La pluie battante n’a pas effrayé les Dijonnais.es qui sont sorti.es en masse hier pour manifester leur désir de liberté et de révolution face à de nouvelles mesures liberticides engagées par le gouvernement. Les discours se sont enchaînés place de la République, et le ton est donné d’emblée. Alors que certains appellent au blocage de l’économie, d’autres insistent sur le fait que l’objectif de la manif est de faire bloc, de rester ensemble, en respectant la diversité des tactiques. Quelqu’un essaiera de faire du prosélytisme pour Nicolas Dupont-Aignan, il n’aura pas eu le temps de finir sa phrase que le micro lui aura déjà été arraché des mains. « Pas de récupération politique », le message est sans équivoque.
Le cortège se met en route en direction de la rue Jean-Jacques Rousseau. À peine engagé, il doit essuyer un tir nourri de grenades lacrymogènes envoyées par une dizaine de pandores qui font le piquet au coin de la rue d’Assas. Des barricades sommaires sont érigées à l’aide de grilles, le cortège reste compact, sort les masques à gaz, scande « tout le monde déteste la police », il attend que le premier nuage s’estompe et progresse lentement dans la rue dont on ne voit pas encore le bout. Les flics envoient une deuxième salve, rebelotte, puis une troisième accompagnée de grenades explosives. Ça reflue vers l’entrée de la place et lorsque le nuage commence à se dissiper, surprise ! Les trois camions de nationaux font demi-tour, la rue est à nous !
La manif s’engage timidement, s’attendant à un guet-apens de la part des flics qui pourraient prendre le cortège à revers. Il n’y a plus de traces des cognes. Alors tout le monde s’engage rue Auguste Comte, puis tourne dans la rue Jeannin en direction de Notre-Dame. Des RG sont repérés dans le cortège, quelques darons des Grésilles les provoquent : « On vous voit pas au quartier », ... Et puis revoilà les decks, des gars de la BAC équipés sur la place des Ducs, la tension est palpable. Le gros coup de pression en début de manif à posé une ambiance crispée, et le cortège manque de détermination. Ça hésite, ça traverse la rue doucement, puis quelques insultes surgissent, quelques personnes vont embrouiller les keufs, des CRS arrivent et font des manoeuvres étranges mais il s’avère finalement qu’ils se mettent juste en place pour protéger la mairie.
La manif passe, contourne Notre-Dame et s’engage rue Musette. On n’entend plus de chants, la foule est éparse. Belle démonstration de maintient de l’ordre par intimidation. Heureusement le cortège reprend de la densité au Bareuzai, et là, plus à l’aise, hue et invective les flics qui plantent avec trois camions sur la place.
On remonte ensuite vers la Place Darcy, et là, gros moment de flottement. Un groupe pousse pour aller à la gare, un autre pour aller place de la Libération, gardée par les CRS. Ça pousse dans un sens, puis dans l’autre. Le manque de consistance et d’expérience commune dans la rue se fait particulièrement sentir. Il n’y a pas d’objectif clair, et le fait que les flics ne soient plus dans une stratégie de tension ôte un prétexte pour fair bloc ensemble face à leur adversité.
Finalement tout le monde redescend la rue de la Liberté, cette fois de manière compacte, riche en chants et slogans. Le cortège ralenti à mesure qu’il se rapproche de la place de la Libération, et donc des CRS. On sent que la peur est encore présente. Finalement la place est accessible, les camions laissent entrer la foule sur le parvis et se disposent en file indienne devant les grilles de la mairie. La cortège vient s’échouer là pendant presque une heure dans d’interminables prises de paroles. La foule est très hétérogène, composée d’un incroyable mélange de catégories sociales. Ce qui créé des rencontres inédites mais explique aussi le manque d’esprit tactique dans la manif. Aucun symbole politique n’était clairement visible.
Si ça commence bien avec des témoignages d’aides soignantes, d’ambulancières et d’infirmières, quelques discours viennent gâcher le plaisir avec des histoires de puce RFID dans les vaccins ou en faisant référence à des collectifs douteux [1]. D’autres réaxent le débat en suggérant que cet outil de pass sanitaire ne va pas disparaitre après la crise sanitaire et que c’est une surveillance de masse généralisée qui va s’installer à terme. Si au début la place est remplie, au fur et à mesure des discours beaucoup de monde s’en va. Quelques pistes intéressantes sont déployées : blocage de l’économie, boycott et harcèlement des lieux qui demandent le pass sanitaire, utilisation d’articles de lois contradictoires avec le pass sanitaire, ... Il a été rappelé à plusieurs reprises que cette manifestation s’attaquait à l’obligation vaccinale et non au vaccin en lui-même, à la surveillance de masse engendrée par l’obligation de présenter un pass sanitaire et aux réformes antisociales prévues par Macron, les personnes qui se sont fait vacciner ayant même été applaudies plusieurs fois.
Ceux qui restaient sur la place sont finalement partis en direction de la préfecture où ils se sont fait attaquer par les flics. S’en est suivi une heure d’affrontements autour de la préfecture, dans la rue de la Préfecture et le boulevard de la Trémouille.
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