[Montbéliard] Frédéric Vuillaume encore en garde à vue pour avoir manifesté


Doubs

C’est devenu malheureusement une habitude. Priver de liberté une personne pendant 16 heures pour avoir essayé d’exercer l’unique droit qui fait la différence entre un état autoritaire et une démocratie : le droit de manifester. Cela s’est passé à Montbéliard, lors de la venue du premier ministre, Gabriel Attal.

Le jeune premier ministre s’était rendu à Montbéliard ce 16 mars, pour assister au « Joyeux Bazar », la fête inaugurale de « Capitale française de la culture 2024 » qui avait lieu à Montbéliard. Et hasard du calendrier, il avait déclaré dans la presse, profiter aussi pour « fêter son anniversaire ».

Comme d’habitude pour ce genre de déplacement, avant l’arrivée du Premier Ministre, une poignée de manifestants venus dans le cadre d’une manifestation syndicale spontanée, avaient comme plan de scander des slogans contre la politique du gouvernement. Mais, cela ne s’est pas passé comme prévu.

Quelques minutes avant l’arrivée du premier ministre, Frédéric Vuillaume, syndicaliste bisontin Force Ouvrière, a été interpelé et porté littéralement par les pieds par des policiers : « ils sont directement arrivés sur moi, ils sont venus à dix pour m’arrêter et me soulever pour me porter directement dans le fourgon de police. Ils m’ont reproché une manifestation non déclarée » nous a expliqué le syndicaliste joint par téléphone.

16 heures de privation de liberté, 5 jours d’ITT

Il s’en est suivi une privation de liberté (placement en garde à vue) pendant 16 heures pour qu’il soit libéré dans la matinée de dimanche, avec un classement sans suite. Et de plus, cette arrestation violente a laissé des séquelles. 5 jours d’ITT prescrits pour le syndicaliste, les menottes ont été serrées à un tel point, que ses poignets ont fini abîmés.

C’est la énième arrestation, GAV et interpellation de Frédéric Vuillaume. Nous avons interviewé et échangé avec le syndicaliste à des nombreuses reprises sur ces situations. Radio France lui avait consacré l’un des podcasts « Comme un bruit qui court ». Une bis repetita qui tourne en boucle depuis qu’il a été désigné leader des Gilets Jaunes à Besançon en 2018.

De façon factuelle, nous sommes devant un syndicaliste qui exerce son droit le plus élémentaire : le droit de manifester. Jusqu’à ce jour, personne n’a pu lui reprocher autre que sa voix qui porte et son message. Un manifestant pacifique, membre du syndicat Force Ouvrière et surtout un ouvrier qui milite pour un autre monde, plus juste, plus équitable.

Tout ceci lui vaut aujourd’hui d’être la cible préférée des forces de l’ordre à Besançon. Pour preuve, de l’ensemble des manifestants, il est à nouveau le seul à avoir été interpellé et placé en garde à vue.

Ainsi, le premier ministre, a pu fêter sa 35e année correctement, sans avoir à être dérangé par un quelconque slogan venu gâcher sa fête.

*Le syndicaliste a annoncé son souhait de porter plainte pour l’arrestation, qu’il considère abusive.



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