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Soutenons le Toboggan



30 août 2006, Dijon. Le 62, rue Charles Dumont, semble en proie à une inhabituelle animation : plusieurs dizaines de personnes ont installé une table avec jus de fruits & café, discutent avec les passant-e-s et annonçent la création d’un nouvel espace dans le quartier : le Toboggan.

30 août 2006, Dijon. Le 62, rue Charles Dumont, semble en proie à une inhabituelle animation : plusieurs dizaines de personnes ont installé une table avec jus de fruits & café, discutent avec les passant-e-s et annonçent la création d’un nouvel espace dans le quartier : le Toboggan. Les voisin-e-s se succèdent, et ne cachent pas leur enthousiasme à voir revivre cette maison, abandonnée depuis longtemps et sur laquelle la Mairie n’a de ses propres aveux aucun projet à court terme. [1]

Trouvant choquant que des espaces demeurent à l’abandon, quand eux-même, comme tant de gens, peinaient à accéder à un logement, un groupe de gens l’a occupée. Ils et elles ont décidé de l’habiter, pour y vivre ensemble, y développer une vie collective & solidaire, et proposer un espace d’activité indépendant dans le quartier, ouvert aux voisin-e-s et autres personnes intéressées.

Depuis lors, les projets & activités se multiplient : des cours de peinture et repas publics ont commencé, des répétitions de comédie musicale, ateliers couture, cuisine & confiture ainsi que des après-midi jeux s’organisent...

D’aucuns auraient pu croire d’une mairie qui se targue de mener une politique "sociale", en faveur du logement, en promotion de la "culture", de la "démocratie locale" et de la vie de quartier, qu’elle aurait, sinon accueilli favorablement l’initiative des occupant-e-s, du moins reconnu la pertinence de leur démarche, celle-ci apportant une réponse pratique aux préoccupations affichées par la municipalité. Que neni !

Car pour toute réponse, trois jours à peine après l’investissement des lieux, la mairie assigne les occupant-e-s au tribunal, en procédure d’urgence, pour obtenir l’expulsion immédiate des habitant-e-s, qui n’ont alors que quatre jours pour préparer leur défense. Un délai de deux mois leur est accordé (délai minimal en cas d’expulsion), ce qui ne semble pas contenter la municipalité, prête à tout pour mettre à la rue les occupant-e-s ! Elle décide donc de faire appel de la décision.

Le 11 septembre au matin, les habitant-e-s de la rue Charles Dumont découvrent avec surprise dans leur boîte aux lettres un courrier du maire lui-même, qui leur apprend que des "troubles" seraient occasionnés par le squat, dont les riverain-e-s seraient victimes. Mr. Rebsamen y déplore que la décision de justice ne l’autorise pas à pratiquer une expulsion manu-militari, et en appelle à la délation, invitant les habitant-e-s du quartier à envoyer des plaintes, dans l’espoir d’éradiquer le lieu.

Choc pour bien des lecteurs, qui, incrédules, ont du mal à faire le rapport entre le lieu accueillant qu’ils viennent de découvrir, et le foyer d’insécurité que décrit la mairie. Celle-ci n’a pas froid aux yeux, en faisant appel à des stratégies dignes du Front National : instrumentalisation des peurs, usage des pires préjugés et clichés, pour créer de toutes pièces une illusion d’insécurité, et ainsi manipuler pour parvenir à ses fins.

Car à défaut de nuisances & arguments bien réels, la mairie en est réduite à implorer les riverain-e-s d’accréditer ses thèses farfelues ("À ce jour, il est nécessaire de démontrer que ces nuisances persistent, et que votre voisinage en est troublé"). Malheureusement pour elle, il semble que la mairie ait bien sous-estimé la capacité de jugement des dijonnais-es, comme en témoignent les nombreux messages de soutien que les occupant-e-s ont reçu des riverains, et les divers projets que ces derniers ont proposés.

Si les mesures criminalisantes & répressives que la mairie déploie à l’encontre du Toboggan ont de quoi sonner l’alerte quant au sens de la politique municipale, ces appels aux délires sécuritaires & méthodes populistes ne font que confirmer une tendance déjà engagée.

