Sacrifice de quelque 6 500 ouvriers, nombreuses critiques écologiques et sociétales, réserves sur le fonctionnement global de la FIFA… autant de controverses qui ont légitimement accompagné le mondial de football 2022 au Qatar, motivant des appels au boycott. Mais les « Lions de l’Atlas » ont déjoué tous les pronostics, propulsant une équipe de football arabe et africaine au stade des demi-finales pour la première fois de l’histoire. Les diasporas maghrébines du pays ont rapidement exulté dans la rue, notamment au cœur du quartier de Planoise à Besançon.
Vendredi dernier pendant deux heures, plusieurs centaines de personnes se sont donc retrouvées à l’Île-de-France pour célébrer le succès du Maroc face au Portugal. Feux d’artifices, fumigènes, klaxons, chants, danses, exhibition de drapeaux... bref, une vraie démonstration populaire. Mais étrangement aucun média n’a couvert l’événement, à l’exception de radio BIP. Si l’Est Républicain est habitué à reléguer ce secteur à la seule rubrique faits divers, deux « journalistes » avaient toutefois été envoyés le 6 décembre après la qualification contre l’Espagne.
Mais le photographe Arnaud Castagné et le rédacteur Maxime Courché ne rapporteront qu’un maigre butin, ici un unique cliché d’illustration et trois lignes censées meubler [1]. À l’origine de cette couverture hâtive, une raison suffisamment honteuse pour ne pas être évoquée. Les deux reporters de guerre ont en effet été priés de dégager sans délais dès le premier flash, comme l’ont rapportés des témoins. La population n’a pas oublié les unes tapageuses et insultantes du groupe ERBA, qui se gave cette année de près de cinq millions d’euros de subventions publiques.
« Quand c’est France 3 Franche-Comté ou MaCommune.info, certes on n’aime pas mais on essaie de prendre sur nous. Mais quand ce sont les fachos de l’Est Républicain, y’a juste pas moyen. On sait qu’au final, ces gens sont juste là pour nous salir » concède l’un d’eux. Le 9 décembre c’est donc auprès d’un commerçant de Battant que le canard va négocier une place [2], désertant le reste de la ville jugée trop dangereuse. « Le foot comme on l’aime » n’hésitera pas à commenter un certain Willy Graff, connu pour son lourd passif avec les mouvements sociaux [3].
Quant aux célébrations planoisiennes, ça sera silence radio jusqu’au 11 décembre à 18h46. Là un article du même Willy Graff finit par évoquer l’événement, trop content de pouvoir retrouver ses vieilles ficelles policières et venger l’humiliation de ses collègues… « Il fête la victoire du Maroc en brûlant une poubelle : un ado interpellé » titre l’intéressé [4], sans user du moindre mot pour le reste de la fête. La dégradation d’un sac usagé par un gamin de quatorze ans en marge de la foule, c’est donc ce qu’il fallait retenir de la soirée pour l’Est Républicain. Chacun appréciera.
Ourson grognon.
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