Publié le 12/08/2021, A.S.P.A.S. : Association pour la protection des animaux sauvages
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Mis en ligne par le collectif des vivants, voir détail fin d’article, collectifdesvivants [at] tutanota.com
Le dernier-né des parcs nationaux français, inauguré le 8 novembre 2 019, est théoriquement voué à la protection des forêts et de ses habitants sauvages. Il s’étend entre la Bourgogne-Franche-Comté et le Grand Est, soit un territoire grand de 240 000 hectares. Qui dit Parc National implique logiquement protection forte de la nature… Néanmoins, plusieurs activités humaines avec incidence directe sur les milieux y sont autorisées, dont la chasse, la pêche et la coupe de bois !
Selon la définition officielle, « un parc national peut être créé à partir d’espaces terrestres ou maritimes, lorsque le milieu naturel, particulièrement la faune, la flore, le sol, le sous-sol, l’atmosphère et les eaux, les paysages et, le cas échéant, le patrimoine culturel qu’ils comportent présentent un intérêt spécial et qu’il importe d’en assurer la protection en les préservant des dégradations et des atteintes susceptibles d’en altérer la diversité, la composition, l’aspect et l’évolution » (Article L331-1 du code de l’environnement).
Or, le site officiel du Parc met carrément en avant la chasse comme activité « nécessaire pour réguler les populations » de cerfs, chevreuils, sangliers, tout en passant totalement sous silence le rôle des prédateurs naturels (loup, lynx…) dont il serait bon de favoriser le retour et le développement, pour un équilibre des milieux vraiment… naturel. La chasse est est même autorisée dans la zone coeur du parc ! (article 9 du décret de création du Parc National).
Curieusement, dans la page consacrée à la chasse, le site ne mentionne pas les 34 autres espèces dont la chasse-loisir est autorisée dans le Parc. Oui vous avez bien lu : 37 espèces au total sont chassables dans le Parc national des forêts ! Plus grave encore, certaines de ces espèces sont considérées en mauvais état de conservation par l’UICN, tels le vanneau huppé et la bécassine des marais…
Cerfs exotiques et enclos de chasse !
Parmi ces 37 espèces, il y a également le cerf Sika, un cervidé originaire d’Asie importé en France dans des enclos de chasse commerciaux… Seulement voilà : comme nous l’avons révélé dans notre enquête « Carnage derrière le grillage » en septembre 2019, des animaux s’échappent régulièrement de ces safaris de la mort, ce qui explique pourquoi on trouve ci-et-là de petites populations d’animaux exotiques qui n’ont rien à faire dans l’écosystème local. Dans le cas du cerf Sika, il existe un réel problème d’hybridation avec le cerf élaphe européen, une pollution génétique dont le monde de la chasse est tout entière responsable. Aujourd’hui, l’importation de ces animaux dans les enclos est théoriquement interdite, mais une réelle opacité entoure ces lieux privés, exempts de contrôles administratifs.
Si nous insistons ici sur ces enclos, c’est parce qu’ils sont eux aussi autorisés dans le Parc national des forêts ! Il s’agit des deux qui existaient déjà avant la création du Parc. La charte nous apprend en effet que les activités morbides du domaine Val Bruant, notamment, peuvent légalement continuer. Ici, le trophée de mouflon est affiché à 800 euros, celui d’un cerf 14 cors, 2500 euros.
Chasse à courre !
Aussi fou que cela puisse paraître, dans certaines zones du Parc national des Forêts (forêt de Châtillon-sur-Seine notamment), deux équipages de chasse à courre, à cor et à cri sont autorisés à traquer des sangliers et des cerfs ! La charte autorise même les veneurs à venir achever (« servir » dans le jargon hypocrite de la grande vénerie) un animal qui se serait réfugié dans les quatre « portes du cœur » : des zones de forêt domaniale sans chasse, théoriquement créées pour garantir la quiétude du public et celui de la faune sauvage…
Agrainage et prairies à gibier !
Dans le Parc national des forêts, les chasseurs peuvent aussi distribuer du maïs aux sangliers, y compris dans la zone cœur. Pour le monde de la chasse, mais aussi celui de l’administration, l’agrainage n’est pas considéré comme du nourrissage. Il faut pourtant appeler un chat un chat : l’agrainage consiste bien à mettre à disposition de la nourriture non-naturelle à des animaux sauvages… Rien de mieux pour entretenir artificiellement un cheptel de chasse !
La charte du Parc précise tout de même que pour la zone cœur, « l’objectif de restauration des processus naturels conduit à viser l’élimination progressive des pratiques artificielles » C’est à dire :« les engrillagements, l’agrainage, l’affouragement, les cultures et les prairies à gibier et tous les dispositifs destinés à attirer et fixer le gibier. » Bref, des trucs de « premiers écolos de France » qui se pratiquent un peu partout en France…
Pour une protection vraiment forte de la nature !
Pour ne pas finir sur une note pessimiste, réjouissons-nous tout de même que la chasse et la pêche soient toujours interdites dans la Réserve naturelle de Chalmessin (située dans le Parc national), et que la tranquillité des renards et des blaireaux soit assurée dans les zones boisées du Parc.
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Mis en ligne par le collectif des vivants.
D’autres enquêtes collectives sont menées in situ par le collectif : la chasse à l’approche, l’industrialisation des forêts, le climat, l’eau, l’éolien, la faune, l’agriculture, la flore, le sol, le sous-sol…
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