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Dijon Métropole se paie une étude à 200 000 € pour recenser et protéger les espaces de nature en ville



Au Conseil Métropolitain de ce jeudi 15 décembre, François Rebsamen et Pierre Pribetich, vice-président à l’urbanisme, présenteront un rapport visant à approuver le lancement d’une « étude de recensement et de protection des espaces verts » pour une durée de 2 ans et un budget de 200 000 €.

En juin dernier, le même Pierre Pribetich affirmait à des représentants d’habitants, que « le moindre terrain disponible est à urbaniser ». « Le moindre » terrain, cela signifie qu’il veut bétonner « TOUS » les terrains et « JUSQUAU PLUS PETIT » d’entre eux. Et à chaque interview il déroule sa rengaine : « construire, construire, construire », jusqu’à la provocation qu’il aime bien : « des grues il n’y en a pas encore assez ».

C’est clair : d’un côté ils bétonnent la ville à tout-va, de l’autre ils jurent la main sur le cœur vouloir préserver la nature en ville. Contradiction, incohérence et cynisme absolu, voilà ce qui décidément caractérise le tandem de bétonneurs Rebsamen-Pribetich.

Bétonner tous les terrains encore disponibles, voilà donc leur projet depuis plusieurs années à Dijon et sur la métropole, avec une nette accélération depuis 2019, favorisée par un PLUi-HD (Plan Local d’Urbanisme intercommunal Habitat et Déplacements) aux objectifs de constructions trop élevés et aux règles trop permissives.
Cette logique mène progressivement à un véritable saccage de la nature en ville, à la fois par les nombreux « sites de projets » où les immeubles remplacent la végétation spontanée, et par une densification de nombreux quartiers pavillonnaires dans lesquels la hauteur autorisée à 9 ou 12 m (qui n’est pas limitée à 7 m dans toute la zone pavillonnaire comme l’affirme Rebsamen) permet à des promoteurs peu scrupuleux de raser 2 ou 3 maisons pour planter un immeuble, détruisant la trame jardinée de ces quartiers, qui constitue une part très importante des espaces verts diffus en ville.

L’argument du besoin de logement, récité comme un mantra, n’est plus audible pour justifier ce désastre. D’autant plus que les objectifs de construction fixés par le PLUi-HD sont très largement dépassés. Dans une étude versée à l’enquête publique de modification du PLUi-HD en 2021, l’atelier citoyen d’urbanisme alternatif « UrbAlter » a recensé et suivi l’exécution de tous les permis de construire délivrés sur le territoire métropolitain. Cette analyse montre que pour la période 2019-2021, la production annuelle de logements neufs dépasse de 65% l’objectif annuel moyen du PLUi-HD. Grave surchauffe qui confirme le sentiment diffus partagé par tant de Dijonnais.es de voir leur ville couler sous le béton.

Le rapport qui sera soumis aux élus ce soir explique que « le PLUi-HD protège les principaux espaces verts urbains et ruraux de la métropole », mais que « certaines des protections du règlement d’urbanisme peuvent être inadaptées aux enjeux actuels de conservation des espaces de nature en ville, ou être parfois inexistantes, donnant la possibilité aux propriétaires des masses boisées concernés de les défricher sans aucune autorisation préalable. »

Mais ce PLUi-HD, effectivement trop peu protecteur des espaces de nature en ville, c’est bien Rebsamen et Pribetich qui l’ont voulu et fait voter. Les Dijonnais.es s’étaient très largement opposés à leur projet, à travers l’enquête publique, en demandant moins de béton et plus de nature en ville. Hélas sans être entendus.

Pour justifier cette nouvelle étude longue et très coûteuse, le rapport explique également que « l’absence de connaissance fine des caractéristiques et de la qualité des espaces verts identifiés ne facilite pas l’instruction des permis de construire. »
La grosse blague. Décidemment ils prennent les Dijonnais.es pour des imbéciles !
Les espaces verts sont très facilement identifiables en ville, il suffit d’ouvrir grand les yeux.
Les images aériennes et photos satellite, très facilement accessibles, permettent aussi une identification précise des espaces végétalisés.

En fait, cette évocation de la « qualité des espaces verts identifiés » nous fait craindre le pire : l’étude aurait donc pour objet de faire le tri entre les espaces verts de « bonne qualité », à préserver, et ceux de « mauvaise qualité » qu’on pourrait continuer à saccager ?

