Ça brule à Dijon - Témoignage



Quand un immeuble brûle, les flammes font parfois moins de dégâts que le silence d’un expert en assurances. Témoignage d’une famille en galère pour que l’expert d’Elex qui s’occupe d’elle puisse trouver quelques grains d’humanité pour lui répondre.

Le 23 février 2021, un incendie a pris au deuxième étage de notre immeuble à Dijon. Nous finissions de déjeuner dans notre appartement du troisième quand notre fils a identifié de la fumée dans sa chambre. Un rapide détour au deuxième étage pour constater les dégâts et la décision était prise de faire évacuer les 3 étages de l’immeuble. Quelques minutes plus tard, nous entendions le bruit des vitres qui éclataient.

Les pompiers ont lutté des heures durant.
Tout l’immeuble a été sinistré. La charpente, la toiture détruite en grande partie.

Notre assurance, la MAIF, et son expert, Union d’Experts Dijon ont été réactifs et présents dès le 1er jour. La MAIF assure la prise en charge de notre loyer pendant 1 an (échéance au 23 février 2022). Encore aujourd’hui, ils sont disponibles, communiquent, nous donnent les informations en leur possession.

À la suite du sinistre, nous avons été portés par les élans de générosité à notre égard (école, collège, amis, travail, inconnus...), un bel exemple de solidarité pour nos enfants.

C’est dans cet état d’esprit que les mois suivants nous avons fait confiance aux professionnels en charge de la gestion du sinistre, syndic Evendufou, expert des assurés cabinet Viricel, assurance de la copropriété Generali et son expert Elex Dijon, principaux intervenants.

L’immeuble a été couvert mi-mars (3 semaines après le sinistre) après de grosses pluies. Dans les semaines qui ont suivi le sinistre, la présence d’amiante a été confirmée.

Le 23 avril 2021, le syndic Even du Fou et le cabinet Viricel nous annonçaient la volonté de l’expert Elex de mener une RCCI (Recherche des Circonstances et Causes d’incendie).

Mon mari était en chimiothérapie le matin de l’incendie pour le traitement de son cancer métastasé. Son état s’est dégradé au cours de l’été 2021. Il a eu 45 ans le 18 septembre 2021. Durant plus de 2 mois, il a lutté, avec cette motivation « de ne rien lâcher » pour avoir le temps de « mettre sa famille à l’abri ».

La RCCI évoquée en avril a eu lieu le 24 novembre 2021. Mon mari est décédé le 02 novembre 2021. Il a fallu à l’expert Elex 9 mois pour organiser cette RCCI : 9 mois entre l’incendie et la RCCI, 7 mois entre la réunion d’avril et la RCCI.
Mois au cours desquels nous avons demandé des informations, des points d’avancement sur le désamiantage, la date de la RCCI, le début des travaux, les charges...

Mon mari a vécu ses derniers mois avec la maladie, mais aussi le stress lié au sinistre. Il avait essayé de passer une sorte de contrat peu après l’incendie avec son oncologue : « aidez moi à me battre il faut que nous réintégrions notre appartement ».
Il avait la crainte que ce sinistre soit un poids pour nous après son départ, se rajoutant à tout ce qui est engendré par la perte d’un être cher, pilier d’une famille de deux enfants de 11 et 14 ans.
Ces adolescents en devenir ont vu leurs biens, leurs souvenirs partir dans de grandes flammes et quelques mois après leur papa. Aujourd’hui ils voient leur maman « happée » par les démarches.

Le 9 décembre 2021, nous avons demandé le retour de la RCCI. Des réponses nous sont parvenues mi décembre : une nouvelle RCCI est demandée. Ce 26 janvier 2022 nous n’avons pas de date pour cette 2e RCCI, nous n’avons pas d’informations écrites sur les modalités de prise en charge de nos loyers à partir du 23 février 2022.

Nous n’avons que notre colère, nos inquiétudes sur nos avenirs respectifs. Nous n’avons pas de perspectives, pas d’échéances sur lesquelles accrocher notre espoir. Nous aurions surtout besoin de pouvoir nous projeter pour avancer, pour faire des projets, pour vivre et reconstruire nos vies malmenées au cours de l’année 2021.

J’interpelle donc tous les experts, les professionnels des assurances, etc en charge de ces dossiers. 9 mois pour vous dans un dossier c’est « rien » mais 7 mois dans la vie de « vos » sinistrés, dans leur contexte de vie ce peut être « tout ». Pour mes 3 voisins d’un âge certain (80, 83, 89 ans) certains touchés par la maladie, pour mes enfants, pour moi, c’est un certain apaisement, une certaine paix qui nous sont refusés...



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