Une maison pour des personnes exilées à Dijon
Depuis mercredi 7 avril, une maison a été occupée avec pour objectif d’en faire un lieu d’habitation pour femmes et minorités de genre exilées. Les femmes représentent près de 30% des demandeureuses d’asile mais elles sont cependant invisibilisées dans les médias et le discours public.
Pourtant, être une femme exilée, d’autant plus en étant LGBTQIA+ [1], c’est s’exposer à davantage de difficultés, d’une part sur les routes migratoires mais aussi une fois arrivée en France : précarité, violences sexuelles... et violences administratives, infligées par tout le parcours de demande d’asile. Dans les bureaux de l’OFPRA [2], entre autres justifications absurdes et douloureuses à apporter, les personnes LGBTQIA+ sont obligées de prouver leur orientation sexuelle ou leur genre, subissant la lourde (et souvent impossible) tâche de se raconter dans son intimité, tout en pouvant ne pas être cru-e si on ne colle pas aux stéréotypes.
Pour se loger, il est difficile de trouver de la solidarité, de l’intimité et de se sentir à l’aise, que ce soit dans les lieux d’accueil « conventionnels » (CADA, Samu) ou dans les lieux d’hébergements alternatifs. Peu importe où elles sont hébergées, les personnes se retrouvent dans des espaces qui sont principalement habités et organisés par des hommes. Cela peut accentuer le sentiment d’isolement et rendre plus difficile le fait de se reconstruire après une expérience de migration. Créer ce nouveau lieu d’habitation offre la possibilité aux personnes en éprouvant le besoin de trouver un espace où elles se sentent bien pour se soutenir et s’apporter le soin nécessaire. En ces temps d’épidémie, cette habitation en petit nombre permet aussi de se protéger et de vivre le confinement dans des conditions décentes.
Nous trouvons absurde que le nombre de logements vacants reste si élevé alors que des personnes vivent toujours dans la rue. Et puisque l’Etat choisit de s’engager dans la voie d’une répression systématique ou de lacérer des tentes quand il est en réalité de sa responsabilité d’héberger ces personnes, il nous parait légitime de nous organiser pour réquisitionner nous-mêmes des logements.
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