[FàC #6] De l’infamie célébrée dans les stades



Le nationalisme turque contamine les esprits et ses manifestations polluent les stades. C’est le moment de réaffirmer notre solidarité avec les peuples qui vivent et combattent au Rojava.

Dans les stades
Vendredi 11 octobre, la Turquie affronte l’Albanie au Stade Şükrü-Saracoğlu d’Istanbul pour la sélection à l’Euro-2020. À la 89e minute du match, l’attaquant turque Cenk Tosun marque le but qui offre la victoire et conforte la première place du groupe H à son équipe. Dans la foulée, une dizaine de joueurs turques rendent hommage à leur public en effectuant un salut militaire, révérence adressée surtout aux mercenaires turques qui opèrent un nettoyage ethnique au Rojava depuis le 9 octobre dernier.

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Lundi 14 octobre, la France affronte la Turquie au Stade de France, toujours pour la sélection à l’Euro-2020. À la 82e minute de jeu, Kaan Ayhan égalise face aux Bleus. Occasion toute trouvée pour les joueurs turcs de réitérer le salut militaire face à leurs 3800 compatriotes rassemblés dans les tribunes. Une fois la rencontre terminée, les hommes de Şenol Güneş s’adonnent au même geste face à des fans en transe après le match nul décroché contre les champions du monde, qui permet à la Turquie de conserver la tête du groupe H des qualifications pour l’Euro-2020.
Les images de ce salut militaire ne sont pas vues par les 7,4 millions de téléspectateurs français présents devant leur poste de télévision. M6 assure avoir simplement respecté « un cahier des charges de l’UEFA, dans lequel il est demandé de ne pas diffuser tout signe ou banderole à connotations politiques ». Inutile de préciser que pendant que les loups d’Erdogan saluent les milices turques, les stadiers empêchent le déploiement d’une banderole de solidarité avec le Rojava.

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L’UEFA affirme qu’une enquête disciplinaire a été ouverte « sur les comportements politiques potentiellement provocateurs » des Turcs lundi soir mais aussi vendredi contre l’Albanie. Un inspecteur disciplinaire est en charge du dossier et d’éventuelles sanctions sont prévues. La fédération turque pourrait être sanctionnée en tant que responsable du comportement de ses joueurs, ainsi que les footballeurs turcs qui ont effectué le salut militaire, par exemple via une amende. Mehmet Kasapoglu, le ministre des sports turque, défend son équipe, renvoyant la balle à la ministre des sports française en exhumant une photo de Griezmann au garde à vous devant Macron. Premièrement, cette minable mimique d’allégeance envers ce bouffon de Macron est exécrable. Deuxièmement, qu’une équipe entière rende hommage à des miliciens en train de massacrer un peuple ne pose pas tout à fait le geste sur le même plan. On nous objectera qu’en Turquie les enfants font le salut dès l’école maternelle, qu’il ne faut pas y voir autre chose qu’un geste culturel, que le service militaire est une vraie institution, comme en France il y a quelques décennies, que si on n’a pas fait le service militaire, on n’est pas un homme, … Nous répondrons évidemment que tout ceci est purement abject.

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Mardi 15 octobre, le club belge Turkse FC de Beringen publie une série de photos d’enfants saluant les soldats engagés dans l’opération militaire contre les Forces démocratiques syriennes. Les images partagées sur les réseaux sociaux montrent des joueurs d’âge divers en train de faire un salut militaire dans les vestiaires et sur le terrain. Un commentaire accompagne une des photos de joueurs de moins de dix ans :

« Nous souhaitons sacrifier notre âme pour l’existence de la nation turque, et ce n’est pas une blague. »

La branche néerlandophone de l’Union belge de football a ouvert une enquête. Basir Hamarat du Turkse FC a rejeté toute dimension politique de ce geste, affirmant que : « de telles photos sont partagées chaque année en hommage aux martyrs ». Effectivement, nous ne voyons vraiment pas ce qu’il y a de politique dans un tel geste…

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Sur le terrain
Rappelons que depuis le début de l’attaque turque en Rojava, le 9 octobre dernier, on dénombre 200 civils assassinés, 300.000 déplacés et des centaines de blessé. Les milices islamo-nationalistes turques filment des exécutions de civils en mésusant de l’acclamation « Allahu Akbar », lancent des attaques pour libérer des prisonniers de Daesh, bombardent des hôpitaux, usent d’armes chimiques contre les civils, …
Le samedi 12 octobre, la co-présidente du parti Future Syrie, Hevrin Khalaf, une des militantes des droits des femmes les plus connues en Syrie est violée et assassinée par les forces turques, et huit autres personnes sont exécutées après une embuscade contre un convoi de civils près de Girê Sipî. Le quotidien turque islamo-nationaliste Yeni Safak titre : « À la suite d’une opération réussie, la secrétaire générale du Parti du Futur de la Syrie, liée au parti politique terroriste PYD, a été mise hors d’état de nuire. »

Le dimanche 13 octobre, 4 travailleurs de l’ONG Heyva Sor (Croissant rouge kurde) sont enlevé par des mercenaires alors qu’ils secourent des civils blessés dans une attaque de l’armée turque. Le même jour, un convoi de civils et journalistes – dont une équipe de France2 – se rendant à Serekaniyê est attaqué par les avions turcs, tuant 26 civils, deux journalistes et en blessant d’autres. L’armée turque bombarde de nouveau la zone alors que l’équipe médicale d’Heyva Sor est sur place pour secourir les blessés.

Solidarité
Nous pourrions continuer d’énumérer les atrocités perpétrées par les groupes terroristes turques. Nous préférons relayer les actions de solidarité internationale. Citons le déploiement d’une banderole contre le nationalisme turque à la 9e minute du match Turquie-Brésil de la Coupe du monde de mini-foot en Crète. Des spectateurs ont également craqué des fumigènes et entonné des chants à l’encontre du président turc Recep Tayyip Erdogan. Les joueurs turcs ont refusé de continuer de jouer tant qu’elle n’était pas retirée du stade. Une fois ces spectateurs partis et la banderole enlevée, le match a repris après dix minutes d’interruption et le Brésil s’est imposé 1 à 0.

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Rappelons aussi le geste qu’avaient eu les supporter de Clapton Football en hommage à un combattant des YPG en 2017 :

A lire sur Twitter

Manifestations de soutien au Rojava samedi 19 octobre :
Paris : 15h, Place de la République
Strasbourg : 14h, Place Kleber
Toulouse : 16h, Métro Jean Jaures
Orléans : 15h, Place du Martroi
Rennes : 13h, Dalle du Colombier
Lyon : 15h30, place Bellecour
Caen : 13h, Place du théâtre
Bordeaux : 14h, Place Stalingrad.



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