Rappelons qu’il aura fallu près de 4 ans de lutte à l’Espace autogéré des Tanneries [2] pour mettre un terme aux menaces d’expulsion que les municipalités successives ont fait peser sur le lieu, et que la Mairie actuelle menace de nouveau de l’expulser dès qu’elle aura pu imaginer un projet sur le terrain. Pour l’anecdote, la Mairie, qui n’est décidément pas à un mensonge prêt, a refusé à la dernière minute que la revue "Territoires", dont les Tanneries font la couverture, soit inclues dans la mallette officielle des participant-e-s des rencontres sur la démocratie locale, en racontant que cet espace d’activité serait une "plaque tournante internationale du trafic du drogue" (!). Pitoyable mensonge et grossière instrumentalisation des clichés les plus éculés sur les “squats”, surtout en ce qui concerne l’un des rares lieux publics dijonnais tenant des tables de prévention “sexualités, drogues...” lors de soirées culturelles. C’est plus vraisemblablement le relais dans la revue “Territoires” des rencontres internationales autogestionnaires et anticapitalistes s’étant tenues aux Tanneries cet été qui perturbe la municipalité. Censure du traffic... des idées ?

En mai 2005, la mairie prêtait les locaux des anciens abbatoirs aux... CRS, afin que ceux-ci s’y entraînent à la répression des manifestations, à l’expulsion de lieux occupés, entre autres joyeusetés. Un an plus tard, elle cédait partie de ces locaux aux ERIS (Équipes Régionales d’Inter-vention pour la Sécurité), groupes armés & cagoulés intervenant en milieu pénitenciaire. Depuis leur création, leur action a été synonyme de déchaînements de violence, humiliations et bavures à l’encontre de détenu-e-s, ce qui leur a valu d’être dénoncés par de nombreuses associations des Droits de l’Homme.

N’oublions pas non plus que la mairie a systématiquement fait suivre à la justice les demandes de mariages "mixtes", alors que la loi ne l’y oblige aucunement. Ce zèle entraîne une discrimination claire, et participe directement de la répression & de l’expulsion des étranger-e-s en situation irrégulière.

La mairie n’a décidément pas peur du ridicule, quand elle décerne un prix récompensant l’action en faveur du logement lors du rendez-vous annuel des associations, le "grand dej’ 2006", alors même qu’elle se félicitait, lors du dernier conseil municipal, de battre des records d’expulsions (“7 squats en 5 jours”).

Enfin, côté culture, la ville se passe bien d’agir pour soutenir un cinéma d’art & essai comme l’Eldorado, qui se bat pour préserver cinéma indépendant et débats de société, hors des sentiers battus de la culture de consommation.

De nos jours, il semble que le sécuritaire vende plus que la culture & la solidarité. Il y a de la place pour loger CRS & ERIS, comme pour laisser construire des multiplexes ; plus, à coup sûr, que pour les sans-papiers, les espaces de vie indépendants, et la culture non-marchande.

Si la mairie réprime ce qui échappe à ses institutions, il ne tient qu’à nous, à vous, de l’en empêcher ! Contre l’expulsion du Toboggan, communiquez à la mairie vos sentiments [3] ! La cour d’appel rendra son jugement le mardi 24 octobre. Si les deux mois de délais sont annulés, la mairie semble vouloir passer outre les délais légaux de procédure et se précipiter d’expulser avant le début de la trêve d’hiver. Le Toboggan, ainsi que les individus et associations qui le soutiennent entendent ne pas se laisser faire. ◼

vendredi 20 octobre 2006

Collectif de soutien au Toboggan



Notes

[1Le directeur de cabinet du maire, Mr Thierry Courcin, a déclaré hier encore, tout en intimant paradoxalement aux occupants de quitter les lieux, qu’il n’y aurait pas de projet sur le site avant deux ans.

[2Depuis 8 ans, Les Tanneries pratiquent l’autogestion d’un espace d’activités et d’un habitat collectif, sans hiérarchie, profit, ni subvention.

[3Téléphone : 03-80-74-51-51 (standard) Email : francois-rebsamen@ville-dijon.fr

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