensuite prendre en compte la croissance ultérieure des arbres qui réabsorbera le carbone émis. Le dernier rapport de l’Ademe sur les plaquettes forestière pose un bilan carbone des plaquettes forestière de 100-300 g de C02/kWh 30 ans après la combustion du bois et environ 100 gC02/kWH 100 ans après la combustion.

De plus, il faudrait aussi prendre en compte le temps de résidence du carbone dans les différents réservoirs de carbone. En effet le carbone qui était piégé dans le gaz serait resté longtemps dans le réservoir d’énergies fossiles si le gaz n’avait pas été extrait, alors que le carbone qui est séquestré par les arbres lors de la photosynthèse transite plus régulièrement entre l’atmosphère et le réservoir de biomasse
Malgré les limites de l’exercice, nous pouvons remarquer une différence notable de démarche entre les chiffres officiels annoncés et une démarche qui essaie de prendre en compte la complexité du bilan carbone du bois énergie.

Si bruler du bois dans des chaufferies biomasse est néfaste pour le climat, quel serait le bon usage du bois ?

Il est possible de laisser les arbres, haies, peuplements forestiers stocker du carbone pendant des siècles. Le meilleur usage du bois pour le climat est assurément le bois matériau, composé du bois de meilleure qualité nommée le bois d’œuvre et de bois de moins bonne qualité (bois d’industrie). C’est bien les très nombreux dérivés du bois industrie comme le lamellé-collé, panneaux, les isolants qui vont stocker du carbone sur une très longue durée de vie qu’il faut favoriser pour atténuer le changement climatique.

Au lieu de bruler du bois pour se chauffer qui émet du C02, en transformant le bois en isolant bois cela permet non seulement de stocker le C02 dans les logements à Dijon pendant des décennies mais aussi de décarboner le secteur chauffage en améliorant la performance énergétique des bâtiments. Cela permet non seulement de ne pas beaucoup se chauffer l’hiver mais aussi de garantir une fraîcheur de la température en été lors des canicules qui seront de plus en plus présentes en Bourgogne.

Par ailleurs, il est possible de faire ce qu’on appelle la pyrolise du bois pour en faire du biochar. Il s’agit d’un procédé de combustion de biomasse qui produit en moyenne 30 % de biochar et 70 % de gaz très polluants qui peuvent, et même qui doivent, être brulés pour produire de l’énergie. La différence avec les réseaux de chaleur biomasse c’est que le biochar obtenu permet de stocker du carbone dans les sols agricoles, d’en améliorer la structure, de réduire l’acidité, de retenir l’eau au niveau des racines et même de lutter contre certains insectes ravageurs des cultures. Produire du biochar local pour améliorer la qualité des sols en Bourgogne pourrait améliorer les rendements agricoles et la résilience des cultures face au changement climatique, ce qui serait extrêmement précieux.

Pour conclure, luttons contre le greenwashing des acteurs du bois énergie comme Dalkia à Dijon qui se pare des vertus d’une prétendue neutralité carbone du bois énergie avec 30 g de C02/kWH officiels alors qu’en réalité la centrale émet 10 fois plus de C02 et cela met des décennies à repousser.

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