Retour sur le squat d’accueil et d’habitation « le Pado » à Briançon



Le 13/12, le squat d’accueil et d’habitation du Pado, à Briancon, a été évacué après notification d’un arrêté de mise en péril demandé par le maire, Arnaud Murgia. La trêve hivernale avait été obtenue en octobre, laissant normalement jusqu’au 31 mars aux habitantEs pour quitter les lieux.

Depuis l’expulsion, les médias et rumeurs se déchainent : nous sommes tous.te.s dégoutéEs par le zèle que les médias mettent à montrer le Pado comme un lieu sale et violent. Nous devons reconnaitre que la vie n’y a pas toujours été aisée, mais tout ce qu’a representé le Pado, tout ce qui y a été vécu a besoin d’etre porté à la connaissance de celles et ceux qui ne l’ont pas experimenté, pour qu’iels puissent se faire un avis plus nuancé.
Ce texte propose une contextualisation de l’ouverture du Pado, une analyse des raisons invoquées dans l’arreté de mise en péril pour expulser le Pado, une remise en cause de nombreux non sens et propos irréels énoncés dans les médias et le point de vue des premierEs concernéEs, à savoir les habitantEs.

I Remise en contexte

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1. Pourquoi le Pado- situation dans le Brianconais

Le premier point qui doit être éclairci, c’est le contexte à Briancon. Il s’agit d’une frontière avec l’Italie qui est empruntée par les personnes en éxil. Chaque année, il y a de plus en plus de personnes qui se retrouvent forcées à quitter leur pays d’origine pour fuir la guerre, l’opression politique, religieuse, les déreglements climatiques, pour se donner la possibilité d’une vie plus digne...

Cet été, il y a eu une situation d’urgence sans précedents : le nombre de personnes traversant la frontière ayant considérablement augmenté, le refuge des terrasses solidaires (association proposant un hébergement d’urgence), c’est retrouvée débordée.
En effet, au début de l’été, jusqu’à plus de 300 personnes avaient besoin d’un endroit où passer la nuit après leur longue traversée des montagnes du col de Montgenèvre.

Malgrès une politique interne fixant un maximum légal de 81 places d’hébergement et à la limitation à trois nuit maximum, la situation est rapidement devenue ingérable. De partout, des personnes dormaient dans chaque mètre carrés disponible, dans les couloirs, en extérieur à meme le sol, des dizaines de lits de camp dans le réfectoire, des tentes sur la terrasse...
De nombreu.x.ses salariéEs et bénévoles se sont retrouvés dans une détresse mentale et émotionelle intense, voir en burn out.

Comme le rappelle l’association tous migrants dans son dernier communiqué, Les interpellations de la préfecture pour la mise en place d’un centre d’hébergement d’urgence compémentaires restent vaines. La seule réponse apportée par le préfet : « dans le contexte d’augmentation des fluxs migratoires que connait actuellement le département des hautes Alpes, il ne fait aucun doute que la réduction du nombre de passages illégaux à la frontière est le seul moyen d’agir efficacement sur la situation que connait le Brianconais. L’état fait ainsi sa part , s’assurant du bon respect des lois et règlements en vigeur en matière d’entrée sur le territoire national. »

C’est dans ce contexte que l’ouverture du Pado a été pensée.

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Alors que le batiment venait d’etre ouvert, à l’intérieur c’etait la bataille pour tenter de trouver des solutions pour rétablir l’eau et l’électricité afin de proposer un accueil le plus digne possible aux personnes de passage, les terrasses solidaires avaient fermées sous la pression qui y était subie depuis des semaines ; ce qui a plongé le Pado dans le vortex de l’urgence sans y être préparé.

Témoignage d’un habitantE :« Le Pado etait comme un mini société organisée autour des personnes traversant la frontière et qui avaient besoin de solutions pour continuer leur route. Les personnes s’engageant à leurs cotés avaient pour but de les soutenir dans différentes démarches. Dans le point de vue d’une personne sans papier ayant vécu ici, le Pado était comme une famille alors qu’il ne connaissait personne en europe. S’il n’avait pas trouvé ce squat, il aurait dormi dehors ou dans une station essence, il n’aurait pas pu récuperer son passeport rapidement. Quand il a traversé la frontière, il n’avait pas d’argent pour le bus, seulement les habits qu’il portait sur lui. Il a pu trouver des endroits ou prendre une douche, et commencer à comprendre comment fonctionnait l’europe. Quand il a été malade, il aurait été plus compliqué pour lui d’acceder à des soins sans l’accompagnement qui lui a été proposé. Le pado etait sa maison, et ses habitantEs sa famille. »

Pour la plupart, les habitantEs n’arrivaient pas par choix. Le Pado c’était avant tout une réponse simple face a un manque de solutions d’hébergement d’urgence et un abandon des acteurs institutionnels de la région...


2 : remise en cause des clauses de l’arreté de péril.



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