En avril à la bibliothèque des Tanneries...



Ce mois-ci dans nos rayonnages : critique de l’urbanisme, poésie anti-nationale, un récit d’une vie en taule, et des analyses historiques des insurrections arabes, de la colonisation de l’Algérie, et de la création du peuple juif. Et le mercredi 24, rencontre avec l’autrice de Tupamadre, récit d’une enfant de guerillera Tupamaros.

Prochaines dates

Les permanences des prochains mois :

  • Mercredi 10 et 24 avril
  • Mercredi 8 et 22 mai
    De 16h à 20h, dans la bibliothèque des Tanneries (35 rue des Ateliers, Dijon).

Mercredi 24 avril, rencontre avec L. Etchart autrice de Tupamadre.
Tupamadre mêle textes narratifs, poésies et archives. Enfant de guerrillxs Tupamarxs d’Uruguay, L. Etchart a grandi avec des souvenirs de luttes, de violence, de fascisme et d’espoir. Elle raconte qui était sa mère, morte à la suite d’un cancer. De miss locale à braqueuse contre le pouvoir fasciste, de daronne à travailleuse : celle qui construisait son monde dans les restes des espaces qui lui restaient.
L. Etchart a appris à Montevideo le français via sa famille réfugiée politique en France dans les années 1970. Elle écrit avec violence et traîtrise à la langue française impérialiste. Sa poésie n’a pas de règle, pas d’accent ni d’apostrophe.

Les nouveautés

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Détruire les villes avec poésie et subversion

Désurbanisme, fanzine de critique urbaine (2001-2006)
Le monde à l’envers
« – Détruire les villes ? Mais vous n’y pensez pas ?
– Mais si, mais si, on y pense... évidemment on ne va pas y aller au bulldozer, pas non plus avec le dos de la cuillère. Pour l’instant, on utilise la poésie pour semer le doute dans les têtes... Et si une nuit étoilée ou une énorme vague avait plus de sens qu’un bus bondé aux heures de pointe ? »

Espace dominé et structuré par le Capital, la ville offre un terrain de lutte et de critique du capitalisme.
Publié de 2001 à 2006, Désurbanisme est un fanzine d’amoureux des villes passionnés par leur destruction, une boite à outils mêlant pensées et expériences critiques dans laquelle la lutte peut puiser du combustible.


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Leur laisser la France

ancrages
Syllepse
Poésie politique, écriture viscérale, chant anti-identité nationale, autant d’expressions qui peuvent désigner ce livre, dont l’iconographie (collages, photos, dessins) et la maquette répondent à la puissance d’un texte fort, sans compromis.

Ce livre est accompagné d’un disque audio de onze titres rap qui s’articule, prolonge, fait écho aux textes du livre : « Nous n’avons aucune solution. / Il n’y aura ni dialogue, ni explication, / ni contribution à un débat. / Nous sommes hantés par le parcours des nôtres, et savons qu’en dépit/ de leurs trahisons ou de leurs résistances,/ tous et toutes ont été écrasés par elle./ Elle : « La France ».
« Même son ombre », titre issu du livre-album Leur laisser la France http://www.youtube.com
/watch ?v=ZU1j9VAC9oA


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La dévoration du monde

Ariel Fatiman, Safia Lasahafa
laboratoire des frondeurs
L’Insurrection tunisienne de 2011 a ouvert une brèche dans laquelle les émeutiers de Suez en Egypte, de Benghazi en Libye, de Taez au Yémen et de Deera en Syrie se sont engouffrés, engageant un débat sur le monde. Les Insurgés ont critiqué la misère de la survie, l’oppression policière, l’encadrement politique et l’ordre social. Ils ont révoqué par avance tous les représentants. lis ont nié le nihilisme de leurs oppresseurs, lesquels considèrent que vivre ne signifie rien de plus que mourir à petit feu.
Ils ont nié l’absence d’avenir, ils ont nié l’absence à sol, ils ont nié cette société du néant et de la répétition du même. Dans cette négation de la négation, lis ont tenté de fonder le temps. Ils ont pensé avec les mains, avec les pieds, avec la bouche, avec tout leur corps, ils se sont mis à déterminer pratiquement le monde. Après l’émeute, pendant l’émeute, avant la prochaine émeute, Ils se sont donnés des espaces pour poursuivre leurs débats, pour mettre des mots sur leurs actes, sur les pierres lancées, les Incendies, les pillages et les affrontements à mains nues.
Ils ont tissé des conversations singulières, créant des assemblées, formant des caravanes, installant des sit-in, recourant parfois aux armes. Ils ont pris le monde par surprise et l’ont fait trembler sur ses bases. « Février 2011 », vaste mouvement d’insurrections, est une charnière dans l’époque, un passage où nous sommes engagés.


