Après la belle manif’ qui a rassemblé un monde comme on en avait plus vu depuis le CPE [1] à Dijon, le rendez vous était donné de se retrouver au cinéma l’Eldorado pour discuter des suites du mouvement. L’arrivée place Wilson est un peu chaotique avec des tirs de lacrymogènes qui atterrissent au milieu du cortège à tel point que le camion de la CGT passe en plein dans le nuage, ses occupants en ont les larmes aux yeux. Après un face à face tendu mais qui ne part pas en affrontement et au moins une tentative de repartir vers le centre-ville, un groupe part rue d’Auxonne en direction de l’Eldorado. Il est suivi de près par la police qui pousse derrière et gaze à plusieurs reprises. De fait, et de manière complètement délirante, la police se positionne autour de l’Eldorado et pendant une demi-heure en filtre l’accès. Quiconque avait une capuche ou un sac à dos se faisait brutalement fouiller. Aux alentours de 18h, ils ont dû se rendre compte que c’est pas facile de justifier d’interdire une assemblée générale dans un mouvement aussi large et ils se sont retirés.
À l’intérieur, la salle est bondée, au moins 200 personnes et pas mal de monde dehors dans les couloirs et dehors à discuter. Des étudiant-e-s, des lycéen-ne-s, des gilets jaunes, des enseignant-e-s, des retraité-e-s, du personnel hospitalier ; tout le monde n’ayant pas parlé, il y en avait probablement d’autres. Le constat d’une manif réussie est largement partagé et les interventions se succèdent pour réaffirmer que ce n’est que le début de la mobilisation. La colère est palpable, les gens plutôt à l’écoute et respectueux des tours de paroles mais c’est pas évident d’avancer ensemble dans la discussion. Si la journée a été marquée par une belle confluence dans la rue notamment entre syndicalistes et gilets jaunes, on constate qu’il est logiquement plus difficile de construire une stratégie commune. De fait, si certaines répartissent les tours de paroles, personne ne synthétise ou pose un cadre au débat pour que des décisions soient actées ou au moins que l’on ne passe pas d’un sujet à un autre. Le tout donne une assemblée assez chaotique et où il est assez vite évident que l’assemblée ne sera pas en capacité de prendre des décisions mais bien d’avantage un espace pour exprimer la rage, partager les ressentis, rencontrer d’éventuelles complices et se donner des rendez-vous. Quelques propositions ont quand même émergé :
- établir des piquets de grève et surtout consolider ceux déjà existants pour échanger les uns avec les autres et soutenir les grévistes
- vendredi 6/12 : matinée échange sur le campus universitaire et le CHU, 13h30 appel à manifester devant le Rectorat de Dijon ; rappel Educ : 10h30 AG inter degrés (Bourse du Travail)
- mettre en place des caisses de grève
- mettre la pression sur les médias locaux (?)
- samedi 7/12 : AG Assemblée populaire, sous-sol de la maison des associations ; 14h manif place de la République
- lundi 10/12 : AG interpo 16h à l’Université, rdv hall droit lettres ; à confirmer 10h Educ AG inter degré (Bourse du travail)
En sortant, le hall de l’Eldo est un joyeux bordel. L’Alchorale met l’ambiance avec le répertoire des chansons révolutionnaires et un bar spontané a été monté. Des petits groupes se forment et il y a comme un air de conspiration généralisée. Les débats sont toujours très animés, parfois un peu trop.. N’oublions pas que nous sommes la pour construire des alliances pas pour reproduire les tristes conflits entre ceux d’en bas !
Des camarades des Lentillères ont préparé une soupe et d’autres mets à partager. On se quitte finalement avec la tête rempli d’émotions. Rendez vous est pris pour se retrouver dans la rue dès demain !
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info