Le problème du circuit Dijon-Prenois
D’abord, le circuit automobile Dijon-Prenois est une nuisance perpétuelle pour la forêt qui l’entoure. Baladez-vous dans les parages un weekend entre mars et novembre et vous entendrez vrombir les moteurs sur des kilomètres à la ronde à n’en pas pouvoir discuter. Vos oreilles excédées, vous pourrez focaliser vos yeux à la recherche de plantes - des animaux en revanche, vous n’en verrez pas, leur sensibilité au bruit les repousse loin, supprimant leur espace de vie bien au-delà des 65 hectares de forêt rasés en 1972 pour construire le circuit.
A la forêt rognée s’ajoute les émissions de particules fines (combustion du pétrole et usure des pneus) et celles de dioxyde de carbone, causant respectivement cancers et dérèglement climatique.
Par ailleurs, les courses automobiles véhiculent des idéologies néfastes, certaines communes aux sports de haut-niveau (méritocratie, domination d’autrui, virilisme) et d’autres spécifiques (valorisation d’une pratique intrinsèquement polluante, promotion de la technique comme solution à la catastrophe écologique). Hors compétition, l’automobile sur circuit est le loisir d’une élite qui n’hésite pas à parcourir des centaines de kilomètres pour venir tourner en rond à toute vitesse.
Cerise sur le gâteau, la ville de Dijon associe son nom au circuit, lui offrant un soutient symbolique, et le département de Côte d’or a versé en 2022 la somme de 88 500€ pour la réfaction de la route d’accès. La connivence de l’administration dijonnaise est sans borne puisque le circuit n’a pas fourni certaines pièces (relevés sonores) nécessaires à son homologation, un recours a été déposé par les Sentinelles de la montagne dijonnaise et l’audience au tribunal est repoussée sans motif depuis 1 an et demi. Ajoutons qu’en 2019, le projet d’extension du circuit (impliquant la destruction de 40 ha de forêt supplémentaires) n’a été stoppé que par l’office national des forêts (ONF).
Les lecteur·ice·s souhaitant plus d’informations pourront se référer au site des sentinelles de la montagne Dijonnaise.
Déroulé des actions du 18 juin
En ce jour de grande affluence, des activistes d’Extinction Rebellion Dijon ont mené deux actions.
Le matin aux alentours de 11 h 20, le podium du circuit a servi de scène pour dénoncer la responsabilité d’institutions et entreprises dans le désastre du circuit Dijon-Prenois. Trois militant·e·s sont monté·e·s sur les marches du podium avec des t-shirts identifiant, à la troisième place la ville de Dijon, à la deuxième l’entreprise Avia, dont une station service est implantée dans l’enceinte même du circuit et, grande gagnante, la fédération française de sport automobile (FFSA). Devant les champion·ne·s, une banderole annonçait « Grand prix du massacre de la forêt de Prenois ». Les noms d’autres sponsors de l’évènement inscrits en arrière plan viennent compléter le classement : BMW, Motul, Pirelli, Automoto, Endurance-info, Stop&go, Elf, et Thévenin & Ducrot (propriétaire du circuit). Après la descente du podium, le gérant du circuit a tenu à faire part aux activistes de son éveil au sujet du changement climatique, tout en ajoutant que les biocarburants rendraient l’automobile durable et que le problème serait surtout la pollution de la Chine...
L’après-midi, pendant le premier tour d’une course du championnat de France FFSA GT4, 4 rebelles vétu·e·s de tenues de peintre et de masques d’animaux se sont introduits dans l’enceinte du circuit et ont tenu quelques instants face aux gradins une banderole « A fond vers l’extinction, ralentir ou périr ? ». Les activistes ont également agité un drapeau rouge indiquant l’arrêt de la course ; les commissaires en revanche n’ont pas jugé bon de manier leur drapeau, trop occupés à hurler « vous avez pas de couilles, bande de pédés ! » (comme un écho à notre propos plus haut, sur les valeurs véhiculées par ce sport).
La sécurité s’est dirigée vers les activistes et leur cri d’alarme poussé, « les animaux » se sont enfuis dans la forêt.
Les enjeux de ces actions
La première action n’a pas perturbé l’évènement du jour, elle visait à rappeler deux implicites souvent oubliés : 1) ici se trouvait un espace gorgé de vie et 2) son massacre est le fruit de décisions humaines dont les responsables sont connus.
L’action de l’après-midi avait pour but d’interpeller sur la nécessité de ralentir : il est urgent de quitter la logique du toujours-plus, qui transparaît dans la vitesse des véhicules en compétition, dans la volonté d’extension du circuit Dijon-Prenois, et plus largement dans la quête d’une croissance économique infinie. En effet, la course automobile n’est que le symptôme d’un mode de pensée qui, répétons-le, nous mène vers la sixième extinction massive de la vie sur terre. « Ralentir ou périr » est le titre du récent livre de Timothée Parrique qui, avec toustes les économistes raisonnables nous enjoint à la décroissance : produire moins et mieux répartir les richesses pour satisfaire les besoins d’un maximum d’humains, tout en préservant l’habitabilité de la planète (condition sine qua non). Cela implique l’arrêt des pratiques élitistes polluantes et gaspillant les ressources naturelles.
On nous objectera que les activités du circuit automobile Dijon-Prenois ne représentent qu’une infime proportion de la pollution mondiale ou française. Ce genre de raisonnement ne peut conduire qu’à l’inaction : en segmentant les activités (par ex., un circuit plutôt qu’une pratique) et en comparant l’impact de chacune à un tout dont l’immensité la dépasse, on rejette toute responsabilité ; on fait de même depuis des décennies et la situation écologique s’est dramatiquement aggravée. Ainsi, à travers le circuit Dijon-Prenois, Extinction Rebellion Dijon dénonce l’ensemble des pratiques de compétition automobile et toute activité écocide ne satisfaisant aucun besoin humain.
Nous exigeons
Que la ville de Dijon et le département de Côte d’Or cessent de soutenir le circuit Dijon-Prenois - quelques gains d’attractivité territoriale ne justifient pas l’écocide - et revoient plus largement leur modèle économique sans quoi leurs ambitions écologiques ne pourront être que médiocres.
Que l’institution judiciaire en charge du dossier de l’homologation du circuit le traite de manière impartiale et rende enfin son verdict selon les normes environnementales en vigueur.
Que les sponsors du circuit Dijon-Prenois dont la santé économique ne dépend pas fondamentalement de celle du circuit s’en désolidarisent.
Que la direction du circuit se remette admirablement en question et laisse la forêt reprendre ses droits : qu’elle abatte le grillage et les glissières de sécurité, détruise le goudron et condamne la route d’accès au circuit.
Nous invitons toute personne à se rendre dans la forêt de Prenois un jour de course pour comprendre l’absurdité et les dégâts de ce genre d’évènement à l’heure de l’urgence écologique.
Amour & Rage
Extinction Rebellion Dijon
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