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Le Gang de la Clémentine - Un café et serrés (re-edit)


Saône-et-Loire

Lors de la manifestation contre la loi « sécurité globale » samedi 5 décembre à Chalon-sur-Saône, un curieux tract a circulé, scellé par une gommette en forme de clémentine, afin qu’il ne tombe pas dans les mains des services de renseignement. Le voici.

Le Gang de la Clémentine

# supplément réalité augmentée

Automne 2020 :
Un café et serrés (re-edit)

Nous devisions tranquillement en buvant un café au restaurant de la Coupole, lorsqu’une cliente s’approcha de nous. Elle avait un air hésitant entre inquiétude et stupéfaction.
Il faut dire qu’elle avait de quoi être apeurée. Elle venait en effet de se frayer un chemin à travers un peloton de gendarmes mobiles armés et casqués, une équipe de la brigade anti-criminalité, un groupe de policiers dont certains en civil, des agents des différents services de renseignement... Au total une cinquantaine de représentants des forces de l’ordre.
– Euh... vous savez ce qui se passe ? Nous demanda-t-elle.
Sans doute s’attendait-elle à une réponse à la hauteur du dispositif guerrier qu’elle avait réussi à franchir. Peut-être même qu’elle avait échafaudé sa petite théorie qu’elle pourrait raconter à ses collègues à table (de six), et qu’elle attendait juste une confirmation de notre part, du genre :
– Un client s’est approché du comptoir sans mettre son masque
Ou encore :
– la distanciation physique entre le porte-manteau et la table 4 n’a pas été respectée. La police scientifique a amené son mètre et est entrain de faire les relevés.
Au lieu de quoi sa curiosité dut se satisfaire de notre réponse, bien banale dans la période actuelle :
– Une quarantaine d’opposant·e·s à Macron et son monde répressif ont voulu boire un café avec un pol...
Nous ne pûmes davantage satisfaire sa curiosité car, faisant partie des gens susmentionnés, et après ce court et illusoire bavardage au comptoir, la réalité nous avait rattrapé·e·s : cette invitation à boire un café avec un policier n’était rien d’autre qu’un petit subterfuge destiné à confondre les membres du gang de la Clémentine. Nous fûmes appréhendé·e·s et dûmes nous soumettre aux contrôles d’identité et autres fouilles corporelles. [1]

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Quelques semaines plus tard, quand nous nous rendîmes à la maison de justice et du droit pour la composition pénale, nous trouvâmes porte close. [2] Le délégué du procureur, mal remis de sa soirée bridge de la veille, avait complètement zappé. Il s’apprêtait à ouvrir le frigo et sortir le beurre pour ses tartines quand il vit le post-it sur la porte. Merde, songea-t-il. Il décida d’appeler l’un des pépiniéristes du gang.
« Oui, bonjour Monsieur, ici le Délégué du procureur, à quelle heure je vous ai convoqué déjà ? On peut pas faire ça plutôt par téléphone ? Non ? Par whatsapp ? Non plus ? Ah ? Vous préférez que les choses soient faites dans les règles ? »
Face à l’intransigeance du Sous-Commandant de la Section des Pamplemousses roses de la 1 ère Internationale de la Clémentine, le délégué du procureur dut se rendre à l’évidence : il ne profiterait pas de son petit-déjeuner en écoutant Salami & Demeuré. [3]
Il se pointa une demi-heure plus tard, la gueule enfarinée, afin de recevoir successivement les 9 fauteuses et fauteurs de trouble. Il eut un doute sur leur identité, puisque chacun·e avait le visage caché par un masque qu’il était désormais interdit de ne pas porter dans les lieux publics. Nez-en-moins il décida de leur administrer à chacun·e une amende de 625 euros, pour les faits commis lors de la première opération café serrés, portant la somme totale à régler à l’État et la SNCF à près de 6000 euros.
Aussitôt la solidarité se mit en place et des commandes de cagettes de clémentines nous parvinrent des 4 coins du département et d’ailleurs. Tant et si bien que la caisse fut rapidement abondée à hauteur de l’amende infligée.
Il reste même un peu d’argent : juste de quoi bloquer en toute sérénité une demi-micheline, ou au moins le point relay, lors d’une prochaine manif à la gare.

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Le tract
Action en gare de Chalon : un café et serrés

Récit de la journée de mobilisation du 10 février 2020 à Chalon, contre la retraite par points, Macron, et son monde.

18 février 2020


Notes

[1Cette première partie du récit se déroulant à la Coupole est purement fictive. C’est un plagiat du récit de la véritable affaire « un café et serrés » à la gare le 10 février. L’illustration, quant à elle, n’est pas un photomontage : d’après les déclarations de curieux s’étant rendu sur place, l’invitation aurait rencontré un succès limité.

[2Cette seconde partie du récit est étayée de nombreuses pièces, dont l’enregistrement de l’appel du délégué du procureur.

[3Émission radiophonique matinale de grande écoute.

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