Retour sur la manifestation du 25 novembre !



Retour et photos sur la manifestation du 25 novembre agrémenté de corrections journalistiques : parole aux organisateur.ice.s

Ce vendredi 25 novembre, le collectif 25 Novembre a proposé une nouvelle manifestation contre les violences de genre à l’occasion de la journée internationale dédiée à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. 300 personnes ont répondu présent.es pour cette manifestation de feu !

Le rendez-vous était donné à 18h30 place du du Bareuzai, en plein centre-ville, avec l’objectif clair d’exprimer, ensemble, et fièrement nos colères, nos révoltes, notre détermination et nos volontés de vivre et d’exister, qui sont plus fortes que tout. Malgré toutes les violences de genre auxquelles nous, femmes, minorités de genre et hommes gays sommes confronté·es, nous ne nous tairons plus !

À 18h45, nous commençons à être survolté·es. Le vélo-sono lance de la musique pour se réchauffer, les instruments des percussionnistes de RoR (Rythms of Resistance) s’échauffent, on se distribue les pancartes pailletées et le drap peint pour l’occasion.

Cette manifestation du 25 novembre 2022, de nuit et en mixité choisie sans mecs cisgenres hétéros, a été l’une des meilleures manifestations que nous ayons vécu à Dijon depuis de nombreuses années.

Quelle puissance, quelle joie de se sentir ensemble dans la rue et de nuit, pour crier nos rages communes et tisser des liens et des solidarités indélébiles. Les témoignages des personnes manifestantes qui ont participé sont tous à l’image des émotions ressenties ensemble : ça parle de moment réellement fou et empouvoirant, de plaisir ressenti à faire communauté en cette journée internationale, de la nécessité de porter un cortège revendicatif et déterminé alors que le gouvernement a osé se pointer à Dijon et que la préfecture nous a interdit.es tout rassemblement pour se faire entendre (voir notre communiqué : https://dijoncter.info/cher-gouvernement-degage-de-dijon-4094). On nous parle de l’importance d’ouvrir le cortège aux hommes cisgenres gays qui subissent également des violences de genre, de l’importance de bousculer la façon même de porter la lutte contre les violences de genre en n’accordant pas seulement la parole aux femmes cisgenres blanches, de l’importance de ne pas cantonner les prises paroles aux violences conjugales, et de manifester le jour même du 25 novembre, et pas sur le weekend précédent, invisibilisant entièrement les évènements liées au Trans Day of Remembrance (TDoR).

Cette manifestation marquera longtemps nos esprits, et apparaîtra toujours, surtout dans les moments sombres, comme une lumière d’adelphité et de lutte qui réchauffera nos corps & âmes blessées par l’hétéro-cis-patriarcat.

Quel ne fût pas ensuite notre surprise à la lecture de l’article publié sur InfosDijon.com le samedi 26 novembre, au lendemain de notre manifestation. La retranscription de notre manifestation oublie toute neutralité et nuance journalistique. L’article est décevant et ne semble pas pouvoir remplir sa fonction première : informer et accompagner les lecteur·ice·s dans le décryptage de l’actualité.

C’est un peu la cerise sur le gâteau, sachant que dans la même journée nous avons été bloqué·e·s par la préfecture pour manifester contre la venue de Messieurs Macron et Dupont-Moretti le jour même de la Journée internationale du 25 Novembre. Mais que nous avons aussi du supporter la présence des militants antifascistes mecs cis-hétéros virilistes qui investissent le cortège sans aucune invitation et légitimité, alors qu’on ne les voit jamais lors de nos actions en mixité.

Reprenons. La méthodologie et le contenu de l’article est incorrect sur plusieurs points.

Premièrement, l’introduction de l’article commence bien mal : "Une marche où le mot d’ordre était « pas d’homme cis-genre hétéro »". Il s’agirait de ne pas confondre une modalité et un mot d’ordre. C’etait pourtant assez clair à identifier, nous avions écrit le mot d’ordre sur le drap de tête, en photo dans l’article : "contre les violences sexistes et sexuelles". Voilà, c’était pas difficile.

Autre petit problème : la définition de notre collectif et son cortège comme "un mouvement féministe lié aux anarcho-autonomes dijonnais", reprenant ici les mots employés par la Préfecture dans son scandaleux arrêté publié un peu plus tôt. Utiliser des termes diabolisants, sans contextualiser et expliquer leur fonction et leur impact, c’est jouer le jeu du pouvoir en place sans prise de recul. Ce qui est pourtant l’une des fonctions du métier de journaliste, non ?
Pour rappel, cet arrêté préfectoral interdisait tout échange avec le gouvernement, alors même qu’il est responsable de l’augmentation des violences de genre, que cela soit par son inaction ou par sa stratégie politique conservatrice.
Comment réutiliser les mots du pouvoir pour nous qualifier, alors que ces mots sont précisément choisis pour délégitimer notre droit de nous exprimer auprès de nos dirigeants politiques ? Comment accepter le processus de diabolisation à l’intention des mouvements d’extrême gauche sans illustrer la stratégie politique mise en place pour ne pas être mis devant ses propres responsabilités ?

