Après l’incontestable succès de la manifestation de jeudi dernier, la frange la plus combative de l’intersyndicale appelait ce samedi à une nouvelle manifestation contre la réforme des retraites. Suite aux coups de pression préfectoraux (on rappelle que la préf’ a opportunément fait « fuiter » une lettre à destination d’un des co-secrétaires de Solidaires 21 dans la presse), les syndicats avaient décidé de déclarer ladite manifestation. Résultat (attendu) : une interdiction de manifester décrétée la veille de la manif, dans un délai trop court pour permettre la moindre contestation administrative. Énième entrave au « droit de manifester », sur lequel il devient de plus en plus difficile de se reposer dans la pratique. Heureusement les dernières manifestations, ce samedi compris, nous ont montré que l’inventivité et le rapport de force assumé peuvent déjouer les menées autoritaires de l’État et des préfectures.
Ce samedi donc, on était environ 200 à se sont réunir place de la République, sous couvert d’assister à la conférence de presse intersyndicale. Les représentants des syndicats (et de la LDH) ont une nouvelle fois dénoncé la réforme des retraites, mais aussi la répression dont son opposition fait l’objet : interdiction de manifester, on l’a vu, mais aussi violences policières. Outre les images des désormais fameux « BRAV-M », de leurs exactions et humiliations, encouragées et couvertes par leur hiérarchie, deux manifestant·es ont été mutilé·es jeudi dernier : une accompagnante d’élève en situation de handicap (AESH) dans un lycée de Rouen, qui a eu le pouce arraché par une grande de désencerclement, et un cheminot membre de Sud Rail, qui a perdu un œil à Paris, probablement à cause de ces mêmes grenades.
Passé le temps des discours, le rassemblement s’est vidé petit-à-petit... pour mieux se reformer place du Bareuzai, après que le mot ait discrètement tourné parmi les personnes présentes. Sans mégaphone, banderole, ou pancarte, un cortège désordonné a ensuite sillonné les rues de l’hypercentre en clamant des slogans contre la réforme. « La retraite à 60 ans, on s’est battu·es pour la gagner, on se battra pour la garder », « On ira jusqu’au retrait », « Même si Macron ne veut pas on est là », etc.
Bien emmerdés par ce cortège au milieu des boutiques et des consommateur·ices du samedi, les flics n’ont pas pu intervenir et se sont contentés de suivre un temps la manif, avant de se faire chasser. Deux-trois poubelles ont été cramées, histoire de rappeler à Macron et au préfet qu’on ne va pas sagement attendre que le mouvement s’essouffle comme ils l’espèrent. On est reparti au bout d’une heure - une heure et demi, en se donnant rendez-vous mardi, à 14h place de la Lib’ !
Des manifestant·es
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