#33 L’invasion zapatiste à Dijon



Où il est question des zapatistes, de leur débarquement en Europe et d’un légendaire match de football contre une équipe dijonnaise.

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Chronique Dijoncter - #33 L’invasion zapatiste à Dijon
Mardi 12 octobre 2021
Chronique pour Radio Campus Dijon

Pour aller plus loin :

Texte de la chronique

  • Ah ben ça fait du bien de se retrouver, ça fait un bail qu’on s’est pas vu·es !
  • Ben ouais, c’était les vacances, pis après c’était la rentrée, tu vois quoi...
  • Et alors y’a du nouveau pour toi ?
  • Ben le dernier truc en date c’est que j’ai assisté à un sacré match de foot hier soir...
  • Quoi ?? Tu t’es mise au foot ? Ah ouais grosse nouvelle... Je savais pas que le sport c’était ton truc, j’pensais que y’avait que la politique et l’actualité qui t’intéressaient !
  • Ouais ben justement, la politique et l’actualité du début de semaine sur Dijon c’est ça : l’armée de libération zapatiste qui est venue jouer au foot sur le stade des bourillots !
  • Quoi ? Y’a une armée zapatiste à Dijon ? Et elle joue au foot ? Pis c’est qui d’abord les zapatistes ?
  • Les zapatistes c’est des hommes et des femmes indigènes et métis du Chiapas, au sud du Mexique, qui ont pris les armes pour se soulever face au pouvoir méprisant et asservissant des colons et propriétaires terriens. Ils et elles ont constitués l’Armée Zapatiste de Libération Nationale ou EZLN dans le but de servir les communautés paysannes qui se réapproprient des terres, de les accompagner, de les soutenir, de les défendre.
  • Jamais entendu parler, ça existe depuis longtemps ?
  • Ben ouais ! Officiellement, l’EZLN a été fondée par six guérilleros dans la selva Lacandone au Chiapas le 17 novembre 1983. Ces guerilléros se rapprochent des communautés indigènes en conflit avec des propriétaires terriens dans les années qui suivent. Ces contacts sont facilités par des indigènes politisés par la présence d’unités de guerillas guévaristes au Chiapas depuis 1969, de groupes maoïstes et de syndicats paysans inspirés par les guerillas au Salvador, Nicaragua et Guatemala. Le tout soutenu par l’église indigène, adepte de la théologie de la libération.
  • Une armée de six personnes ça fait pas beaucoup quand même.
  • L’EZLN va très vite prendre de l’ampleur et faire sa première apparition publique au sein de l’Alliance Paysanne Nationale Indépendante Emiliano Zapata, fondée en 1989. Cette alliance organise des manifestations qui culminent le 12 octobre 1992 lorsque 10000 personnes abattent la statue d’un conquistador à San Cristobal de Las Casas. C’est à ce moment là que le soulèvement armé est envisagé au sein de l’EZLN.
  • Ah oui parce que jusque là ils faisaient, quoi, ils s’entrainaient ?
  • Ben oui, faut être bien entraîné pour un soulèvement armé. Leur décision est prise le 23 janvier 1993. Le soulèvement aura lieu le 1er janvier 1994, le jour de l’entrée en vigueur de l’ALENA, accord de libre-échange néolibéral nord-américain. L’EZLN occupe le palais municipal des quatre principales villes du Chiapas et après 12 jours de guerre le gouvernement décrète un cessez-le-feu et entame un dialogue avec l’EZLN.
  • Ah ouai, ils ont plié le game, respect. Et ça a donné quoi ce dialogue ?
  • Ba il aboutit deux ans après aux accords de San Andrés sur les droits et cultures des populations indigènes. Sauf que le président mexicain refuse d’appliquer les accords, alors l’EZLN créé 38 municipalités autonomes sur des terres qu’elle occupe et au sein desquelles elle met en oeuvre les accords. Les zapatistes appellent à la « première rencontre internationale pour l’humanité et contre le néolibéralisme » qui sera un des premiers actes du mouvement altermondialiste. Le gouvernement mexicain, lui, forme une unité spéciale de contre-insurrection et arme des groupes paramilitaires pour mener une guerre de basse intensité contre l’EZLN. Depuis, les zapatistes organisent leur autonomie et inspirent les luttes anticapitalistes du monde entier pendant que l’Etat mexicain leur mène une guerre sournoise.
  • Ok, mais comment ils se retrouvent en Europe maintenant ?
  • Il y a un an, ils et elles ont décidé de lancer un « grand projet d’invasion de l’Europe », qui s’appellerait « le voyage pour la vie » pour aller à la rencontre des territoires en lutte. Après plein de difficultés, une première vague de 180 personnes ont finalement débarqué en Europe il y a un mois.
  • Wha un voyage à 180 faut y aller, déjà qu’à 5 dans une voiture ça me fait péter un plomb de décider de l’heure de la pause...
  • Ah nan mais ils voyagent pas à 180 ! Ils se sont dispatchés en plein de petite équipe de 5 personnes pour aller rencontrer les gens un peu partout. Jusque là, ils étaient en Allemagne, en Autriche, en Hongrie, et dans plein d’autres pays d’Europe de l’Est. Mais après un mois de voyage, ils avaient besoin de se retrouver toutes et tous pour discuter de la suite, avant de se répartir en Europe de l’Ouest.
  • Et du coup ils ont décidé de faire ça à Dijon ???
  • Ouais, apparemment ils avaient deux exigences : pouvoir être logé·es à 180, et organiser un match de foot. Ça tombe bien vu que y’a un stade pas loin des Tanneries...
  • Ah ouais le match de foot, méga symbolique de l’union entre les peuples, un véritable sport populaire qui fait se rencontrer tous les prolétaires de l’humanité à travers une dépense physique qui met tout le monde en transe...
  • Ouahouahouah stop tu t’emballes là... En fait je crois que c’est juste que l’Armée zapatiste a une équipe de foot féminine, et que les membres étaient toutes dispatchées depuis le début du voyage. Du coup si elles voulaient jouer au foot au moins une fois en Europe au cours de leur voyage, c’était maintenant ou jamais...
  • Et elles ont affronté qui ? Le DFCO ? Ouah elles ont gagné ???
  • Mieux que le DFCO, elles ont rencontré la Mostaza, une toute nouvelle équipe en mixité choisie créée pour l’occasion avec des personnes qui n’avaient parfois jamais trop joué au foot mais qui voulaient faire honneur à la venue des zapatistes !
  • Et ça a marché ?
  • Ouais carrément, la Mostaza a gagné 3 - 1.
  • Et la suite alors ?
  • Une délégation de 5 personnes restent à Dijon pendant une dizaine de jour, pour faire connaissance et échanger sur les luttes qui se mènent ici et là-bas. Il y aura des rencards publics à la fin de la semaine, tiens-toi au jus sur dijoncter !


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