Rendons à Christine Renon l’hommage qu’elle mérite
Tract du SNUipp-FSU21
La disproportion entre la demande de minute de silence à effectuer lundi en hommage à Jacques Chirac et le silence assourdissant de l’Éducation nationale autour du décès de notre collègue Christine Renon, directrice d’école de Pantin (93), est choquante.
Un simple tweet ministériel, 4 jours après le drame et une intervention du SNUipp-FSU, pour une victime de souffrance au travail contre une interprétation maximaliste de la circulaire du Premier ministre évoquant la possibilité, et non l’obligation, pour les agents des services publics, et non les usagers que sont les élèves, d’assister à un hommage à l’ancien Président.
Or, dans notre département, les directeur.trices ont reçu un courrier de la DASEN stipulant qu’ « un moment de recueillement sera organisé à 15h selon la forme souhaitée par les équipes éducatives. L’âge des élèves sera également pris en compte…. »
Pour le SNUipp-FSU, ce moment de recueillement pour Jacques Chirac aurait dû être laissé à l’appréciation des enseignantes et enseignants et n’aurait pas dû concerner les élèves de primaire.
Face aux carences du ministère, le SNUipp-FSU21 invite les personnels des écoles à rendre hommage à Christine Renon jeudi 3 octobre à l’occasion de ses obsèques et du CHSCT départemental spécial de Seine-Saint-Denis.
Le SNUipp-FSU21 organise un
RASSEMBLEMENT DEVANT LE RECTORAT À DIJON
JEUDI 3 OCTOBRE À 17h15.
Un hommage également pour dénoncer la politique de « new management » appliquée par l’institution : les pressions, les injonctions, les demandes précipitées, la dévalorisation et la perte de sens du métier conduisent de nombreux et nombreuses collègues à des épuisements professionnels.
Cette mort tragique ne peut rester vaine et être ainsi passée sous silence. Le ministère de l’éducation nationale doit prendre la mesure de la situation de l’école publique et garantir la santé, l’intégrité morale et physique de ses personnels.
Lire le très bel article « Silence, on meurt », de Laurence De Cock, professeure d’histoire-géographie à Paris, sur médiapart.
Lire également l’article de Paul Devin sur Médiapart : Ne pas se contenter d’une expression de tristesse et de compassion.
Suicide au travail : les managers veulent notre peau !
Tract de la CNT21
Les motifs du suicide de Christine Renon ne font aucun doute. La lettre qu’elle a laissée et le lieu de son dernier geste accusent frontalement notre institution. Malheureusement, Christine n’est pas la première collègue à avoir été poussée au suicide par les conditions de travail insupportables que nous imposent les réformes managériales. Nous ne supporterons pas que sa parole soit mise en doute, qu’on cherche des raisons « personnelles » à son geste, que l’administration tente, comme c’est son habitude, de relativiser sa responsabilité. Nous avons déjà eu a subir des suicides ou des tentatives de suicide de collègues et il n’y a pas eu le moindre frémissement de remise en cause de la part de notre encadrement. Il faut que ça se sache, nous ne nous laisserons plus maltraiter au travail ! Nous devons à notre collègue, dans un sursaut de dignité et de solidarité, de dénoncer et d’affronter clairement désormais les conditions que l’on tente de nous imposer.
Nous ne remplirons plus les « enquêtes », les fiches de suivi, les usines à cases et tous les outils qui ne servent qu’à nos chefs pour nous contrôler et qui nous prennent un temps et une énergie que nous ne consacrons plus à nos élèves. Nous refuserons de baisser la tête devant des inspecteurs méprisants et des chefs d’établissement qui se comportent avec nous et nos collègues comme des adjudants tout en nous parlant de bienveillance. Nous ne supporterons plus de compenser l’effondrement des moyens et la disparition continue des structures et des personnels (RASED, remplaçant∙es, santé scolaire, EVS, PsyEN, AESH, AED, postes d’enseignement...) par le sacrifice de notre vie personnelle. Non, nous ne ferons pas mieux avec moins. Oui, nos problèmes sont des problèmes de moyens et non des problèmes « d’organisation ».
Si la disparition de notre collègue nous consterne, il faut aussi dire qu’elle nous révolte car nous connaissons les causes de son geste parce que nous les vivons tous et toutes dans notre quotidien professionnel. Il n’y aura pas de solutions individuelles au « mal être au travail ». Combattre la souffrance au travail, c’est identifier clairement les processus qui attaquent nos identités professionnelles et personnelles, refuser la déshumanisation de l’école et sa fausse « efficacité scientifique », reprendre le contrôle sur nos vies en réaffirmant que nous sommes des professionnel∙les compétent∙es et dissuader quiconque de nous manquer de respect.
N’attendons pas que l’État fasse dans l’éducation ce qu’il a fait avec la Poste et France Telecom ! La fédération des travailleuses et travailleurs de l’éducation de la CNT appelle à se mettre en grève et à participer aux rassemblements d’hommage à Christine Renon.
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