Usine JTEKT de Chevigny : Les employé·es face au « management par la peur »



Augmentation des cadences, chantage au licenciement, intimidations des managers : chez l’équipementier automobile JTEKT, les employé·es travaillent dans un climat de plus en plus tendu. Pour avoir tenté de mettre fin à une des « séances de brimade » d’un chef d’équipe, un délégué syndical CGT était convoqué lundi dernier à un entretien préalable à sanction pouvant aller jusqu’au licenciement.

Dans un communiqué publié fin juin, l’Union Départementale CGT 21 dénonçait les pressions managériales croissantes exerçées sur les employés de l’usine JTEKT de Chevigny-Saint-Sauveur. Par exemple la présence d’« un chef derrière les salariés, les mains croisées, des chronomètres pour nous rappeler que nous n’allons pas assez vite, des brimades répétées aux briefings, des petites réflexions en cours de journées, des intérimaires sous pressions qui reçoivent sur leur portable des messages de Adecco [1] ». Au micro de France Bleu Bourgogne Franck Oliver, élu CGT au CHSCT chez JTEKT, dénonce quant-à-lui un « management par la peur comme [il n’en a] jamais ressenti en 23 ans de carrière. Il y a un climat anxiogène et une ambiance délétère qui a de graves conséquences, les dépressions, les burn-out, et une souffrance au travail qui est énorme. Il ne se passe pas une semaine sans qu’un salarié ou deux ne me dise qu’il vient avec la boule au ventre et qu’il est prêt à en découdre sur le lieu de travail. »

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Selon la CGT, l’origine de ce harcèlement managérial est à trouver dans la volonté de la direction d’augmenter la productivité des ouvriers de 72% en deux ans (sans augmentation de salaire). Cette pression s’exerce particulièrement sur les intérimaires, qui représentent environ 500 des 1200 salariés de l’entreprise. Pour eux en effet, elle s’accompagne d’un chantage au licenciement. Jean-François Bellorgey, suppléant CGT du délégué syndical expliquait au micro de France Bleu Bourgogne que « s’ils ont des jours de maladies ils sont automatiquement en fin de contrat, s’ils dépassent d’une minute ou de trente seconde la pause ils se font réprimander, et dès qu’on arrive à atteindre l’objectif on nous augmente encore de 20 ou 30 pièces, un objectif inatteignable qui se solde par des heures supplémentaires quasi obligatoires, puisque nos collègues intérimaires savent que s’ils refusent pour une raison familiale ou autre ils seront en fin de contrat dans les semaines qui suivent ». Quant à la présence des chefs d’équipes, bras croisés ou chronomètre en main derrière les opérateurs, les intérimaires qui s’en sont plaind ont là aussi vu la direction mettre fin à leur contrat.

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Christian Marchet, délégué syndical CGT était convoqué ce lundi à un entretien préalable à sanction pouvant aller jusqu’au licenciement. La direction l’accuse d’avoir "agrippé par le col un cadre". Pour lui « c’est la réponse de la direction aux multiples interpellations qui lui ont été remontées par des membres du personnel et par plusieurs syndicats au sujet des harcèlements que nous subissons au quotidien ». Dans son communiqué, la CGT explique qu’il lui est reproché d’être intervenu pour "mettre fin à une des nombreuses « séances de brimades » dont raffole le chef d’une équipe composée essentiellement d’intérimaires". La réponse de la direction devrait arriver dans les trente jours, mais le syndicaliste espère que le rassemblement de ce lundi "permettra de faire bouger les choses". En effet, à l’appel de l’Union Départementale CGT 21, une trentaine de personnes étaient réunies ce lundi devant les grilles de l’usine à Chevigny-Saint-Sauveur, pour soutenir les salariés et le délégué syndical de JTEKT.



Notes

[1 »Le groupe suisse Adecco, leader mondial des solutions en ressources humaines, est présent sur les cinq continents et sur plus de soixante pays. Il figure sur la liste des 500 plus grandes sociétés mondiales du magazine Forbes.« Boite d’interim s’étant notamment distinguée pour avoir mis en place un système de discrimination raciale à l’embauche. Le groupe a pour cela été condamné à payer 85 000€ d’amendes et de dommages et intérêts en Belgique et en France.

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