Depuis 2015, l’exécutif se confère un pouvoir exorbitant sous couvert de « régimes d’exceptions ». D’abord avec l’état d’urgence décrété en 2015, qui durera deux ans ; s’en suivra un basculement de plusieurs des mesures dîtes « d’exception » dans le droit commun.
Depuis 2020, la France est entrée dans un nouvel état « d’exception » : l’état d’urgence sanitaire, bien plus restreignant encore. Voilà un an que les libertés d’aller et venir et de réunion sont piétinées.
Tout comme l’état d’urgence de 2015, ce régime sanitaire autoritaire dit « d’exception » devient la norme et ce, de manière coercitive. Si les premières mesures liées à la crise sanitaire ont largement été respectées, dans l’espoir de lendemains meilleurs, elles deviennent désormais plus que préoccupantes de par leur installation dans la durée. Puis la loi de sécurité globale les a rejoint ; et la loi sur les séparatismes ; les renforcements du fichage, du contrôle par la télésurveillance, etc.
Il est grandement nécessaire de rétablir le balancier entre liberté et sécurité, aujourd’hui déséquilibré de manière dangereusement disproportionnée.
C’est dans ce contexte sécuritaire que le 3 avril a été une journée bien sombre pour le droit de manifester, pour la Maskarade et pour la culture.
Le 26 mars, une déclaration de manifestation est déposée en préfecture pour une nouvelle manifestive le 3 avril. Dans un premier temps, aucun retour de la préfecture. Puis nous sommes contacté·es le 31 mars pour nous informer d’une convocation le lendemain, au motif soi-disant de rediscuter des modalités du parcours de la manifestation. Une fois sur place, on nous explique que la manifestation n’aura pas lieu - sans négociation possible et non sans un mépris flagrant. Les raisons invoquées ? Des forces de l’ordre en sous effectifs pour sécuriser ce week-end de Pâques en plan Vigipirate et le renforcement des mesures liées à la crise sanitaire.
Ayant conscience que nos manifestations ne sont pas du goût des autorités, nous avions prévu de nous défendre en cas d’arrêté préfectoral. Un référé liberté plus tard, le tribunal a donné raison à la préfecture en rejetant notre requête, interdisant de fait la manifestation.
Voilà comment, cette fois-ci, les mesures sécuritaires l’ont emporté sur les libertés fondamentales. Il va sans dire que ce n’était que la première bataille et que nous ne nous arrêterons pas là.
Sur le motif de sous effectif des forces de l’ordre dans un contexte de plan Vigipirate
Les flics sont généralement à l’affut du moindre prétexte pour intervenir en manif et faire ce qu’il savent le mieux faire : nasser, gazer, réprimer. N’importe qui ayant participé à des manifestations ces dernières années pourra en témoigner.
Pourtant, ils n’ont même pas trouvé de motif pour intervenir lors des deux manifestives Dijonnaises, alors même que leur attitude plus que provocatrice à l’égard de certain·es participant·es et organisateur·rices ne laissait pas le moindre doute sur leur envie d’user de la matraque. Et pourtant ! Pourtant, le préfet a indiqué qu’il ne pouvait laisser la manifestation se dérouler car il n’avait pas réussi à mobiliser suffisamment de forces de l’ordre à son goût. Il use d’ailleurs de ce motif tout en admettant par la même n’en avoir fait la demande que le 1er avril alors que la manifestation était déclarée depuis le 26 mars.
La liberté de manifester ne serait donc plus possible sans milice politique pour nous mâter ?
A défaut de la manifestive, nous avons appelé à se rassembler devant le théâtre « occupé » pour ne pas totalement abdiquer. Il n’y avait alors qu’à être présent·e ce samedi à 14h pour se rendre compte de l’hypocrisie du motif invoqué par le préfet. Les forces de l’ordre, envoyées par le préfet lui-même, étaient bien présentes (et en nombre !) pour faire pression sur les quelques dizaines de personnes rassemblées. À l’heure où la culture se meurt, un balais de flics allaient et venaient intimider des personnes pour une canette ou un masque mal mis. Le programme de cette journée d’« occupation » a quand même été respecté ; à quelques exceptions près. Lorsque les participant·es à la maskarade ont commencé à mettre de la musique tekno comme il en avait été convenu avec les « occupant·es » du théâtre et sur les enceintes prévues à cet effet, les flics sont intervenus pour les en empêcher en menaçant de stopper toute la programmation de l’après-midi. Alors la musique à été coupée. Les autres activités ont repris.
Une illusion de liberté est tolérée pourvu qu’elle ne fasse pas trop de vague.
Puis, telle la peste, la pression se répand : certain·es "occupant·es" du théâtre, perturbé·es, sont rentré·es dans la danse en propageant le discours sécuritaire des flics.
Les flics sont repassés en milieu d’après-midi pour menacer de saisie un groupe de musicien·nes jouant du ukulélé bien connu des Dijonnais·es " Les Dukes ", si ces dernier·es n’arrêtaient pas de jouer.
Participer à l’agora d’une occupation, même autorisée par la mairie, ne serait donc plus possible sans milice politique pour nous mâter ?
Plus tard, dans les parcs de la ville, la BAC et plusieurs fourgons de police nationale ont froidement recommencé la même scène d’allées et venues en intimidant les jeunes venus s’y poser pour profiter du soleil.
Être en petit groupe dans un parc ne serait donc plus possible sans milice politique rôdant pour nous mâter ?
Sur le motif sanitaire
Jusqu’à preuve du contraire, aucune manifestation, même festive, n’a entrainé de cluster. Et si on a entendu tout et son contraire concernant les lieux de contamination, une chose est sûre : les lieux clos sont de loin les premiers lieux de contamination, contrairement aux espaces ouverts. Pourtant, transports et entreprises restent ouverts pendant qu’on nous interdit tout le reste, même en extérieur.
Ce même samedi, la rue de la liberté et ses magasins étaient bondés, pendant que la préfecture interdisait de manifester. La jeunesse voulant profiter du soleil dans un parc se faisait intimider par les flics pendant qu’un amas de personnes pouvait tranquillement faire son shopping en centre-ville.
Toujours ce même mot d’ordre : Travail, consomme, et ferme ta gueule.
Iels voudraient nous décrédibiliser et nous réduire au silence au motif que nos manifestives ne seraient pas politiques, pas revendicatives. Alors qu’à l’heure du covid, la fête est, de fait, un acte de rébellion. Alors que c’est par la rue que nous avons fait le choix de ne pas abdiquer. Alors qu’iels nous donnent toujours plus de raisons de revendiquer et de se révolter. Avec le plus grand des mépris, iels viennent nous dire qu’il n’est pas facile d’avoir 20 ans en 2020. Ils oublient de dire qu’iels en sont les premier.es coupables. Nous n’oublierons pas.
La free party n’a jamais eu besoin qu’on lui donne une autorisation pour exister. Au contraire. La free a toujours été un outil contestataire et avec les manifestives, elle l’est aujourd’hui plus que jamais. Elle s’invite dans les villes. Au cœur de la contestation. Et la jeunesse s’en saisit.
Pour le retrait pur et simple des lois de « sécurité globale » et contre les « séparatismes ». Pour le droit légitime à une vie sociale et culturelle. Pour la reconquête des libertés.
Rendez-vous le 17 avril pour l’acte trois des manifestives.
Le comité de soutien a la Maskarade Bourgogne Franche-Comté
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