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Huye hombre, huye

Xosé Tarrio Gonzalez
Nyclalope éditions

Xosé Tarrío Gonzalez est né à La Corogne, en Galice. Il connaît l’enfermenent et la discipline dès sa jeunesse à l’occasion de ses passages par l’internat, la maison de correction, puis par la prison. Il est de nouveau incarcéré à l’âge de dix-neuf ans pour purger une peine de deux ans et demi. Il n’en ressortira pas, d’autres condamnations venant s’ajouter à cette peine initiale. Candidat à l’évasion, protagoniste de mutineries, de prises d’otages de surveillants, il fait partie de ces quelques dizaines de détenus à qui le gouvernement a fait payer l’agitation dans les prisons espagnoles des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix en instituant un nouveau régime d’isolement carcéral - le FIES -, toujours en vigeur aujourd’hui. Le présent récit, bien plus qu’un journal, est le cri de révolte de ces détenus que la plus féroce des répressions démocratiques n’est pas parvenue à étouffer.


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La colonie française d’Algérie : 200 ans d’inavouable

Rapines et Péculats
Lounis Aggoun

En 1962, une nouvelle forme de colonisation commence en Algérie, qui conserve les aspects les plus sombres de la précédente. La révolution à peine née, débute l’élimination des dirigeants de valeur, compétents et intègres : une petite clique d’officiers profite de la confusion de la guerre pour s’emparer graduellement du pouvoir. D’éliminations politiques en assassinats, se concentre au sommet de l’État ce que le pays nourrit de plus néfaste. Aux deux bouts de la chaîne, en amont et en aval de la spoliation à grande échelle, émerge un homme, Larbi Belkheir, l’un des architectes de la confiscation du pouvoir en 1962, et le promoteur en 1999 du régime présidé par Bouteflika. En décidant d’envahir l’Algérie, la France a-t-elle apporté Les Lumières ou l’incendie ? La colonisation a-t-elle eu un caractère positif ou génocidaire ? De Gaulle a-t-il offert l’Indépendance ou plongé le pays dans un cauchemar dont celui-ci n’arrive pas à sortir ? Boumediene a-t-il succombé à une mort naturelle ou fut-il empoisonné ? Le pouvoir qui lui succéda était-il souverain ou contrôlé en sous-main par un « clan français » derrière Chadli ? L’assassinat d’Ali Mécili s’est-il accompli en dépit des forces de l’ordre dirigées par Charles Pasqua ? Quel rôle la France a-t-elle joué lors de la descente aux enfers de l’Algérie des années 1990 ? Le terrorisme islamiste est-il, comme le présentent les médias, un fléau menaçant l’Algérie de talibanisation ? Qui sont les véritables maîtres de l’Algérie ? Voilà quelques-unes des nombreuses questions auxquelles l’auteur répond sans peur de briser les tabous, en dévoilant certains des aspects les plus noirs de la relation entre les deux pays. Au fil des pages, les mythes implosent. De Napoléon à Sarkozy, de Talleyrand à Pasqua, du dey d’Alger à Larbi Belkheir, ce livre retrace près de deux siècles d’une histoire complexe et tumultueuse. En revisitant l’histoire récente de manière factuelle et très documentée, il ambitionne de faire la lumière sur les « pages glorieuses de la colonisation française », sur les « drames » de la guerre d’Algérie, tout comme sur la situation économique actuelle d’un pays tout entier dévoré par la prévarication.


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Comment le peuple juif fut inventé ?

Shlomo Sand
Fayard

Quand le peuple juif fut-il créé ? Est-ce il y a quatre mille ans, ou bien sous la plume d’historiens juifs du XIXe siècle qui ont reconstitué rétrospectivement un peuple imaginé afin de façonner une nation future ? Dans le sillage de la « contre-histoire » née en Israël dans les année 1990, Shlomo Sand nous entraîne dans une plongée à travers l’histoire « de longue durée » des juifs. Les habitants de la Judée furent-ils exilés après la destruction du Second Temple, en l’an 70 de l’ère chrétienne, ou bien s’agit-il ici d’un mythe chrétien qui aurait infiltré la tradition juive ? Et, si les paysans des temps anciens n’ont pas été exilés, que sont-ils devenus L’auteur montre surtout comment, à partir du XIXe siècle, le temps biblique a commencé à être considéré par les premiers sionistes comme le temps historique, celui de la naissance d’une nation. Ce détour par le passé conduit l’historien à un questionnement beaucoup plus contemporain : à l’heure où certains biologistes israéliens cherchent encore à démontrer que les juifs forment un peuple doté d’un ADN spécifique, que cache aujourd’hui le concept d’« État juif », et pourquoi cette entité n’a-t-elle pas réussi jusqu’à maintenant à se constituer en une république appartenant à l’ensemble de ses citoyens, quelle que soit leur religion ? En dénonçant cette dérogation profonde au principe sur lequel se fonde toute démocratie moderne, Shlomo Sand délaisse le débat historiographique pour proposer une critique de la politique identitaire de son pays. Construit sur une analyse d’une grande originalité et pleine d’audace, cet ouvrage foisonnant aborde des questions qui touchent autant à l’origine historique des juifs qu’au statut civique des Israéliens. Paru au printemps 2008 en Israël, il y est très rapidement devenu un best-seller et donne encore lieu à des débats orageux.


Un grand merci à tou·tes les donnateur·ices, et notamment aux éditions Syllepse et au laboratoire des frondeurs !


P.-S.

Vous voulez faire de la place dans vos étagères ? Vous héritez de la bibliothèque de votre grand tante anarchiste et vous avez déjà tous ses bouquins ? Vous avez une maison d’édition et le coeur sur la main ? N’hésitez pas à nous faire un don !


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