Premier communiqué distribué avant la présentation publique :
Le Quartier Libre des Lentillères réaffirme sa volonté de dialoguer avec la mairie de Dijon !
Depuis 2010, des centaines de personnes cultivent la terre, organisent des évènements culturels, proposent des marchés et des repas à prix libre… en autogestion sur les 9 hectares du Quartier Libre des Lentillères. Nous sommes toujours unis par la volonté de faire perdurer collectivement le projet que nous portons pour ce quartier.
Un dialogue a débuté il y a 18 mois à l’initiative de la Ville, nous y avons pris part de façon active. Nous voulons envisager toutes les formes possibles de pérennisation pour le Quartier Libre des Lentillères, ses activités et ses usages, y compris sous la forme d’une légalisation.
Ainsi, nous avons participé à plusieurs réunions où la Mairie nous assurait que tout était sur la table. Nous avons convenu que nous avions des principes communs : l’intérêt général et l’ouverture à toustes les dijonnais.e.s. Nous avons pris part à des visites techniques de mise aux normes avec des agents de la ville. À ce jour, nous attendons toujours les retours des diagnostics.
Il y a un an, nous apprenions que la ville rachetait 7 hectares sur les 9 existants. Une parcelle de 1,14 hectares reste toujours menacée de construction.*Pendant nos réunions, nous leur avons rappelé que les Lentillères sont indivisibles et demandé ce que la Mairie envisageait pour cet espace. La ville nous a affirmé que nous serions consulté.e.s au moment où un projet commencerait à voir le jour, et que pour le moment, rien de précis n’était prévu pour cette zone !
Sur cette parcelle de 1,14ha de « Bande Est », on trouve déjà des petits jardins, une cantine vegan à prix libre, un terrain de BMX, un four à pain, des mares, un terrain de pétanque… Des centaines de personnes vivant dans l’éco-cité voisine, à la résidenceAbrioux ou plus largement à Dijon participent au dynamisme de cet écosystème.
Il y a 5 mois, une réunion était prévue entre nous et la mairie de Dijon pour présenter nos propositions de gouvernance et de contrats. La veille de cette réunion, Monsieur Rebsamen, maire de Dijon, annonçait par voie de presse, interrompre le dialogue et poser un ultimatum : « Je mets en garde. On va arrêter les discussions. Je donne le temps de réflexion aux habitants, mais je ne réponds plus de rien » « Soit la réponse est positive (au sujet du projet de construction de la bande Est de 1,14ha) soit on arrête le dialogue et il se passera ce qu’il se passera »
Nous avons alors tenté plusieurs fois de reprendre le dialogue pour avoir des réponses à nos interrogations : informations sur le projet de construction, forme de légalisation pour le quartier, mise aux normes... Nous leur avons fait des propositions en soutenant également être conscient.e.s que des négociations supposent des compromis. Nous avons à chaque fois trouvé porte close. Pour seule réponse : un ultimatum qui ne laisse aucune place à la concertation, et l’annonce publique qu’un projet serait présenté sans nous consulté pour la bande de 1,14 hectares.
Aujourd’hui, nous soutenons toujours l’idée que l’urbanisme doit-être pensé avec les gens qui vivent, s’organisent et font vivre le territoire.
Si la Mairie est capable de se déplacer de cette position verticale et ascendante qu’elle nous impose alors le dialogue pourra reprendre. Sinon nous continuerons comme nous le faisons depuis 14 ans, à prendre soin du lieu de manière ouverte et accessible grâce à toutes les personnes qui se sentent concernées par le futur des Lentillères.
L’assemblée du Quartier Libre des Lentillères.
Second communiqué, écrit à la suite de la réunion publique
Hier mercredi 19 juin avait lieu une présentation à la mairie de Dijon du projet de “parc agri-culturel” que le maire souhaiterait voir s’implanter sur les 8 hectares que sont aujourd’hui les Lentillères .
Premièrement, nous tenons à rappeler ici que ce projet de “parc agri-culturel” n’est pas issu d’un accord entre les pouvoirs publics et les usager.es des Lentillères. En effet, le dialogue entamé il y a deux ans a été subitement interrompu par la mairie il y a quelques mois par voie de presse.
