Ce jeudi 9 janvier, à l’occasion du 36e jour de lutte contre le projet Macron sur les retraites, le ton fût donné dès 5 heure du matin. Une centaine de militant·es (CGT, FO, SUD-Solidaires, Gilets jaunes, non-syndiqué·es, retraité·es, précaires, etc.) étaient réuni·es devant le dépôt de bus de la STAC (filiale de transdev, multinationale de transport) pour une action de blocage pacifique.
La réaction de la police ne se fît pas attendre : à peine le temps de mettre en place une barricade et de déployer une banderole, qu’aussitôt rappliquèrent une douzaine de voitures dont sortirent une trentaine de robocops prêts à en découdre. Le commissaire, muni de son écharpe tricolore s’avança et ouvrit le dialogue :
"vous confirmez que vous êtes en train de bloquer la STAC ?
- non, nous prenons notre petit dèj’
- est-ce qu’il y a des responsables à qui je peux m’adresser ?
- non, c’est un rassemblement spontané
- j’en prends acte, nous nous retrouvons dans quelques minutes
Cette concertation prenant fin, il s’éloigna, donna les consignes à ses subalternes qui fondirent sur nous après des sommations bâclées en 15 secondes. Armés de boucliers et de matraques dont ils firent usage sans réserve, ils nous repoussèrent pour laisser sortir les pauvres autobus pris en otage.
Suivirent 30 minutes de face à face où un enseignant improvisa un cours d’Histoire pour tenter de convaincre le groupe d’intervention de ne pas obéir docilement et aveuglément au régime macronien. Bien que cette leçon fut illustrée d’exemples mûrement choisis tels que la Mutinerie du 17e, et agrémentée de citations fort à propos, nous dûmes constater que les policiers avaient beaucoup de lacunes en sciences humaines, et il faudra encore des cours de rattrapage. Nous repartîmes alors en opération escargot sur la rocade jusqu’au second point d’action de la journée, le lycée Pontus où un blocage était organisé à l’initiative des lycéen·nes.
La maréchaussée ne tarda pas à rejoindre les lieux. Sous l’assistance médusée de 200 lycéen·es, les manifestant·es qui avaient pacifiquement pris position devant l’un des portails du lycée furent rapidement nassés, matraqués et gazés. Un enseignant blessé à la tête et un copain gilet jaune blessé à la hanche furent évacués par les pompiers. Parmi les personnes qui reçurent des coups figuraient des élèves. Cette répression violente est une première à Chalon, qui plus est à l’encontre de lycéen·es dont beaucoup resteront choqué·es d’avoir vu ce qui se peut se déchainer depuis plus d’un an dans notre pays quand on manifeste pacifiquement pour défendre des conquis sociaux ou en gagner de nouveaux.
Les violences policières filmées par les lycéen·nes circulèrent immédiatement sur les réseaux, ce qui explique certainement pourquoi la police reçut l’ordre de quitter les lieux alors que les conditions qui les avaient fait venir restaient exactement les mêmes.
Blocus devant mon lycée, les CRS sont déjà là et ont utilisé la force, certains coups de matraque et gaz lacrymo, un prof qui n'était là que pour travailler c'est pris des coups. pic.twitter.com/giuush0qnz
— Alice 🌻 (@niinaplum) January 9, 2020
Les flics commencèrent alors à reculer, une manifestation sauvage pris forme face à eux et nous les repoussâmes jusqu’à leur fourgonnette. S’ensuivit une manifestation sauvage avec les lycéen·nes jusqu’à la gare, puis dans les rues de Chalon jusqu’aux lycées E.Gauthey et Mathias, où les lycéen·nes tentèrent de convaincre leurs camarades de rejoindre la manifestation de l’après-midi.
A 14h la manifestation rassembla 2500 personnes déterminées à faire reculer Macron, son monde, et son projet de casse sociale. L’AG suivant la manif permit de préparer les actions du vendredi 10 et du samedi 11 janvier.
Pour terminer la journée, nous eûmes le privilège d’assister à un spectacle de rue gratuit digne des meilleurs moments de « Chalon dans la rue ». A l’occasion de ses vœux aux agents de la municipalité dans la salle Marcel Sembat, nous souhaitions en effet interpeller Gilles Pleutré le maire de Chalon pour connaître sa réaction sur les violences policières scandaleuses qui s’étaient produites dans « sa » ville le matin. Mais le maire est courageusement resté barricadé dans la salle, a refusé l’accès aux manifestants et n’est pas sorti à notre rencontre. A l’initiative d’un activiste inspiré le rassemblement s’est alors transformé en un mémorable Showparleur, afin de convaincre les agents municipaux présents dans la salle de se joindre au mouvement.
Nous nous quittâmes plus déterminé·es que jamais et en se donnant rendez-vous pour les actions des jours suivants.
Manu·e, un·e participant·e
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