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Novlangue et vidéosurveillance



Comme évoqué dans le précédent numéro de Blabla, la Mairie envisage de placer des caméras dans les rues de Dijon. Il peut être assez intéressant de s’attarder sur la façon dont la communication en est faite auprès de la population dijonnaise.

Pour commencer, le choix des mots semble avoir son importance. Dans les communications de la Mairie, ainsi que dans l’appel d’offre paru au Journal Officiel, le choix est fait de parler de... "vidéo-protection". Ah, l’art des mots... Et dans les médias locaux comme le Bien Public et la Gazette de Côte d’Or ? Vous savez, ces sources d’information neutres et indépendantes écrites par des gens dont la déontologie est une préoccupation majeure. Hé bien dans leurs articles, on remarque avec surprise (bof) et amusement (re-bof) l’utilisation exclusive du terme de "vidéo-protection". Pauvreté littéraire... ou parti pris ?

Au passage, vous savez combien de caméras seront installées ? Dans ses discours, le maire n’a-t-il pas parlé d’une dizaine ? Ah non, j’ai du mal entendre... parce que l’appel d’offre au JO parle de 26 caméras.

Toujours dans la différence entre discours et réalité, il faut savoir que la mise en place de vidéosurveillance est un projet à part entière poussé par le gouvernement MAM/Sarkozy. L’État "encourage" (financièrement parlant) les mairies à installer des caméras, avec pour objectif d’avoir un million de caméras dans les rues en 2009. La hausse des "regroupements de jeunes" et autres signes inquiétants de délinquance pointés par Rebsamen au centre-ville ne seraient-ils finalement qu’une contextualisation locale un peu forcée légitimant la mise en place d’un programme national de contrôle généralisé ? Toujours est-il qu’en terme de démagogie sécuritaire, on dire peut que le PS et l’UMP ont parfaitement accordé leur violons.

Par ailleurs, en plus de "l’appui" de l’État, une prime vient récompenser les mairies qui acceptent de relier leurs caméras au réseau de la police nationale. Mais bon, Dijon ne va quand même pas faire ça, ça nous rapprocherait vraiment trop du monde de Big Brother prédit dans le roman 1984 de George Orwell. Ah ben si, tiens, les rues dijonnaises seront elles aussi sous surveillance directe de la police.

De tout cela, pas un mot dans les discours et les médias : on détourne simplement l’attention en parlant du fait qu’il n’y aura qu’un seul écran de contrôle au PC de la mairie, que les images ne seront vues que par des « agents municipaux triés sur le volet », qu’elles « ne seront pas diffusées en continu », et qu’elles « se brouilleront lorsqu’elles se rapprocheront trop près d’une habitation ». Ah, le policier de cet après-midi ne va pas pouvoir me mater sous la douche, alors c’est bon, je me suis fait du souci pour rien !

Des caméras, ce n’est pas comme des jumelles à distance : une fois qu’elles sont là, que les images sont instantanément informatisées, stockables, copiables et transmettables, toutes les promesses du monde arrivent trop tard. Notamment, le comité d’éthique qui va être mis en place n’apporte aucune solution (d’ailleurs, la Ligue des Droits de l’Homme pourrait refuser d’y participer pour marquer son refus de cautionner le dispositif de vidéosurveillance dijonnais).
Reste à trouver des moyens d’échapper au contrôle (le carnaval tous les jours à Dijon ?), et à continuer à mettre la pression pour que le réseau de caméras ne s’étende pas plus que ce qui est pour l’instant prévu.

davux


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