Cette semaine, les riverain.es et les habitant.es de l’éco-cité des maraîchers ont été convié.es à une réunion de présentation du projet par des invitations déposées dans leurs boîtes aux lettres. A 19 heures, il fallait présenter cette lettre pour pouvoir entrer dans la cour de la mairie. On peut déjà s’étonner de voir, dans un processus de concertation et d’information qui se veut démocratique, que l’entrée du public soit filtrée. Une bonne dizaine de policiers municipaux étaient postés devant les grilles et c’est à eux que revenait la charge de laisser passer ou pas. Leur méfiance était clairement dirigée vers les personnes apparemment affiliées aux Lentillères.
Ainsi, une trentaine de personnes n’ont pas pu passer les portes de l’Hôtel de Ville alors qu’elles avaient leur justificatif de domicile en main, drôle d’accueil pour une présentation « publique ».
Cette tentative d’écarter une partie des habitant.es du quartier de la réunion n’a cependant pas réussi à touffer les voix des riverain.es. En effet, après vingt-cinq minutes de présentation, concluant sur la nécessité d’urbaniser 1,14 des 8 hectares du “parc”, le maire laisse la parole à l’assistance. Ce sont alors 9 voisin.es des Lentillères qui s’expriment pour remettre en cause l’utilité, la nécessité et la pertinence de la construction de 60 nouveaux logements sur la bande des 1,14 hectares. L’une se présente comme une professeure des écoles, l’autre comme un médecin à la retraite, et tous incarnent assez mal le stéréotype du « militant » des Lentillères auquel Rebsamen veut faire croire.
Plusieurs témoignages insistent sur la mauvaise qualité de la vie dans la partie déjà construite du projet d’eco-cité : trop chaud en été ; mal desservi par les transports en communs, très peu d’espace verts et ombragés, aucun espace de jeux pour les enfants... Certains s’étonnent : Quels enjeux à se précipiter pour construire de nouveaux bâtiments sur la tranche 2, quand celles et ceux qui vivent actuellement sur la tranche 1 n’ont pas accès aux premières nécessités ?
Ces prises de parole sont évacuées avec mépris par le maire, préférant inviter ses citoyens à “aller vivre à la campagne” que d’entendre et de chercher des solutions pour répondre aux demandes exprimées. Comme si on avait tous.tes cette possibilité...
Plusieurs personnes expriment de la reconnaissance pour le travail social et culturelle que fournit les Lentillères et disent l’importance écologique et paysagère de cet espace pour le quartier.
De son côté, Mr Rebsamen n’avait de cesse de rappeler l’illégalité de l’occupation et rejetait en bloc ses responsabilités face aux problématiques énoncées.
Pour rappel les usager.es des Lentillères se sont toujours positionné.es comme n’étant pas opposé.es à une légalisation et à une mise aux normes des installations sur les Lentillères. Ils et elles y travaillent même depuis plusieurs années. Et contrairement à l’affirmation répétée mercredi encore par le maire, aucun contrat, même à l’euro symbolique, n’a jamais été proposé et discuté avec les usager.es.
Le maire attendait du soutien en présentant son projet, il n’en a pas eu. Il finit la réunion sur une annonce sortie de nulle part, l’organisation d’un référendum à destination des habitant.es du quartier pour décider oui ou non de l’aménagement de la bande des 1,14 hectares qui se situe à l’est de l’actuel Quartier Libre des Lentillères. Nous ne pouvons qu’exprimer notre méfiance face à ce mode de scrutin pseudo-démocratique.
Une fois encore, dans cette nouvelle étape du processus, la mairie sera le seul maître du jeu. Elle aura le pouvoir de décider qui participera ou pas au référendum en définissant plus ou moins largement le périmètre de la zone qui inclut les habitants du quartier éco-cité des maraîchers.
Nous réaffirmons aujourd’hui que le futur du quartier ne se fera pas sans tous ses habitants et toutes ses habitantes.
Est-ce-que, comme Rebsamen l’a déclaré hier soir, il nous proposera dans un temps proche de rouvrir le dialogue ?
L’assemblée des Lentillères
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