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Retour sur le procès des militant·es d’Extinction Rebellion Dijon



Ce mercredi 16 août 2023, à 13h30, 7 rebelles d’Extinction Rebellion étaient covoqué·es au tribunal correctionnel de Dijon pour avoir effectué une action de désobéissance civile non violente le 10 mai dernier. À cette date, 8 personnes ont été arrêtées, ont fait de la garde à vue et 7 militant·es ont été perquisitionné·es et déféré·es au Tribunal (42 heures de détention pour ces derniers) pour avoir projeté de la peinture sur les façades et mis hors service quelques heures - avec de la colle - les distributeurs de trois agences BNP.

Raisons de l’action

Nous affirmons la légitimité de l’action et la disproportion de la réponse judiciaire – symptôme d’une dérive autoritaire de l’État envers le mouvement écologiste et toute action critique de l’ordre dominant. Ce texte présente les motifs de l’action, la décrit, ainsi que la répression qui a suivi.

BNP Paribas est le 11e financeur mondial d’énergies fossiles. Avec la Société Générale et le Crédit Agricole, BNP Paribas soutient notamment TotalEnergies qui mène le projet EACOP – cet oléoduc qui, s’il est construit, balafrera des écosystèmes et villages d’Ouganda et de Tanzanie sur 1444 km, dans le but de transporter 216 000 barils de pétrole par jour. Il comprend notamment l’expropriation de 100 000 personnes. ​​​​​​​Ce projet est le paroxysme du mépris du vivant par le monde de la finance fossile. Or, la trajectoire actuelle de réchauffement climatique devrait causer dès 2050 (+2°c) la migration d’un milliard d’êtres humains vivants dans des zones côtières, d’au moins autant vivant dans des zones chaudes et humides (par ex., en Inde), et menace les productions agricoles y compris en Europe. Les pratiques de BNP Paribas et TotalEnergies sont meurtrières. Littéralement. Les personnes informées ont le devoir d’alerter leur concitoyen·ne·s et de faire pression sur les décisionnaires.

Déroulé de l’action

L’action dijonnaise - s’inscrivant dans une action nationale de dénonciation - a consisté à vider un extincteur rempli de peinture noire sur la façade d’une agence, d’y inscrire au sol et sur les murs « STOP EACOP » et « Carnage Total », ainsi qu’à coller des affiches avec des explications et un QR à flasher (pour celles et ceux qui souhaiteraient plus de détails). De plus, de la colle a été insérée dans la fente de certains distributeurs de billets, les entravant de manière temporaire. La peinture noire symbolise le pétrole, et la façade salie des agences reflète l’état de propreté réelle de leurs investissements – revendiqués « verts » (greenwashing).

La réponse judiciaire

Au moment de l’action, l’une des agences de la BNP était déjà surveillée par la police, qui a attendu que les activistes agissent pour les interpeller. Dans le cas d’une autre agence, les rebelles ont été suivi·es via les caméras de surveillance avant d’être appréhendé·es. Au total, 7 personnes ont été placées en garde à vue le 10 mai au soir.

Après quelques heures en cellule, chacune des personnes arrêtées s’est vue informée de la perquisition de son domicile. Rendons-nous compte : des jeunes non-violent·es conduit·es par la police dans leur rue en plein jour, les mains attachées dans le dos, sous les regards médusés du voisinage. Les serrures de deux d’entre eux ont même été percées - récupérer les clés ayant été jugé trop chronophage. En parallèle, des agents de police ont trouvé bon d’interpeller, sans préciser le motif, une personne assise en terrasse. À noter également, les droits non respectés à voir un médecin pour l’une des militantes dont la main s’est surinfectée.

Six heures plus tard, le jeune homme interpellé arbitrairement était libéré sans poursuite et la décision était prise que les 7 autres seraient déferré·es au tribunal judiciaire le lendemain. Ainsi, c’est après une deuxième nuit en cellule, un transfert menottes aux mains et 5 heures d’attente au tribunal – en cellule à nouveau – que les 7 citoyen·nes ont appris leur contrôle judiciaire : iels devront pointer au commissariat de Dijon, plus ou moins fréquemment selon le cas et ont l’interdiction de se côtoyer les un·es les autres, le tout jusqu’au procès 3 mois plus tard !