En réalité, les études ne sont d’aucune utilité s’il n’y a pas d’abord une volonté politique forte et claire de préserver le peu d’espaces de nature qu’il reste encore en ville.
Or, au-delà des déclarations d’intention et des discours lénifiants, il est évident que cette volonté est absente, et que la politique d’urbanisme mise en œuvre traduit un projet radicalement inverse, consistant à couler Dijon sous une grande dalle de béton, avec l’artificialisation programmée de l’équivalent de 670 terrains de football entre 2020 et 2030.

Dans un petit couplet écolo, le rapport explique que « dans un contexte de transition climatique et de sobriété énergétique, les espaces verts arborés ont un rôle central à jouer en matière de régulation du micro-climat urbain. Ils permettent la création d’îlots de fraîcheur et constituent ainsi des atouts précieux pour lutter contre les îlots de chaleur urbains. Le bénéfice est double : pour la biodiversité mais aussi le bien-être et le cadre de vie des habitants ».
Comme c’est beau ! Soudainement, le duo de bétonneurs aurait vu la lumière et enfin compris l’urgence de faire marche arrière et de préserver ce qui reste à sauver ? Pribetich est-il prêt à reconnaître que « le moindre terrain disponible est à préserver et végétaliser » !? Pfff….

Enfin ils nous servent le couplet de la « démarche participative » désormais mise à toutes les sauces, en promettant que « les habitants et les associations de défense des quartiers et/ou de l’environnement seront invités à s’exprimer et à contribuer aux différentes étapes de la mission d’étude ».
Rebsamen nous avait déjà fait le coup de la prise de conscience écolo et de la participation citoyenne, il y a 2 ans (le 3 décembre 2020) en annonçant qu’il allait demander aux habitants eux-mêmes de l’aider à identifier les espaces verts à protéger :

« Je vais proposer au Conseil municipal une démarche originale. Je vais demander aux conseils de quartiers avec les élus, d’aller dans les quartiers recenser les maisons remarquables (…) celles qui ont aussi un environnement vert remarquable, à savoir un grand terrain avec des arbres protégés ou des arbres non protégés mais qu’il faudrait protéger, et [ils] nous indiqueront les maisons qu’on ne pourra plus vendre à des promoteurs (…) pour y construire des immeubles, afin de préserver non seulement la maison mais également l’espace vert qui est autour. »

Si on attend toujours sa « démarche originale », ça n’a pas empêché de très nombreux Dijonnais.es, souvent organisés en association ou collectif, de l’alerter régulièrement sur des espaces de nature à sauvegarder, partout en ville, contre des projets immobiliers destructeurs. Avec toujours des réponses méprisantes aux habitant.es, et la main tendue aux promoteurs.
Ah non c’est vrai, il y a eu le minuscule square Samuel Paty, désormais brandi comme symbole du virage écologique du Maire. C’est pathétique, mais surtout dramatique.

On profite de l’occasion pour rappeler à Rebsamen que les berges et la plaine du Suzon constituent précisément un des derniers espaces de nature en ville, le plus vaste même (3 hectares), qu’il faut donc préserver de toute urbanisation. C’est l’objet de la RUBS (Réserve Urbaine de Biodiversité du Suzon), créée le mois dernier par décret-citoyen à l’initiative du collectif « Sauvons les berges du Suzon ».

Nul besoin d’une étude à 200 000 € pour identifier ce site comme espace de nature en ville à protéger ! S’il a un minimum de cohérence, le Maire doit immédiatement renoncer à vendre ces terrains aux promoteurs, et refuser de délivrer le moindre permis de construire. Puis préempter les parcelles privées du site, pour constituer et sanctuariser la RUBS.
Petite lueur d’espoir lors de la réunion sur le projet métropolitain à Quetigny, lundi dernier ? Interpellé sur le Suzon, Rebsamen a répondu : « Bien sûr que les berges du Suzon seront protégées, bien sûr qu’il n’y aura aucun arbre abattu. » On a arrêté de le croire sur parole, mais nous saurons le rappeler à cette promesse faite devant de nombreux témoins et enregistrée.

Monsieur le Président de Dijon Métropole, si avec votre étude vous pensiez faire diversion pour que les regards se détournent du Suzon, c’est raté ! Arrêtez donc de suivre votre ami Pribetich dans son rêve de couler Dijon sous le béton, vous y perdrez votre âme.
Ecoutez plutôt les Dijonnais.es qui sont si nombreux à vous demander d’arrêter de saccager la nature en ville.
N’attendez pas les résultats d’une étude de 2 ans pour agir enfin ; à cette échéance Pribetich et les promoteurs auront abattu le dernier arbre !

Le collectif Sauvons les berges du Suzon



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