Il a fallu une vidéo de plus. Une vidéo atterante. Vingt minutes de torture policière appliquée à un producteur de musique. Tout cette brutalité déchaînée seulement parce que Michel Zecler n’avait pas la bonne couleur de peau aux yeux de ces stupides bestiaux.
Il a fallu que tout cela soit filmé pour qu’on y croit. Pour que ce producteur ne finisse pas en prison après s’être fait tabasser. Pour qu’enfin une réaction soit possible qui dépase la simple vengeance.
Ainsi, enfin, de nombreux joueurs ont pris position après la diffusion de cette vidéo, le 26 novembre dernier.
Kylian Mbappé, attaquant du PSG, avait déjà fait une sortie après le meurtre de George Floyd. Cette fois, il publie un tweet en reprenant quelques vers de Diam’s :
— Kylian Mbappé (@KMbappe) November 26, 2020
Antoine Griezmann, milieu offensif du Barça, Samuel Umtiti, défenseur du Barça, Alexandre Lacazette, attaquant d’Arsenal, Jules Kounde, défenseur central du Séville FC, Layvin Kurzawa, latéral gauche du PSG et bien sûr Marcus Thuram, attaquant du Borussia Mönchengladbach, retweetent dans la foulée la vidéo de Loopsider brièvement commentée.
Benjamin Mendy, défenseur de Manchester City, approfondit la réflexion en se demandant ce qui serait advenu de Michel Zecler s’il n’y avait pas eu de vidéo. Le tout illustré par un collage inspiré de la fameuse réplique d’Hubert dans La Haine :
sans les vidéos il se serait passé quoi pour Michel ? on aurait préféré croire la version des policiers sous serment ? #commedhab @GDarmanin https://t.co/Ke7InUHmQz pic.twitter.com/PLSQ6nbKY3
— Benjamin Mendy (@benmendy23) November 26, 2020
La référence est reprise par Mathieu Bodmer, ancien milieu de terrain d’Amiens SC, qui tweete l’extrait en question :
25 ans après, plus que jamais d'actualité... 😡#ViolencesPolicières #LaHaine pic.twitter.com/iHomEaoqNL
— Mathieu Bodmer (@BODMERmathieu) November 26, 2020
Lilian Thuram, toujours là quand il faut, rejoint vite la fronde en répondant à une interview pour Mediapart :
🔴 « J'ai connu la victoire en Coupe du monde mais j'élève mes enfants en leur disant de faire attention aux policiers »
Après le choc des images de #Michel tabassé par des agents de police, interview de Lilian Thuram par @mathieu_m. https://t.co/TonfQTxEIS pic.twitter.com/7fbmTEp2We
— À l'air libre - Mediapart 🔴 (@_alairlibre) November 27, 2020
C’est la première sortie publique et collective de joueurs français de niveau international au sujet des violences policières. Ce genre de prises de position est essentielle, comme le souligne Assa Traoré : « Les mots des footballeurs sont précieux et nécessaires, parce qu’ils ont du poids, parce qu’il s’agit de jeunes gens qui défendent aussi un avenir, celui de nos enfants. La question qui se pose est celle de la justice et de l’égalité de tous. Il faut en finir avec l’impunité policière. » Toutefois, nous notons que parmi les joueurs ayant pris position, seuls Bodmer et Griezmann sont blancs. La solidarité est encore limitée.
Les joueurs de basket s’y sont mis aussi, comme Rudy Gobert, qui n’y va pas de main morte :
Continuez à tout filmer ! Ceux qui font bien leur boulot auront une bonne image. Et les laches et menteurs continueront d’être exposés. Que ça soit d’un sens ou d’un autre. https://t.co/IzeOBXWLYZ
— Rudy Gobert (@rudygobert27) November 26, 2020
C’est aussi le cas de Timothé Luwawu-Cabarrot, ou Evan Fournier, qui appuie sur l’importance de telles vidéos, alors que le gouvernement tente de faire passer le sulfureux article 24 de la loi sécurité globale qui interdira toute diffusion d’image de flic.
Ce petit porc de Darmanin, toujours fidèle à lui-même, rétorque que l’indignation de ces sportifs est irrecevable. Ceux-ci ne soutenant pas les policiers blessés lors des manifestations. En agissant ainsi il pose sur le même plan :
1. Une brutalité institutionnalisée, assumée, couverte et à laquelle on donne des moyens démesurés, et
2. Une violence qui consiste à tenter de s’extraire de ce joug écrasant.
C’est une opération de propagande tout simplement abjecte.
Il est peut-être bon de remettre au goût du jour les paroles de Dom Hélder :
« Il y a trois sortes de violence. La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés.
La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première.
La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres.
Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue. »
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