Une Expérience signée Robert Milin, réalisée par Gilles Mardirossian.
À écouter sur France culture.
En mai 2021, Robert Milin s’est rendu dans les jardins de l’Engrenage sur un terrain proche du centre-ville, à Dijon. Une plantation collective de légumes était organisée ce jour-là. Ce terrain, occupé par des jardiniers-militants pour la sauvegarde de la Terre, se manifestait là, joyeusement, aux regards des habitants et des passants.
Il s’agissait d’un espace de nature en milieu urbain, s’étendant sur près de deux hectares et celui-ci venait d’être vendu par la mairie à des promoteurs immobiliers. Dans un contexte de densité urbaine très élevée, la construction contestée de 330 logements s’était engagée.
Dans cet îlot de nature où les oiseaux nichaient, des enfants faisaient des cabanes, des rencontres et des liens sociaux se tissaient, dehors, à l’abri des arbres et des buissons, notamment, en été, quand la chaleur devenait insupportable dans les immeubles en béton.
Quelques jours avant l’arrivée de Robert Milin, une procédure judiciaire d’expulsion du site, provisoirement tenu et cultivé par des jardiniers-squatteurs, avait provoqué la destruction des potagers, des chemins de promenades et des espaces de jeux pour enfants. Les activistes et les habitants, protestataires présents, avaient été repoussés à coups de grenades lacrymogènes par les policiers. Quant à l’humus des sols et à la bonne terre, tout avait été enlevé par des bulldozers.
L’action de plantation collective par laquelle débute le travail de Robert Milin, se situe au moment où les jardiniers sont inlassablement revenus, apportant de la bonne terre dans des sacs, prenant brouettes, pioches et râteaux. Ils voulaient combler à la force des bras, les excavations et les cratères aux allures lunaires, creusés par les pelles hydrauliques de la force publique.
Robert Milin est revenu pendant de longs mois dans ces lieux, prêtant main forte aux jardiniers, partageant des repas, rencontrant les voisins, participant à des marchés improvisés de légumes cultivés sur place. Il a partagé du temps avec Claire, Amin, Paul, Guillaume, Aleth, Michèle et bien d‘autres personnes désirant garder l’anonymat. Les sons ont été captés dans des temps furtifs, emplis de joies collectives mais aussi de craintes et de colère, devant la seconde expulsion qui n’allait pas tarder à intervenir.
Aujourd’hui les jardins de l’Engrenage n’existent plus.
Pour en savoir plus
Bibliographie
- L’art en commun, réinventer les formes du collectif en contexte démocratique d’Estelle Zhong Mengual, Les presses du réel, 2019.
- Un nouveau droit pour la Terre, pour en finir avec l’écocide de Valérie Cabanes, éditions du Seuil, 2016.
- Face à Gaïa, huit conférences sur le nouveau régime climatique de Bruno Latour, édition La Découverte, 2015.
A découvrir
- La hulotte, le journal le plus lu dans les terriers.
- À Dijon, les jardins de l’engrenage détruits par les tractopelles, Reporterre, le média de l’écologie.
Générique
Avec : Claire, Amin, Paul, Guillaume, Aleth, Michèle et Bruno des jardiniers-squatters ainsi que des habitants du quartier
Réalisation : Gilles Mardirossian
Une création sonore de Robert Milin
Remerciements
Merci à Bruno Dancin, Mariem Paris, Mathilde Mouchet ainsi qu’à Aleth, Amin, Eliane, Fanny, Guillaume, Michèle, Paul, Pierre, Sauveur.
Merci également à Claire Masson, Patricia Guillaumot et Pierre Déom de la revue La Hulotte qui a inspiré certains des textes dits par les oiseaux.
Merci à Delphine Milin pour ses idées et son aide, à Louise et Emma Milin pour la voix de Beaufoulard le Rouge-Gorge et celle de Filip, le moineau.
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