Puisque l’article InfosDijon ne prend pas la peine de le faire, nous allons donc de nouveau rectifier. Le Collectif 25 Novembre est un collectif féministe révolutionnaire, qui comprend des personnes anarchistes, des personnes en lien avec le mouvement autonome, des personnes du monde associatif, des personnes syndiquées, des travailleur·euse·s, des étudiant·es, des minorités de genre, des meufs.
La manifestation était quant à elle composée d’une plus grande diversité encore, qui aurait pu être très simplement (et avec neutralité en plus !) résumée ainsi : des victimes du patriarcat et des violences de genre qui marchent ensemble.
Quoi, dès lors que nous sommes en colère et le montrons, on oublie que nous sommes des opprimé·es essayant de se défendre contre des violences systémiques ?

Continuons. La nouvelle tentative de résumer la manifestation quelques lignes plus tard est : "mouvement revolutionario-sexualo-féministe". À vos souhaits. Si ce terme a peut-être été tagué sur les murs de Dijon, il n’apparaît ni dans notre appel, ni dans nos prises de paroles et ne nous représente pas. Pourquoi le monter en épingle, à part pour nous décrédibiliser ?

Que dire ensuite de l’irrespect total du consentement des manifestant·es ? A-t’on besoin de réexpliquer de nouveau le danger que comportent pour les militant·es féministes le fait de se voir photographié·es et exposé·es publiquement dans une si petite ville ? A-t-on besoin de réexpliquer le danger que cela représente aussi pour les personnes LGBTQIAP+, qui ne sont pas forcément out auprès de leurs familles / collègues / ami·es ?

La photographe d’InfosDijon a pris le temps de prendre des dizaines de clichés de nos corps et de nos visages, et se les est approprié, les publiant ensuite dans un article sans aucune précaution d’anonymisation. Le droit est clair et l’y autorise car nous sommes dans l’espace public, mais on pourrait espérer un peu plus de solidarité et de respect. La culture du viol qui est dénoncée dans le monde entier le jour du 25 novembre est précisément constituée d’une culture du non respect du consentement et de l’appropriation du corps des femmes et des minorités de genre. Le fait de ne pas respecter notre consentement et de pratiquer des méthodes journalistiques qui nous mettent en danger est encore plus scandaleux le jour du 25 novembre. Nous le rappellons donc de nouveau, car cela avait été explicitement dit dans la manifestation avant la première prise de parole place du théâtre : merci de vous cantonner à des photos de foule ou de pancartes qui ne permettent pas d’identifier clairement les individu·e·s et d’éviter les gros plans, notamment lors des prises de parole.

Le seul aspect positif que nous sommes en mesure de reconnaitre, ce sont les tentatives de propos rapportés et de recherche de définitions qui semblent correspondre à des efforts de compréhension... C’est vraiment insuffisant.

Après la lecture de l’article, notre conclusion est que personne n’est mieux placé pour parler de nos luttes que les conerné·e·s et militant·e·s, qui sont sur le terrain et au coeur des échanges entre collectifs toute l’année.
Ceci est un appel aux journalistes locaux : lorsque nous organisons une manifestation, nous publions TOUJOURS en amont des éléments de pédagogie et des explications sur le contexte, le mot d’ordre, les modalités. La date est annoncée plusieurs semaines avant l’évènement, vous avez donc tout loisir de nous contacter avec vos questions de fond pour préparer votre sujet. Enfin, les prises de paroles lors des manifestations sont faites par des personnes concernées et fournissent des éléments tangibles pour pouvoir parler de nos luttes.

Plusieurs supports existent déjà, des ressources et des moyens de se former pour justement éviter de rédiger des articles qui ne sont pas porteur du message que nous souhaitons transmettre.
Renseignez-vous, formez-vous ! Ne nous laissez pas une charge de travail supplémentaire parce que vous avez mal fait le votre :
https://www.ajlgbt.info/

Notre objectif est de mettre fin aux violences sexistes et sexuelles. Si le votre est d’informer le grand public de nos actions, faites-le de manière professionnelle, au risque de gâcher nos efforts et de renforcer les stéréotypes au lieu de participer avec nous à la construction d’une société plus inclusive.

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