L’école de la rue - des luttes lycéennes de Dijon et d’ailleurs



La loi Darcos de réduction de dépenses pour l’éducation nationale a déclenché un raz-de-marée contestataire qui dépasse largement la simple opposition à cette loi.

Un élan national

Comme promis par Sarkozy avant son éléction, le gouvernement est entrédans une véritable casse du service public pour réduire les dépenses de l’état*. Le ministre de l’éducation nationale, Darcos, a annoncé la suppression de 11 200 postes pour l’année 2008. Ceci va s’effectuer en ne remplaçant que la moitié du personnel partant en retraite. C’est début-avril que le mouvement de protestation contre ces réformes a commencé. École, collège et lycées, élèves, profs et parents se sont mis en grève et ont manifesté leur mécontentement : les suppressions de postes entrainent des suppressions de classes et celle-ci vont se retrouver surchargées, de plus, certaines options ne pourront être maintenus et seront supprimés, les bac pro seront dévalorisés...

C’est en banlieue parisienne depuis le début de l’année et à Grenoble que le mouvement lycéen à pris le plus d’ampleur. Dans la capitale iséroise, où les parents d’élèves et instituteurs bloquent par ailleurs les formations au système de fichage « base élève », les lycéen-ne-s se rendaient chaque semaine par milliers aux manifestations et on fait de nombreux blocages de lycées et autres actions. Les manifestations s’y terminaient quasi-systématiquement en affrontements avec la police pour atteindre le rectorat, bloquer la gare ou reprendre les rues couvertes de gaz lacrymogènes. Assez vite, les syndicats lycéens ont lâché un mouvement qu’ils ne contrôlaient pas, ce qui n’a en rien empêché la lutte de se poursuivre puisque les forces vives s’étaient regroupées en une coordination lycéenne autonome. Fin mai, on a pu y assister à l’ouverture dans un immeuble laissé à l’abandon au centre-ville de la « Maison du lycéen » où ceux-ci peuvent maintenant se rencontrer, organiser la lutte, vivre et ... réviser leur bac avec de nombreux cours bénévoles. Dans cette ville et dans d’autres, il était clair qu’au delà des questions de suppressions de poste ou de diplômes, les lycéen-n-e-s se battaient pour reprendre le contrôle de leur vie, penser un avenir qui ne soit pas constitué de contrôles policiers, de boulots de merde ou d’ennui.

L’émergence d’un mouvement dijonnais

À Dijon, après la manifestation du 24 mai où la FIDL et l’UNL national ont décidé (comme si c’était à eux de le faire) d’arrêter le mouvement, des lycéen-ne-s, elles et eux, ont décidés de s’organiser et de créer un collectif. Au début le collectif a regroupé des lycéen-ne-s de 5 lycées (Monchapet, Castel, De Gaulle, Marcs d’or, St-jo) mais après la manif du 3 juin (organisée par le collectif et boycottée par la FIDL), la quasi-totalité des lycées l’ont rejoint. Après cette manif, il y a eu une AG où les lycéen-ne-s ont décidés de refaire une manif vendredi 7 juin, nocturne cette fois-ci pour permettre à celle et ceux qui ne voudraient pas sécher les cours avant les exams de venir. Mais la pluie torrentielle a découragé la participation. Faute de manifestation, les lycéenn-e-s ont décidés de se réunir à l’abri dans le centre commercial Dauphine, où elles et ils se sont mis à discuter de l’article du Bien Public sur la manif de mardi et de la suite du mouvement. Après avoir débattu sur ce qu’est le collectif : anarchiste ? communiste ? de gauche ? de droite ? les lycéen-ne-s se sont déclaré-es collectif autonome de tous parti, syndicat ou idéologie, ce qui bien sur n’interdit pas individuellement d’être dans un parti, un syndicat ou d’avoir une idéologie.

Le silence des médias, que ce soit à Grenoble ou ailleurs, a été impressionnant. À Dijon, l’article du Bien Public sur la manifestation du 3 juin a été particulièrement pourri : on y parle de « tract à référence anarchiste » (un verdict journalistiques et policier appliqué à toute dynamique qui émerge hors des structures contrôlés par les partis politiques ou les centrales syndicales), de « poubelles transformées en tambour de guerre », « d’improvisation de blocage » et on donne la parole à un policier (caché sous l’appellation d’« un passant outré ») : « C’est un scandale, j’ai vu une vieille dame handicapé en béquille faire 400m pour aller rejoindre le bus de l’autre coté de la route, ils se croient tout permis ». Si le coté festif, bruyant, la volonté de perturber un tant soit peu le cours habituel des choses étaient assumés parce que vus comme des bases d’un mouvement qui entend rallier, s’épanouir et peser face au gouvernement, le Bien Public n’y voit que sujet à peur et dérision et fait évidemment complètement passer à la trappe les revendications des lycéens et le pourquoi de ces blocages.

Quoi qu’il en soit et pour la première fois depuis longtemps à Dijon, les bases d’une organisation collective inter-lycéennes ont été posées pour pouvoir s’inscrire dans les luttes à venir.

* ou par exemple acheter plus de matériel de guerre pour la police (flashball, bouclier, lacrymo, grenade de désencerclement, taser etc.) et construire de nouvelles prisons pour mineurs ou adultes.

contact du collectif : darcosvador@brassicanigra.org



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