Le jour du procès

​Les 7 militant·es​​​​​​ ont reçu le soutien de nombreuses organisations et personnalités. Certaines ont même accepté de prendre la parole publiquement devant le tribunal 2h avant le procès. On retrouve notamment :

  • Extinction Rebellion Dijon ;
  • Julia Steinberger, coautrice principale du volet 3 du dernier rapport du GIEC, témoin à l’audience ;
    ​- La Ligue des Droits de l’Homme Dijon ;
  • Les Amis de la Terre Dijon ;
  • L’association populaire ;
  • Attac 21 ;
  • Les Soulévements De la Terre Dijon.
  • L’illustratruce Louise Plantin était également présente et a permis d’immortaliser les différents moments du procès (insta : louise.plantin).
    ​​​​​​​​​​​​​​​​Afin que l’évènement soit accueillant, les membres d’Extinction Rebellion ont préparé une cantine à prix libre et un évènement artistique où des Red Rebels ont défilé en silence après les prises de parole, symbolisant le sang de tous les êtres vivants, celui qui nous unit entre espèces.

​L’audience du procès ​​​​​​a commencé à 17h30 et a duré 3 heures.
Après un rappel des faits, les prévenu.es ont pris un.e par un.e la parole pour expliquer leur motivation. Leur émotion était vive et s’est ressentie à travers leurs récits.
Julia Steinberger est également venue témoigner. Elle a expliqué notre sortie définitive de l’holocène (condition climatique rendant possible la vie humaine sur Terre) et a rappelé l’urgence climatique à travers les derniers évènements météorologiques extrêmes et les prévisions scientifiques pour le futur. Au questionnement de l’avocate de la partie civile, elle a également rappelé qu’un monde sans énergie fossile est possible et que toutes les solutions sont clairement décrites dans le dernier rapport du GIEC.
Lucie Pinson, fondatrice de Reclaim Finance et Prix Goldman 2020 (équivalent du prix nobel de l’environnement), avait également enregistré une vidéo qui a servi de pièce aux juges. Dans cette dernière, elle présente les liens entre la BNP Paribas et le financement des énergies fossiles.

​​​​​​Concernant le jugement, les avocats des prévenus ont obtenu une partie importante de leurs demandes : refus du préjudice moral de la BNP Paribas, requalification de l’infraction en contravention pour dégradation légère (à la place de dégradation lourde). Des amendes de 1000 à 1500 euros avec sursis total et une dispense de casier B2. Néanmoins les activistes ont été jugé.es coupables et 3 d’entre elles devront payer 6700 euros de dommages et intérêts et frais d’avocats à la banque pour les dégradations légères à la peinture place Darcy.

Changer ou disparaître

Extinction Rebellion apporte tout son soutien aux 7 militant.es de Dijon dont l’action était légitime et pour le bien commun. Une cagnotte en ligne reste ouverte (https://www.cotizup.com/xr-dijon-vs-fossiles) pour leur permettre de financer leurs frais de défense. Tant que nos revendications ne seront pas appliquées, nous continuerons à agir de manière non violente, pour un monde viable.

Nous exigeons :
1/ La reconnaissance de la gravité et de l’urgence des crises écologiques actuelles et une communication honnête sur le sujet.
2/ La réduction immédiate des émissions de gaz à effet de serre pour atteindre la neutralité carbone en 2025, grâce à une réduction de la consommation et une descente énergétique planifiée.
3/ L’arrêt immédiat de la destruction des écosystèmes océaniques et terrestres, à l’origine d’une extinction massive du monde vivant.
4/ La création d’une assemblée citoyenne chargée de décider des mesures à mettre en place pour atteindre ces objectifs et garante d’une transition juste et équitable.
Extinction Rebellion Dijon



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